Bamba NIANG aux enquêteurs : ‘Je n'ai pas violé le secret de l'instruction’

Le passage du Premier substitut du procureur de la République aux fins d'apposer ses observations sur le pré-rapport de l'Inspection générale de l'administration de la justice s'est transformé en passe d'armes. Accusé d'avoir violé le secret de l'instruction dans le dossier opposant Mohamed Guèye à Momar War Seck (lequel a donné lieu au sacandale de la corruption), Bamba Niang a opposé des reparties acerbes aux enquêteurs.

L'ambiance était électrique, mardi dernier, lors du passage du 1er substitut du procureur de la République, Cheikh Bamba Niang, devant les enquêteurs de l'Inspection générale de l'administration de la justice (Igaj). Convoqué aux fins d'apposer ses observations sur le pré-rapport élaboré par l'inspection, ce dernier, selon des sources proches du dossier, s'est vu bomarder de questions qui n'ont rien à voir avec ce qu'on lui reprochait au départ, c'est-à-dire qu'il aurait reçu des pots-de-vin dans le cadre du dossier opposant Mohamed Guèye à Momar War Seck. En effet, révèlent nos interlocuteurs, les inspecteurs lui ont reproché d'avoir violé le secret de l'instruction en portant les termes dudit dossier à la connaissance de l'avocate générale, Aminata Mbaye, alors que cette dernière n'était, en rien, concernée par cette affaire. Des accusations qui ont dépité le jeune procureur qui aurait opposé des répliques acerbes aux enquêteurs. Malgré tout, ces derniers, confient nos sources, ont persisté dans cette voie comme pour essayer de le pousser au bout du rouleau, avec l'espoir de lui tirer les vers du nez. Mais, Bamba Niang s'était vite résaisi, comme s'il avait senti le piège. Il prend alors le parti de convaincre ses interlocuteurs par des arguments.

C'est ainsi qu'il révèle aux inspecteurs, selon nos interlocuteurs, qu'il n'a jamais soumis le dossier à Aminata Mbaye. Parce qu'il n'avait pas le dossier en question en sa possession, leur aurait-il répondu. De dossier, aurait-il ajouté, il n'avait qu'une note en cours de délibéré que lui aurait transmise l'avocat de la partie civile. En effet, à ce stade de la procédure, l'avocat de la partie civile adresse une note en cours de délibéré au tribunal avec ampliation au parquet. C'est ce document, indiquent nos sources, que Bamba Niang a dit avoir montré à l'avocate générale. Et c'était pour attirer l'attention de cette dernière, qui dit être un proche parent du prévenu Momar War Seck, sur la contradiction qu'il y aurait entre deux lettres provenant d'une même dame qui s'est constituée partie civile dans ce dossier.

Les enquêteurs avaient, pourtant, débuté leur interrogatoire par des questions relatives à l'histoire des pots-de-vin. Mais, soulignent nos sources, le sujet sera vite évacué du fait des réparties, sans atermoiement aucun, du premier substitut du procureur de la République. A la question de savoir s'il a reçu de l'argent de la part de l'avocate générale, Aminata Mbaye, Bamba Niang nie, sans ambages. Et, malgré l'insistance des inspecteurs, indiquent nos interlocuteurs, sa réponse ne variera pas et se limite à un non catégorique. La muraille de Chine avait ainsi fini de se dresser. Bamba Niang affichait un stoïcisme déconcertant. Les enquêteurs avaient du mal à lui faire dire plus. C'est alors qu'ils ont glissé sur le terrain de la violation de l'instruction que l'intéressé a balayé d'un revers de main en s'appuyant sur des arguments juridiques.