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CHANTIERS SUR LA CORNICHE, AUTOROUTE A PEAGE: El Hadj Ameth Diène, ancien maire et chef coutumier lébu évoque une menace occulte

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CHANTIERS SUR LA CORNICHE, AUTOROUTE A PEAGE: El Hadj Ameth Diène, ancien maire et chef coutumier lébu évoque une menace occulte

 

Selon des sources officieuses, quelques tombes du cimetière de Soumbédioune devraient être déplacés pour les raisons des travaux d’élargissement et d’embellissement de la Corniche. Vendredi dernier, commentant le projet des travaux de la Corniche, Elh Ameth Diène, ancien maire socialiste et notable lébou, est revenu sur les raisons du refus des parents des morts enterrés là. A l’en croire, ce n’est pas évident qu’il ne reste que des ossements même si le cimetière est fermé depuis 1974. (Source : Grand Place)

Grand-Place : On dit qu’il est possible de déplacer certaines tombes du cimetière de Soumbédioune vu qu’il ne reste que des ossements ?

Ameth Diène : Le problème ne se situe pas à ce niveau. Il y a vingt ans, on a exhumé la dépouille encore intacte d’un membre de la famille omarienne. Et on a pu emmener les restes au Fouta. Parfois, lors des défrichages du cimetière, il nous arrive de voir des ossements, mais aussi des corps restés intacts.

G.P : Pensez-vous qu’il soit possible de procéder par une déviation pour épargner le cimetière ?

A.D : Bien sûr ! Il est possible de contourner la nécropole. Ce ne serait pas la première fois qu’on dévierait un projet pour contourner certains sites sacrés. Pour preuve, du temps du président Abdou Diouf, l’élargissement de l’avenue Blaise Diagne, devait toucher la maison de feu Serigne Abdoul Aziz Sy. Mais on a attiré l’attention du président Diouf sur le fait que cette extension allait faire disparaître les maisons des marabouts Serigne Abdoul Aziz Sy et de Serigne Modou Moustapha Mbacké. Le président en a tenu compte et ces deux maisons de guides religieux ont été épargnées. En ce qui concerne les travaux envisagés sur la Corniche, ce qu’on appelle route n’en est pas une, car sa largeur ne devrait même pas dépasser plus de cinq mètres. Si cinq mètres veulent créer une polémique, autant dévier et racheter les maisons environnantes.

G.P : Et si l’Etat maintient son intention de déplacer des tombes ?

A.D : Quand les gens sont dépassés, ils parlent de manière spontanée. Mais, je pense que nous n’en arriverons pas là. Je ne le pense pas. Les responsables du projet en sont conscients. Le cimetière de Soumbédioune a une histoire et des réalités. Quand je fus maire de la Médina, des partenaires sont venus me proposer de construire une sorte d’aéroport pour permettre à un avion de décoller à partir de cette zone moyennant une redevance d’un million de francs par mois. Cependant, lorsque j’en ai discuté avec les grands dignitaires lébous, ils me l’ont déconseillé et j’ai renoncé. Par-delà, l’indécence qu’il y a à exhumer des restes humains, les réticences des Lébous seraient liées à des considérations mystiques. Qu’en est-il ? Ce qu’ils craignent ils le savent, c’est leur secret. Les Lébous, ils ne vous disent pas tout directement, mais ils vous préviennent. Si vous y croyez tant mieux, mais si vous vous entêtez tant pis et gare au récalcitrant, car il en verra les conséquences. Ces travaux sont une bonne chose, mais nécessitent des prières, car la corniche détient beaucoup de mystères sur lesquels veillent nos aïeux. L’autre exemple, c’est l’histoire de l’ancien palais de Justice situé au Cap Manuel. Quand on le construisait, Thierno Seydou Nourou Tall, leur avait prédit que ce n’était pas le bon endroit et qu’il aurait fallu faire quelque chose. On n’a pas tenu compte de ses recommandations ; ils se sont obstinés. Vous voyez le résultat : les murs se fissurent et le palais de justice a été déplacé au Bloc des Madeleines. Le site du Cap Manuel était une sorte de sanctuaire lébou avec ses énigmes. Quand on construisait le pont de Colobane, on avait fait beaucoup de prières et de sacrifices. Je pense aussi que les responsables de l’Agence nationale pour l’organisation du sommet de la conférence islamique (Anoci) vont en faire. Seulement, le problème est de savoir si leurs marabouts seront à la hauteur pour faire des prières aussi complexes. Ce grand projet va longer un espace non loin de la mer qui a son génie tutélaire. Qu’on ne se trompe pas, la mer à ses réalités. Ces chantiers nécessitent une consultation des génies. Il y a des zones où l’on ne peut convaincre un Lébou d’habiter, même si on y édifie des châteaux. De tels sites sont nombreux à travers Dakar. Parmi ces sites, on peut citer certains coins des Sicap.

G.P : C’est-à-dire qu’on devrait faire des offrandes à Leuk Daour Mbaye (génie tutélaire de Dakar) pour calmer son éventuel courroux ?

 A.D : Tout cela existe. Il y a des séances de prières avec récitation de Coran, des sacrifices de tout genre. On parle même de sacrifices humains ? Non, sacrifices humains non ! Il y a d’autres sortes de sacrifices, mais pas humains. Egorger des êtres humains ne fait pas partie de nos traditions. Il existe aussi d’autres types de sacrifices qu’on ne peut pas dévoiler sur la place publique. On n’en parle pas. Pas de commentaire. La Grande mosquée de Dakar est érigée sur un ancien cimetière... Une mosquée sur un cimetière, ça ne se discute pas, ça peut se faire et c’est déjà fait. Mais une route, c’est autre chose. Le cimetière de Soumbédioune on l’a déplacé en 1914 pour l’amener aux Abattoirs (Ndlr : Soumbédioune). On n’avait pas déplacé de personnes, mais construit une maison de Dieu. C’est peut-être ce qui fait la différence entre la mosquée et la route. En fait, le projet d’élargissement et d’embellissement de la Corniche, date de l’époque de Senghor ; et même sous Abdou Diouf, il en a été question. Mais, on n’en a jamais fait un projet solide. On en parlait sans jamais prendre de décision. Mais aujourd’hui, je pense que c’est un malentendu entre les parties. Je suis en contact avec l’Anoci, mais pas avec les cadres lébous. C’est pourquoi le Collectif des cadres lébous dénommé Peey a convoqué les gens ce matin (Ndlr : vendredi dernier, 12 mai), mais on a dû souligner qu’il n’y a pas que des Lébous qui sont enterrés dans ce cimetière. Tout cela, pour vous dire que le problème n’est pas l’affaire d’une seule communauté, il n’est pas ethnique. Il y existe toutes sortes de confréries et d’ethnies dont les membres reposent ici. Selon des sources officieuses, des cadavres devraient être exhumés pour la construction d’une route. La chance que j’ai, c’est d’avoir discuté avec le maire de Dakar Pape Diop qui m’a expliqué son souhait d’édifier un mur. Une idée que j’apprécie. Je me suis renseigné et d’après les informations que j’ai obtenues, on ne touchera pas au cimetière. Cependant, le maire doit convoquer les cadres lébous pour leur expliquer le plan. Parce qu’on peut toujours dévier, l’essentiel, c’est de ne pas créer une polémique ni un conflit. Je propose que le maire Pape Diop les reçoive, afin d’éclairer leur lanterne.

ENTRE PROFANATION ET UTILITE PUBLIQUE Les connaisseurs de l’Islam divisés sur la question

Des tombes du cimetière de Soumbédioune devront-elles être déplacées pour faire place à un projet de route à construire dans le cadre des travaux d’aménagement de la Corniche-Ouest ? L’idée est dans l’air et la communauté léboue de Dakar a dû lancer un signal fort au maître d’œuvre de ces chantiers, en l’occurrence l’Agence nationale pour l’organisation du sommet de la Conférence islamique à Dakar (Anoci) prévu en 2008 à Dakar. En effet, vendredi dernier, les Lébous ont organisé une séance de prières, qui se veulent protestation, pour mettre en garde contre toute idée de profaner le cimetière en ne déplaçant une seule tombe. Les populations en évoquent le respect pour la mémoire des morts qui reposent en cette nécropole fermée depuis 1974. Que dit l’Islam dans ce cas où il s’agirait alors de la désaffection d’un cimetière et d’exhumation d’ossements humains. Les points de vue recueillis sont divergents et portent sur des principes et non des textes formels édictés. Selon Mme Fatou Guèye Cissé, animatrice d’émission religieuse à Radio Dunyaa, « l’Islam recommande le respect pour la mémoire des morts ». Pour cette raison, Mme Cissé souligne qu’en dehors d’une mosquée, la religion n’accepterait pas que l’on construise une route en lieu et place d’un cimetière. « On doit des prières à nos morts et non autre chose », indique-t-elle avant d’ajouter « qu’on devrait plutôt penser à ériger un pont au-dessus des tombes plutôt qu’une route qui entraînerait la disparition du cimetière ». Quant à Iyane Thiam, il ne voit pas de mal à déplacer un cimetière et construire une route à la place. « Selon ce que j’ai retenu du Coran, de la tradition du prophète et des écoles juridiques, le cimetière est un intérêt général tout comme la voie qu’on envisage construire sur la corniche », explique Iyane Thiam. Autrement dit, précise-t-il, « la route prévue sur la corniche semble être plus nécessaire que le cimetière qui n’est plus utilisé. Dans ce cas, l’Islam recommande l’urgence malgré le respect qu’on doit à la mémoire de nos morts ». De son côté, Khadim Mbacké, islamologue, chercheur à l’Ifan, estime que le principe en Islam est qu’on préserve les cimetières intacts, sauf pour un besoin majeur. Donc, conseille-t-il, on ne doit toucher au cimetière de Soumbédioune, sauf si on ne peut pas ne pas l’éviter. On devrait chercher une autre solution pour faire cette route »,

MAMADOU THIAW, GARDIEN DU CIMETIERE « C’est possible, mais c’est indécent »

Ouvert depuis 1907, le cimetière de Soumbédioune est fermé aux inhumations depuis le 13 juin1974. Fermé certes, mais on vient encore s’y recueillir sur la tombe d’un parent ou ami disparu, comme en témoigne le gardien des lieux Mamadou Thiaw, agent municipal de la mairie de Dakar. Et quand on parle de l’éventualité de déplacer certaines tombes pour un projet de route, il répond sans ciller : « cela n’est pas une bonne chose. Moi, j’ai des parents enterrés ici, aussi cela me ferait énormément mal qu’on touche à leurs tombes ». Pour lui, « on peut comprendre ce qui s’est passé à la grande mosquée (édifié sur un site qui fut un cimetière), étant un lieu de culte où l’on prie, mais de là à déplacer nos morts pour de simples routes, nous trouvons pas cela décent », rétorque Mamadou Thiaw, avec une lueur de désolation sur le visage. Il affirme n’avoir été interrogé par qui que ce soit sur cette éventualité, « comme vous, nous n’entendons que des rumeurs, mais si cela s’avérait ; nous ne pourrons que laisser faire, on ne se bat pas contre un gouvernement ».

 



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