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BIBLIOTHEQUE CENTRALE DE L’UCAD : Le phénomène du pillage des ouvrages

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BIBLIOTHEQUE CENTRALE DE L’UCAD : Le phénomène du pillage des ouvrages

Forte d’un demi-million de documents, la Bibliothèque centrale de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) est la principale source de documentation des étudiants et des enseignants-chercheurs. Elle est fréquentée en moyenne par près de 10 000 personnes par jour. Et malgré un système de surveillance assez sophistiqué et des menaces de sanctions contre les usagers fautifs, des dizaines d’ouvrages ou documents se retrouvent, tous les jours, amputés ou détériorés.

Dès 8h30, les portes de la Bibliothèque universitaire (BU) s’ouvrent à ses usagers. Chaque jour, ils sont quelque 10 000 personnes à prendre d’assaut et à envahir les différents rayons du plus grand centre de documentation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). A l’entrée, le visiteur exhibe sa carte de lecteur aux préposés à la sécurité. A droite, l’usager trouve un catalogue en ligne qui permet de consulter le fond de la bibliothèque riche de quelque 500 000 documents se rapportant à toutes les disciplines enseignées à l’Université ; aussi bien dans le domaine des sciences humaines et sociales que dans celui des sciences et de la technologie.
Cependant, du fait de leur rareté et du système de surveillance encore limité, certains ouvrages se retrouvent amputés de quelques-unes de leurs pages. Un vandalisme que regrette l’administration. «C’est un vrai phénomène ici à la Bibliothèque universitaire. Nous sommes en train de jouer sur la conscience des étudiants et usagers en leur exposant les ouvrages déchirés. Il y a également les ouvrages que l’on prête à des étudiants qui nous reviennent à moitié détériorés ou calcinés parfois. Certes, les livres ne sont pas en nombre suffisant, mais cela ne doit pas justifier pareil comportement, car ils doivent toujours penser à leurs jeunes frères et sœurs qui viendront après eux», explique Alioune Cissé, bibliothécaire au service de traitement des périodiques.
Chaque année, une cinquantaine d’ouvrages rejoignent le service technique pour réparation, selon l’ampleur de la détérioration. Par des procédés de conservation et de restauration, certains documents retournent aux rayons pour être, de nouveau, utilisés. «C’est un acte qui ne peut, en aucune manière, se justifier. Si on trouve des parties d’un ouvrage qui nous intéressent, on peut se les faire photocopier à moindre coût pour ne pas avoir à pénaliser ceux qui auront besoin de consulter l’ouvrage en question», pense Makhtar Mbengue, étudiant à la Faculté des Lettres. Son camarade Souleymane Sidibé trouve une explication à pareil comportement : «Je ne cautionne pas ce genre de pratiques regrettables, mais vu que certains étudiants n’ont pas les moyens, ils n’hésitent pas une seconde pour déchirer certaines pages de livre à défaut de pouvoir quitter la bibliothèque avec.»

Risque d’exclusion pour les fautifs
Ce genre de comportement que l’administration qualifie de «vol» ne va pas sans des sanctions à l’endroit des coupables. Une série de mesures existe, en effet, pour dissuader les malintentionnés. «Toute personne prise en train de déchirer les pages d’un ouvrage est directement conduite au commissariat. Sur le plan académique, elle peut être radiée», avertit Alioune Cissé. Il a encore en mémoire un étudiant pris en flagrant délit de vol. «Nous avons eu à saisir cinq ouvrages dans le sac d’un usager qui s’apprêtait à quitter la bibliothèque. Il a été traduit en justice par la suite.»
Cependant, l’administration mise sur la prise de conscience des usagers sur l’étendue des conséquences de la détérioration et de l’arrachement de certaines pages plutôt que d’infliger des sanctions exemplaires. «On essaye toujours de leur faire savoir qu’un ouvrage déchiré pénalise toute une génération d’étudiants», souligne M. Cissé. La bibliothèque centrale est dotée d’un système de surveillance moderne, à en croire le bibliothécaire qui n’a pas voulu entrer dans les détails. Tous les ouvrages exposés dans les rayons sont munis d’un code de référence (code-barre) détectable sous un portique électronique en cas de tentative de sortie frauduleuse.
 
1 700 places assises pour 10 000 visiteurs par jour
Malgré l’important nombre de visiteurs, un silence de cathédrale règne sur les lieux. La Bibliothèque universitaire est la principale source de documentation des étudiants, enseignants-chercheurs et professeurs d’université, ainsi que des particuliers appelés «lecteurs autorisés». L’édifice, entièrement automatisé et qui a un statut d’institut d’université, dispose de plus 1 700 places assises pour ses visiteurs. Les retardataires se contentent de transformer tous les espaces vides en sièges. «Pour pouvoir trouver une place confortable, il faut être là avant l’ouverture. Mais n’ayant pas l’habitude de me lever tôt, j’essaye de me trouver un coin pour faire mes recherches tranquillement», confie Abdoulaye Diagne qui prépare un exposé en Histoire.
La documentation disponible se présente sur support imprimé, électronique et audiovisuel. Un personnel, fort d’environ 70 personnes, dirige le bâtiment : une dizaine de conservateurs qui s’occupent de l’administration de la bibliothèque, une vingtaine de bibliothécaires et des commis chargés de les assister dans leurs tâches quotidiennes, des informaticiens, des secrétaires pour la saisie des cartes de lecteurs coiffés par une directrice. Les étudiants de l’Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes (Ebad), dont les locaux sont contigus à la BU, prennent le relais jusqu’à 22h, heure habituelle de la fermeture de la bibliothèque.

Des Facs peu servies
Face à une population estudiantine croissante (environ 60 000 aujourd’hui), les plus malicieux, soucieux d’avoir les ouvrages au programme en permanence, se trouvent un nid où cacher leur «trésor». Privant du coup leurs camarades de l’accès à certains documents. Les lundis matin sont consacrés au reclassement des ouvrages par section que des étudiants rangent mal. «Il arrive que des étudiants prennent des documents de Droit pour les classer en section Médecine et vice-versa. Il y en a aussi qui cachent des documents qui les intéressent dans des rayons. Ce qui fait que les lundis matin nous servent à remettre de l’ordre dans la bibliothèque», renseigne le chef du service de traitement des périodiques.
En fait, les ouvrages sont encore insuffisants pour la Faculté des Lettres et Sciences humaines (FLSH) et la Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSJP) qui comptent pourtant le plus grand nombre d’étudiants de l’université. Beaucoup de pensionnaires de ces deux établissements peinent à trouver des ouvrages figurant à leurs programmes. «Imaginez le nombre d’étudiants, par exemple, du département de Lettres Modernes qui doivent lire «L’Aventure ambiguë», alors que nous n’en avons que quelques exemplaires. Certains sont obligés d’aller se le procurer dans les librairies», relève Alioune Cissé. Pour se simplifier la tâche, Boubacar Bâ, étudiant au Département de Géographie, préfère faire ses recherches sur Internet à l’aide de son ordinateur portable. «Avec 100 FCfa, vous pouvez vous connecter toute la journée. Comme il y a certains documents disponibles en ligne, je préfère utiliser ma machine pour trouver les documents dont j’ai besoin», explique-t-il.

Les prêts d’ouvrage sont fonction du niveau d’études. Les étudiants du second cycle ont droit à 5 ouvrages, tandis que ceux du premier cycle et les enseignants-chercheurs se contentent de deux livres pour une durée de deux semaines renouvelables une fois. Cependant, les monographies, comme les Thèses et Mémoires, les documents de réserve, qui sont des documents rares ou uniques datant de plus d’un siècle, ne sont consultables que sur place à la réserve.
L’acquisition d’ouvrages se fait suivant les besoins des professeurs et les œuvres au programme. Mais elle reste liée en grande partie au budget de la bibliothèque qu’Alioune Cissé juge «assez limité» pour acheter l’ensemble des documents dont les étudiants et autres usagers ont besoin. En plus des achats, l’établissement reçoit des dons d’ouvrages. Ouverte onze mois sur douze, la bibliothèque n’est fermée que durant le mois d’août pour le recollement général et l’inventaire des ouvrages. Ce mois est aussi mis à profit pour installer un système de classification plus adapté. Seule la banque de prêt reste fonctionnelle pour permettre aux étudiants de venir récupérer leur quitus attestant qu’ils sont en règle avec l’administration de la BU



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