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Dakar plongée dans le noir TOTAL, sans pétrole

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Dakar plongée dans le noir TOTAL, sans pétrole
Depuis plusieurs jours, les habitants de Dakar se plaignent de la recrudescence des coupures d'électricité. Mais c'est bien une pénurie de pétrole qui à l'origine de ces pannes. Examinons ensemble les faits et les conséquences de ces coupures, les raisons de cette pénurie, les solutions proposées par le gouvernement et l'implication du groupe pétrolier Total dans cette affaire.

Parallèlement, des centaines de réfugiés venus de Guinée-Bissau continuaient d'affluer samedi dans le sud du Sénégal, pour fuir les combats opposant deux factions rivales du Mouvement des forces démocratiques de Casamance. Les combats font s'affronter à la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau les hommes de Salif Sadio, le chef de la branche armée de la rébellion casamançaise, et ceux de César Badiate, appuyé par l'armée bissau-guinéenne.

1 – Sénégal : quand le pétrole coupe l'électricité

Depuis plusieurs jours, de nombreux habitants de Dakar se plaignent de la recrudescence des coupures d'électricité, qui selon la Société nationale d'électricité du Sénégal (Sénélec), sont liées à des perturbations dans le secteur pétrolier, Total y étant fortement impliqué .Depuis quelques jours, on assiste à une recrudescence des délestages qui touchent aujourd'hui tout le monde, reconnaissait la Sénélec dans un communiqué publié jeudi par le quotidien pro-gouvernemental Le Soleil.

Cette situation est due essentiellement à l'arrêt accidentel depuis le 26 décembre 2005 d'une des centrales de la Sénélec d'une puissance de 50 mégawatts, et l'arrêt des livraisons de diesel oil par les pétroliers, entraînant l'arrêt d'importantes unités de production dans 3 centrales électriques ayant 30, 40 et 4 MW. Au total, ce sont 124 MW qui sont à l'arrêt, portant ainsi le déficit de production à 80 MW, la société s'engageant à tout mettre en oeuvre pour un retour rapide à la normale. Mais,selon la presse, il faudrait attendre octobre 2006 pour une bonne distribution de l'électricité.

Les délestages récurrents, entraînent en certains endroits des perturbations dans la fourniture en eau potable, allant de baisse de pression à la coupure. Des supermarchés déclarent avoir revu à la baisse leur approvisionnement en produits de la chaîne du froid, et certains commerces du centre-ville, ont même fermé boutique le temps des coupures. Une association de consommateurs invite la Sénélec à indemniser ses clients. Société anonyme à capitaux publics majoritaires, la Sénélec est chargée de la production, du transport et de la distribution de l'énergie électrique sur l'ensemble du territoire sénégalais. Son capital est de près de 181,25 millions d'euros.

2 – Les raisons de la pénurie

La Société africaine de raffinage a imposé à l’Etat du Sénégal le paiement de ses subventions sur le butane et ses pertes commerciales subies du fait de l’inflation des prix des produits pétroliers sur le marché international. Dans l'attente du paiement la Société africaine de raffinage avait interrompu ses activités de pompage et de ravitaillement des stations.

Sur les 34 milliards que l'Etat doit à la Sar, le ministre précise que 19 milliards de francs représentent les subventions de l'Etat, dont 14 milliards ont déjà fait l'objet d'un règlement. Reste donc maintenant 5,5 milliards. Au-delà de ce montant, la Sar a réclamé à l'Etat 4 autres milliards pour les pertes commerciales qui sont intervenues dans l'activité d'importation et de commercialisation du gaz butane. Enfin, elle lui a aussi réclamé près de 13 milliards que représenteraient les pertes commerciales qui ont été enregistrées sur l'importation, la distribution des autres produits pétroliers.

3 – Accords financiers conclus

Un accord est intervenu en fin de semaine dernière , entre le gouvernement et la Sar, concernant les subventions. La Société de raffinage va donc reprendre le cours normal de ses activités et approvisionner le pays en produits pétroliers, notamment en gaz butane. Le ministre de l'Energie et des Mines vient de recevoir les pièces justificatives qui constituent le reliquat des sommes dues. La subvention du mois de décembre dernier qui n'avait pas été payée, car en attente des déclarations de mise à la consommation pourra également être réglée. Les 5, 5 milliards seront payés dans les meilleurs délais pour permettre à la Sar d'améliorer sa trésorerie.

Les pertes commerciales que la Sar réclame au gouvernement ne sont pas encore réglées quant à elles. S'agissant d'une première catégorie, constituée des pertes commerciales sur l'activité de vente du gaz butane, l'Etat considère qu'il faut immédiatement prendre les dispositions en vue de les rembourser, la SAR ayant reçu un mandat officiel en vue de ravitailler le pays en gaz butane.Sur les causes de ces pertes, le ministre expliqué que la structure de prix aurait dû être révisée tous les deux ans. De 1998 à maintenant, elle ne l'a jamais été.

S'agissant des pertes commerciales sur les autres produits pétroliers, la Sar s'étant substituée à tous les autres importateurs, le principe de remboursement de la Société est acquis par l'Etat, à condition néanmoins qu'il soit justifié et confirmé par le rapport d'expertise, actuellement en cours d'élaboration par un expert désigné par la Banque mondiale sur la structure des prix.

Pour rendre exécutoires toutes ces mesures, le ministre envisage de rencontrer les acteurs du sous-secteur des hydrocarbures d'ici le 29 mars prochain. Ils feront ensemble, l'inventaire de toutes les questions pour leur permettre d'engager la restructuration du secteur et le redressement de la Sar. L''instauration d'une période transitoire allant jusqu'au 31 mai prochain, devrait leur permettre de régler définitivement les problèmes de pertes commerciales. L'expert commis devra déposer son rapport au plus tard le 30 avril. Et une décision définitive devrait être prise le 31 mai sur les produits autres que le gaz butane.

En outre, le ministre a annoncé la fin de la subvention entre l'Etat et la Sar sur le gaz butane, mais le gouvernement maintenant son intervention dans le secteur, mais cette fois-ci en direction des distributeurs plus facile à contrôler. Par ailleurs, l'Etat d'augmentera sa part dans le capital de la Sar et ouvrira la société aux pays de la sous-région.

4 – Solutions techniques mises en oeuvre

La Sar a accepté de pomper le brut du Tanker d’une capacité de 800 mille barils, qui se trouve à Dakar, en provenance du Nigeria. Plus de 10 mille tonnes de brut ont été d'ores et déjà pompées et ce sont 1 080 tonnes de diesel qui ont été mises à la disposition des stations d’essence par la Sar.

Le gouvernement a développé une stratégie pour ne plus connaître de rupture. Il a ainsi bénéficié d’une disponibilité de cargaison et certains points financiers ont été accompli pour acheminer le produit au Sénégal. Avec la Guinée équatoriale, des disponibilité de produits et de modalités de paiement doivent être mis en œuvre.

5 – Organisation du secteur et rôle de la SAR

La SAR (Société Africaine de Raffinage), première industrie du pays de par son chiffre d'affaire, a été créée en 1961 à l'initiative du gouvernement sénégalais et de la Société Africaine de Pétrole (SAP), avec le concours des grandes sociétés pétrolières. Malgré la déréglementation de 1998, les « majors » conservent les clés de ce marché. La SAR n'est plus protégée par un monopole d'importation et de raffinage des produits. La raffinerie a toutefois conservé le monopole sur l'importation du gaz butane reconduit en mars 2002 et en 2003. A ce jour, l'importation est réalisée par la SAR à plus de 90%, le reste se partageant entre Oryx et Shell.

La SAR est l'unique raffinerie du Sénégal. Elle est détenue majoritairement par Total (54%), Shell (23%), Mobil (13%) et par l'Etat sénégalais (10%). Dans la distribution du gaz, TOTAL se positionne comme leader sur le marche devant Shell et Toubagaz (entreprise sénégalaise du groupe Diprom (activités dans le métal) . Au niveau du stockage terrestre, l'essentiel est réalisé par la SPP (Société des Produits Pétroliers) qui appartient à Total, et par le site de Mobil dans lequel Shell intervient.

Le Sénégal est très dépendant du pétrole pour sa production d'énergie (centrales diesel et fuel oil), et pour le transport automobile. La croissance de l'activité induite par l'ouverture de la Cimenterie du Sahel et par la mise en service de la nouvelle unité de production des ICS, a participé à l'augmentation de la consommation de diesel et de fuel. La Sénélec bénéficie nénamoins depuis juillet 2002 de la contribution du barrage hydroélectrique de Manantali. La consommation de la Sénélec devrait tout de même augmenter globalement chaque année sous l'effet du programme d'augmentation de la capacité de production de 60 MW par an, laquelle devrait nécessiter chaque année 100 000 tonnes de fuel supplémentaire.

6 – Impact potentiel sur le Mali

Malgré la croissance de la demande sous-régionale, les exportations de la SAR en produits finis restent limitées par le coût du raffinage et par le manque d'infrastructures de transport. Les deux principales destinations sont le Mali (qui n'ayant ni raffinerie, ni accès direct à la mer, doit se faire approvisionner par les pays voisins) et la Guinée Bissau.

Au Mali, l'approvisionnement est organisé par l'ONAP (Office National des Produits Pétroliers) qui dépend du Ministère malien de l'économie et des finances. En 2003, 470 952 tonnes ont été importées au Mali, dont 106 239 tonnes en provenance de la SAR (soit 23%). Bien que la contribution du Sénégal soit en hausse et qu'elle ait atteint 110 000 tonnes en 2003, le potentiel de développement des exportations de la SAR vers le Mali reste toutefois limité par le manque d'infrastructures routières et ferroviaires. La route qui dessert le Mali jusqu'à la région de Kayes a permis d'établir un monopole dans la zone. Le développement de la liaison ferroviaire par la société Transrail devrait cependant permettre d'augmenter le flux .



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