ASSASSINAT : Amady Bâ alias Sadio condamné à 15 ans de travaux forcés

Alors qu’il avait un passé pénal sombre, Amady Bâ alias Sadio s’est illustré encore en ôtant la vie à El Hadji Sow dit Malick. Cet assassinat lui a valu d’être condamné par la Cour d’assises de Thiès à 15 ans de travaux forcés.

C’est un corps sans vie que les gendarmes ont trouvé gisant dans une mare de sang, le 13 juillet 2006, à Touba Ndindy. La victime, El Hadji Sow plus connu sous le prénom de Malick, avait à ses côtés un couteau entaché de sang, mais qui était dans son fourreau. Plus loin, un gourdin était dissimulé dans les buissons. Les enquêteurs, à force d’investigation, réussirent à mettre aux arrêts Amady Bâ alias Sadio, quelques instants plus tard. Le bonhomme avait été arrêté alors qu’il tentait de prendre la fuite. Et c’est sans beaucoup de peine qu’il reconnut avoir abrégé la vie d’El Hadji Sow. Sadio a un passé pénal lourd, il est notoirement connu pour ses démêlées avec la police et la gendarmerie, a été impliqué dans des histoires de vol de bétail, de cambriolages, de braquages à plusieurs reprises. D’ailleurs, il était activement recherché par les gendarmes pour une agression commise sur le nommé Saliou Mbaye qui s’en était tiré avec des doigts tranchés. Son séjour à la prison de Diourbel ne l’a pas assagi à sa sortie. Au contraire, il signa encore un autre cambriolage. Après ce dernier coup, El Hadji Sow alias Malick, un collaborateur des forces de sécurité et membre du comité de vigilance, se lança à la recherche du délinquant. Il se présenta un jour chez Sadio, mais ne le trouva pas sur place. Informé du passage de Malick, Sadio se lança à son tour à la recherche du visiteur. Et lorsqu’ils se retrouvèrent nez-à-nez, Sadio demanda au collaborateur des gendarmes la raison de son passage à son domicile. Mais, avant même qu’il ne répondit à la question, il l’assomma à l’aide d’un gourdin en lui administrant plusieurs coups sur une partie vitale du corps. Le médecin légiste fait état dans le certificat de genre de mort de plaies au thorax et à la cuisse droite, de deux doigts sectionnés entraînant une forte hémorragie.

Accusé d’assassinat, Sadio déclare à la barre de la Cour d’assises que le défunt l’avait injurié tout en le menaçant avec un coupe-coupe. « J’ai paré le coup puis je lui ai administré deux coups de coupe-coupe », se justifie-t-il. Sadio s’est permis de raconter des contrevérités lorsqu’il soutient avoir vu Malick empoigner son épouse Hawa Bâ. Celle-ci n’en a fait même pas cas dans son témoignage. D’ailleurs, elle précise qu’elle n’a plus revu son époux depuis qu’il a quitté le domicile ce jour-là. Décrit dans l’enquête de moralité comme un personnage sournois, nerveux et violent, l’accusé avait la volonté de tuer, déclare l’avocat général Ndiaga Yade. Pour la répression, il requiert 20 ans de travaux forcés. L’avocat de l’accusé, maître Léocadie Samade, a invité la Cour à ne pas tenir compte de l’enquête des gendarmes qui, dit-il, ont pris fait et cause pour leur défunt collaborateur. Le défunt était un indicateur bien connu de la zone de Touba Ndindy, dit-il. « On ne peut pas être juge et partie », ajoute l’avocat de l’accusé. Me Léocadie Samade déclare qu’il ne s’agit que d’allégations non fondées en faisant de Sadio un membre d’un gang de malfaiteurs. L’avocat a invité la Cour à disqualifier les faits en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Mieux, Me Samade a même plaidé l’excuse de provocation. La Cour ne l’a pas suivi, elle a déclaré Amady Bâ coupable d’assassinat et l’a condamné à 15 ans de travaux forcés et à payer huit millions de francs au total aux deux veuves de la victime. Il était en détention préventive depuis le 18 juillet 2006.