COUT DES SCANDALES FINANCIERS SOUS WADE : Latif Coulibaly estime la somme à 1000 milliards

Le journaliste et écrivain, Abdoul Latif Coulibaly a soutenu, vendredi, que le total de l’ensemble des scandales financiers, connus depuis l’avènement de l’alternance en 2000, serait de 1000 milliards de francs Cfa. Ce qui équivaut à plus de 26 000 kilomètres de route bitumée, a-t-il indiqué.

C’est lors d’un dîné-débat organisé, vendredi dernier, par l’Association des jeunes avocats du Sénégal (Ajas), que l’écrivain journaliste a encore lâché une bombe. Intervenant sur le thème «Blanchiment d’argent à l’épreuve de la pratique : regard croisé des professionnels», Abdou Latif Coulibaly a campé le décor des scandales financiers au Sénégal. Il soutient que si l’on totalise l’argent de l’ensemble des  scandales financiers, connus depuis l’avènement de l’alternance en 2000, on atteindra les 1000 milliards de francs Cfa. Ce qui équivaut à plus de 26 000 kilomètres de route bitumée. Pour lui, «il faut que les vrais délinquants soient réprimés car ils sont en train de capturer l’Etat et de le mettre au service, d’un clan et pour des intérêts privés».

Réagissant sur les difficultés que rencontre les professionnels du droit sur l’application de la loi 2004 09, le journaliste a fait savoir qu’il y a «des crimes en amont du blanchiment, par conséquent, le combat contre le blanchiment doit être un combat du peuple qui prime sur tout, et qui forcément va nécessiter des sacrifices». Des avocats, notaires et banquiers ont en effet soulevé des difficultés dans l’application de cette loi, relative à l’obligation de secret professionnel. «On ne peut pas se contenter de dire qu’on va perdre nos clients, Car il ne s’agit pas de protéger le confort d’un avocat ou d’un notaire mais, c’est notre pays qui est en jeu», a dit M. Coulibaly. Il a insisté sur la volonté politique des autorités, avançant : «Autant les autorités ont la volonté de lutter contre le banditisme, autant cela doit se faire pour le blanchiment» qui affecte l’économie sénégalaise. Il a ajouté que :«si le blanchiment devient un moyen de politique économique impliquant les plus hautes sphères de l’Etat, cela pose un problème et devient extrêmement grave». Pour le journaliste et directeur de publication du magazine  La Gazette, «il y a comme une conspiration du silence entre toutes les institutions chargées de lutter contre le blanchiment».

46 dossiers au parquet, seuls 2 jugés

Pour sa part, le premier substitut du procureur, Ibrahima Ndoye, a révélé qu’à ce jour, 46 dossiers de blanchiment d’argent ont été reçus par le parquet. Hormis deux cas, tous les dossiers proviennent du rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières du Sénégal (Centif).

D’après M. Ndoye, seules deux affaires ont été jugées depuis 2005. Les autres dossiers qui ont déjà accusé beaucoup de retard sont dans les cabinets des juges d’instruction, a-t-il fait savoir. Là aussi, le parquet a les mains liées du fait qu’il y a des lourdeurs dans l’application de la loi contre le blanchiment des capitaux.