Cette proclamation de 2007 à l’occasion de la journée internationale de la presse reste malheureusement d’actualité ici au Sénégal. Y parvient-on cependant à « enquêter sans délai sur ces actes et les punir sans faiblesse » ? Rien de moins sur. Désormais dans ce pays qui se voulait « jadis » une vitrine de la démocratie,-vitrine bien craquelée si cela se trouve,- ceux-là qui sont chargés de fournir protection et soutien aux journalistes dans l’exercice de leur profession, de veiller à l’intégrité physique et morale des personnes et de leurs biens, parce que c’est leur devoir régalien, leur sacerdoce républicain, attentent impunément à la libre activité si ce n’est tout bonnement à la vie. Le cas de Kambel Dieng et de Karamoko Thioune est éloquent.
Que dire maintenant de ces « civils » qui ne veulent que s’offrir du journaliste mais ne savent souffrir d’un quelconque traitement qu’ils jugent défavorable, de l’information ? Sinon qu’ils s’en donnent à cœur joie en cassant à qui mieux mieux du journaliste, chaque fois qu’un papier ou une émission ne les agréé. D’autant plus qu’ils pensent même en devoir de le faire ayant l’onction du Premier protecteur des Arts et des Lettres, donc des journalistes, qui ne rate aucune occasion « médiatique » pour ravaler la presse de son pays.
Les journalistes sénégalais sont devenus depuis quelque temps de véritables parias chez eux après avoir été, il y a seulement huit ans en arrière, de véritable héros de la démocratie, les hérauts de l’alternance et de la transparence électorale. Pis, « l’espèce » est en voie de disparition depuis qu’hommes politiques du haut de leurs positions de pouvoir, marabouts, courtisans de tout acabit, lobbyistes invétérés ont décrété que la profession était un délit, l’exercer un crime.
Cependant cette violence que l’on exerce et/ou cherche à exercer au quotidien à l’encontre des journalistes, d’une corporation que l’on juge assurément empêcheuse de gouverner en paix, de « magouiller » en paix, de courtiser en paix, de détourner en paix, de bluffer en paix peut facilement déborder. Vieille exigence de la démocratie libérale, l’emploi de la force doit être proportionné à la gravité du trouble à l’ordre public. Sinon la violence politique est le terrain de prédilection des jugements de valeurs et des comportements irrationnels qui entraînent le plus souvent ou favorisent les situations de chaos. On le sait : la menace, ou l’usage effectif de la force est une ressource politique courante. En abuser est simplement suicidaire.
Il est loin certes, le temps où les chefs de guerre concédaient à leurs troupes le sac des villes. Mais on trouve encore traces tenaces de tels comportements et de telles concessions dans nos vécus contemporains. Les sbires, impunément, sacquent la ville. Les honnêtes citoyens, une fois, le pouvoir de leur Seigneur et maître décrété, souffrent de leur béotienne conduite.
Lorsque, face à la contestation intérieure, l’Etat déploie son appareil de contrainte, la préoccupation d’éviter les “bavures policières” est souvent chez les gouvernants, un objectif de premier plan en raison des conséquences politiques négatives susceptibles d’en surgir. Il faut croire qu’au Sénégal, depuis 2000, ce souci sommes toute rationnel, n’effleure pas les esprits de ceux-là qui nous gouvernent. Ils pensent certainement nous diriger par la seule volonté du Tout Puissant. Ils ne se sentent nullement délégataire du peuple qui aura choisi les urnes pour.
La valorisation de l’exploit physique crée une propension à admettre, le cas échéant, la violence à mains nues (cas de Talla Sylla). Elle n’en explique pas moins le dysfonctionnement du système politique. En vérité “quant à vouloir s’imposer à ses concitoyens par la violence, c’est toujours chose odieuse même si l’on se donne pour but de réformer des abus ».
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