L’initiative des acteurs de la santé de la reproduction qui incitent les femmes à utiliser des méthodes contraceptives sans l’aval de leurs conjoints, ne semble pas plaire aux guides religieux. Et les imams que nous avons rencontrés sur leurs lieux de culte, sont largement revenus sur les motifs qui les poussent à ne pas tolérer ce genre d’initiative. Pour l’imam de la mosquée de la rue 10, il est intolérable qu’une femme musulmane prenne des initiatives concernant sa vie de couple sans l’accord de son mari. Pour lui, il est impératif qu’une femme mariée informe son époux afin qu’ensemble, ils puissent prendre les décisions idoines, sinon leur vie de couple pourrait se disloquer.
Allant plus loin dans ses propos, Cheikh Mbodj, imam de la mosquée Cheikh Wade de Guédiawaye, estime que la femme a intérêt à tout mettre en œuvre pour convaincre son mari de la laisser utiliser des méthodes contraceptives lui permettant d’assurer sa santé et celle de sa progéniture. Car, si la femme se retrouve avec des complications dues à l’utilisation de la contraception, le mari peut refuser de prendre en charge ses frais médicaux. Ces conflits sont fréquents dans son quartier, selon Cheikh Mbodji. ‘Il m’arrive de secourir des femmes dont l’organisme n’a pas pu supporter la méthode de conception adoptée et dont le mari, pris au dépourvu, refuse de manière catégorique de prendre en charge ses frais médicaux’, explique-t-il. Pour l’imam de la mosquée de Grand-Dakar, Babacar Diouf, certes, ‘l’utilisation des méthodes contraceptives est le meilleur moyen diminuer la mortalité maternelle, cependant, il est inconcevable que les femmes prennent une décision si importante pour la vie de couple sans l’aval de leurs maris’.
Ainsi, les imams invitent les acteurs de santé de la reproduction à changer de stratégie, de descendre sur le terrain pour mieux informer les maris sur les risques que courent leurs épouses avec les accouchements rapprochés.
Toutefois, ils recommandent aux femmes qui ont recouru à tous les moyens pour vaincre leurs conjoints en vain, de se retourner vers la famille du mari ou les personnes ressources de leurs quartiers pour qu’elles les aident à vaincre leurs réticences.
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