DAKAR ENVAHI PAR LES SALETES ET ORDURES -La cote d’alerte atteinte

Dakar est sous les ordures depuis quelques semaines. Les odeurs infestaient jusque dans les maisons. La non-collecte des ordures ménagères que les femmes sénégalaises entassaient aux bouts des rues est devenu un problème national. Un problème grave. Aujourd’hui partout interpellée et pointé du doigt, la société Ama Sénégal, jusqu’ici préposée au ramassage des ordures, a évité le débat préférant laissé les ménages sénégalais face à un fléau grandissant : les ordures.

Un vrai casse-tête. Voilà la situation que vit depuis quelques mois, Ama Sénégal. Une société que les ordures menacent pour une fois d’emporter dans leur sillage. Sale ! Oui Dakar est devenu laid. Trop sale même. Et ce ne sont pas les mots sortis de la bouche des responsables de la société Ama Sénégal, hier à l’occasion de la conférence de presse qui s’est tenue hier vendredi 14 juillet 2006 à Dakar et qui va apaiser la situation.

Devant la presse, Ama Sénégal pour se rassurer et rassurer tous les inquiets, a tenu donner les raisons de la situation actuelle que vivent les populations de la ville de Dakar. Elle a annoncé par la même occasion, fait la promesse d’investir pour les jours à venir, les différentes ruelles de Dakar. M. Alvaro Moretti, Président Directeur Général de Ama Sénégal la confirmé. « D’ici 5 jours, pour montrer aux Sénégalais que nous sommes de nouveau les principaux responsables de la collecte d’ordures, nous enlèverons tous les déchets qui pullulent dans les rues de Dakar », annonce le PDG de la société. Pour l’occasion, Ama s’est parée d’une cinquantaine de camions pour faire le travail. Ceci, d’après M. Morreti, « c’est pour prouver qu’elle ne s’est pas lavée les mains de la collecte d’ordures ».

Pour Ama Sénégal, « hormis ses relations avec l’État du Sénégal, qui ont eu une fin satisfaisante, il s’agissait d’attendre que le dispositif pour travailler dans des conditions meilleures soit mis en place ». En parlant de dispositif, Ama Sénégal s’est dotée d’un centre de transfert d’ordures à Mbao et d’un centre d’enfouissement d’ordures à Diass outre les camions qui en route pour Dakar. D’ailleurs, pour le PDG, « ces deux opérations sont la preuve vivante de la mort de la décharge de Mbeubeuss qui pour y accéder auparavant était un problème énorme et on le constatait avec la période hivernale de l’année 2005 ».

Selon Alvarro Morreti, « avec l’autorisation du ministère de l’environnement, des dispositions nécessaires seront prises dès la fin du mois pour la collecte régulière, mais aussi la communication sera rétablie auprès des populations pour mieux les sensibiliser ». Aussi, Ama Sénégal fait la promesse de former son personnel pour faire face à une demande qui ne cesse de croître. Cette formation a été d’ailleurs jugée nécessaire dans le cadre de la nécessité subitement trouvée par la société de répondre efficacement à la forte demande d’une ville comme Dakar. A l’endroit des communes et municipalités, il a prôné la mise sur pied d’un système de contrôle au niveau urbain qui ne dépend pas seulement de sa société.

Ama assure et se rassure

Poursuivant son diagnostic et sa proposition de solution, le responsable a mis le doigt sur les nouvelles solutions que devraient offrir les deux centres de transfert de Mbao et d’enfouissement de Diass, destinées à réduire considérablement le niveau d’accumulation des ordures dans les villes. Ce deux centres destinés également à répondre aux nécessités du développement durable grâce à la production de biogaz, devraient alléger le poids des longs transferts en direction de Mbeubeuss, jusqu’ici situé bien loin de la ville de Dakar et son centre.

La conclusion est que la fermeture de ce qui reste la première décharge publique du Sénégal (Mbeubeuss), est l’occasion de moderniser un peu le secteur de la collecte, du ramassage et du transfert des ordures. Un mal de l’urbanisation qu’aucun pays du tiers-monde n’est encore parvenu à véritablement prendre en charge dans un contexte où tous brandissent l’idée du développement durable et de la protection de l’environnement. Ce que la conférence de presse d’hier ne dit pas aussi est que le problème de la collecte des ordures et de la sécurisation de nos grandes villes face aux fléaux liés à la menace que font peser les maladies infectieuses sur elles, à cause des moustiques et des saletés, reste essentiellement une question de stratégie.

Une question de choix de développement. De choix de la qualité de la vie. Mais jusqu’ici, toutes les solutions apportées dont celle sorties de la bouche des dirigeants d’Ama Sénégal, restent des réponses transitoires. De simples remèdes provisoires. Cela, en attendant la prochaine panne des camions ou le seul hic dans le système de ramassage des ordures qui risque encore de paralyser toute la ville.