BLOCAGE DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE DE THIES PAR LES ENSEIGNANTS : Le Pr. Amadou Tidiane Bâ menace de fermer l’établissement

Face à la crise persistance à l’Ecole polytechnique de Thiès (Ept) due à l’intransigeance des enseignants de maintenir leurs cours le matin à 8 heures, l’Etat n’entend pas se laisser faire. Le ministre de l’Enseignement supérieur menace de fermer l’école si les enseignants ne s’accordent pas à faire les cours de la formation payante le soir.

L’Ecole polytechnique de Thiès (Ept) risque d’être fermée dans les prochains jours. C’est du moins ce qu’a soutenu, hier à Dakar, le ministre de l’Enseignement supérieur, des Centres universitaires régionaux (Cur) et de la Recherche universitaire.

Face à la presse, Amadou Tidiane Bâ a affirmé que l’Etat va procéder à la fermeture de cette école si « les enseignants campent sur leur position ». Amadou Tidiane Bâ affirme qu’en dépit des démarches entreprises pour mettre un terme à la crise, les enseignants ont maintenu leur décision de faire cours à partir de 8 heures pour toutes les formations, initiale comme payante. Une décision jugée, selon lui, « inacceptable pour le gouvernement ».

M. Bâ a précisé le gouvernement est favorable au maintien de la formation payante mais en cours du soir. Un avis partagé avec les élèves ingénieurs de la formation initiale. De l’avis du ministre, cette décision des enseignants est un « retour à la case départ », c’est-à-dire à la situation du début de la grève des élèves en décembre 2009.

Privatisation rampante des écoles

Amadou Tidiane Bâ reste intransigeant : « l’Etat ne cédera pas ». Et le ministre d’affirmer que les enseignants doivent mettre l’intérêt de l’école en avant et non « leurs propres poches », faisant ainsi allusion à la manne financière que génère cette formation payante à l’Ept. Car, chaque élève de la section payante s’acquitte de 150.000 FCfa de frais d’inscription. La mensualité varie entre 80.000 et 90.000 FCfa par élève sur un effectif de près de 400 étudiants. Autant dire, a indiqué le ministre, que c’est une affaire « de gros sous » derrière cette situation de l’Ept.

Amadou Tidiane Bâ a rappelé que l’Etat prendra « ses responsabilités si le fonctionnement de l’école continuait à être bloqué ».

Au-delà du désaccord horaire qui oppose enseignants et élèves de l’Ept, cette perturbation est principalement due, selon le ministre, à la fonction de service. Une activité rémunérée qui permet aux établissements de collecter des fonds supplémentaires en dehors du budget de l’Etat. Seulement, de l’avis de M. Bâ, cette activité a conduit à « de graves dérives » faisant perdre aux établissements comme l’Esp de Dakar et l’Ept « leur caractère public », les enseignements privés y étant dominants. De même que les effectifs de la formation payante. Sur un effectif global de 3.600 élèves à l’Esp et à l’Ept pour la formation payante, 600 élèves ont été reçus par voie de concours à l’Esp et 244 à l’Ept. Pour le ministre, cela n’est rien d’autre qu’« une forme de privatisation rampante à laquelle il faut mettre fin ».

A son avis, cette fonction de service a besoin d’être « encadrée », suggérant que « toute initiative allant dans ce sens soit l’objet d’un contrôle par la direction de l’Enseignement supérieur ».