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AU CHEVET DES ETUDIANTS ET ELEVES BLESSES A L’HOPITAL PRINCIPALA : Mademba Sané, Samuel Diatta, la bavure a un nom

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AU CHEVET DES ETUDIANTS ET ELEVES BLESSES A L’HOPITAL PRINCIPALA : Mademba Sané, Samuel Diatta, la bavure a un nom

Moins d’un mois après la commémoration du 5e anniversaire du meurtre de l’étudiant Balla Gaye, tué à bout portant le matin du 31 janvier 2001, d’une balle (policière), l’histoire semble se répéter de fort affreuse manière. «Touché d’une balle» aussi, depuis le 20 février dernier, date d’affrontements entre étudiants et forces de l’ordre à Saint-Louis, Mademba Sané, disciple à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, plane dans les ténèbres d’un coma, amputé d’une jambe qu’il est. Parqués aussi au service d’Orthopédie de l’hôpital Principal de Dakar, ses parents et amis courent derrière une incertaine évacuation en France par l’Etat, qui semble se muer dans un mépris total.

La balle policière a encore sifflé pour faire une victime dans le milieu universitaire : Un étudiant. Mademba Sané, 27 ans, inscrit en Licence de Droit à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. A l’Hôpital Principal de Dakar (Hpd) où il est admis depuis son évacuation sur Dakar, suite à de graves blessures qui lui ont coûté sa jambe gauche, les entrées sont filtrées avec minutie. Au service d’Orthopédie de la structure hospitalière, le jeune homme souffre. Ayant sombré dans la torpeur de l’inconscience, il se débat contre les anges de la mort, dans une veine recherche de ses facultés perdues, il y a sept jours. Le fils de Néné Badji vit dans les méandres d’un profond coma.

Des dispositions draconiennes sont prises au département de l’Usic R4 où il est interné, pour éviter toute fuite d’informations sur un malade en état piteux... C’est pourquoi, lundi dernier, à l’heure habituelle des visites (19 heures), les portes de ce service sont restées fermées, face à des étudiants venus s’enquérir de l’état de santé de leur camarade blessé. Sans aucun interlocuteur, une marrée de personnes, disposées par groupuscules et par affinités, attend le moindre feu vert du personnel de santé astreint à une aphonie totale.

Ce qui n’est pas sans créer l’étonnement général : «C’est étrange ! Qu’est- ce qu’ils veulent cacher aux gens ?», s’étonne-t-on, en chœur, après 30 minutes d’attente ponctuées sans aucune information sur les raisons de cette situation peu ordinaire. Une grogne généralisée s’en suit, surtout chez les accompagnants des autres internés. Et, les explications ne manquent pas pour interpréter la méfiance des hommes en blouse blanche. Exposés au risque d’un forcing, ces derniers reviennent sur leur décision pour autoriser les visites.

Derrière deux portes en fer du bloc Usic R4 qui, pendant un bon bout de temps, ont tenu les visiteurs bien loin de leurs malades, un très long couloir ouvre des brèches latérales sur une panoplie de cabines. Des salles de réanimation. La première sur la gauche dépassée, l’essentiel du groupe d’individus s’immobilise devant une vitre. «C’est là !», indique Ousmane Goudiaby, un camarade au chevet de Mademba Sané depuis son arrivée. C’est le bloc qui va drainer le plus de monde. «C’est celui de l’étudiant amputé d’une jambe», souffle-t-on en catimini. Une meute humaine s’y forme très vite, chacun voulant voir la plus sérieuse victime des agissements sanglants des forces de l’ordre.

En arrière plan d’une vitre à dimensions assez larges qui le sépare de sa famille, dont sa maman, des camarades étudiants, le jeune homme est affalé, inerte sur son lit. Emmailloté d’un drap blanc fort maculé. Pas un seul signe de sa part pour traduire un quelconque sentiment. Ses yeux, fixés sur le plafond de sa petite cabine à entrée interdite, offrent une blancheur à camoufler sa pupille noyée dans le lobe de l’œil. Une multitude de tubes, raccordés à un moniteur, se promènent le long de son corps, et dissimulent mal sa jambe gauche amputée à hauteur du genou. Un film de mauvais goût, qui va très vite plonger tout ce beau monde dans une ambiance de cimetière renforcée par l’odeur ambiante d’éther. Des sanglots ne vont pas tarder. Une femme d’âge mûr, présentée comme une proche de Mademba Sané, fond en larmes et crée un déchaînement presque collectif. Des moments durs à vivre. «Pourquoi ne l’évacuent-ils pas ? Il va mourir s’il reste là», lance un jeune étudiant, choqué.

SILENCE ELOQUENT

Il doit bien y avoir une raison à la méfiance du personnel du service d’Orthopédie de l’Hpd, qui oppose le silence aux diverses interpellations des étudiants, amis et parents du jeune Mademba Sané. Ousmane Goudiaby, lui, s’est fait une religion. Le jeune homme révèle que dans l’ambulance qu’il a partagée avec son camarade aux premiers instants du drame, celui-ci lui a fait des confessions avant de plonger dans le coma. «C’est une balle qui l’a atteint, plutôt que des débris de grenades comme veulent le faire croire les autorités policières. C’est Mademba même qui me l’a affirmé avant de sombrer dans un coma profond, lundi dernier», confie-t-il.

D’ailleurs, des étudiants saint-louisiens présents sur place confirment être en possession de la douille de cette munition qui a transgressé le genou de leur camarade. Ces derniers affirment aussi que les autorités, sachant qu’elles n’ont guère intérêt à ce qu’un remake de l’affaire Balla Gaye soit dévoilée par la presse à l’opinion publique, tentent d’étouffer l’existence à l’Hpd d’un étudiant atteint par une balle et plongé dans un coma. C’est ce qui explique, selon eux, l’interdiction de l’accès aux journalistes.

La promesse, faite par le président de la République d’évacuer en France tous les blessés graves, avait soulagé à moitié les parents et amis du jeune étudiant. Mais, depuis lors, c’est un jeu de ping-pong. Autorités et responsables médicaux se renvoient le pouvoir décisionnel concernant l’évacuation de Mademba Sané, indique-t-on.

Depuis son arrivée, lundi dernier de Saint-Louis, à bord d’une ambulance spéciale, le jeune étudiant qui devait, comme prévu, être acheminé en France, conformément aux promesses du chef de l’Etat, a été retenu au service des urgences de l’Hpd. La raison ? «Il ne peut pas être évacué dans un état aussi dégradant», avait déclaré le médecin consultant à ses parents. D’ailleurs, c’est ce médecin même qui a décidé de lui amputer la jambe gauche après diagnostic.

Une opération effectuée de façon très rapide, selon nos interlocuteurs. Et, depuis ce jour, le bonhomme demeure dans une situation très inquiétante. «Aujourd’hui, son état est encore très critique. Il est inconscient», se lamente sa maman, Néné Badji, en pleure. D’un ton pessimiste, la dame présente ses vœux les plus authentiques à l’Etat et à son chef, en particulier : «C’est mon fils aîné ! Un brave garçon… Tout ce que je souhaite, c’est qu’on l’évacue, car son état de santé n’a pas connu d’évolution positive», lâche-t-elle. A peine, entre deux larmes.

 

 



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