Hier, vers 12 heures à la brasserie Ais, sise à la Sodida. un calme plat règnait sur les lieux. Devant la porte de la brasserie, une voiture de marque Peugeot est stationnée, faisant face à l’enseigne intitulé «Africa Cola». Toutes les portes sont verrouillées. Personne ne sort ni entre. Le vigile, devant sa «case» comme s’il avait reçu des ordres, nous intime l’ordre de quitter les parages, malgré notre ténacité à voir le maître des lieux. Après avoir poireauté près d’une heure sur les lieux, voilà que deux 4x4 sortent par la grande porte de la brasserie. Direction, le service du renseignement et de la lutte contre la fraude. Là, le richissime homme d’affaires ne fera pas plus d’une heure avant d’être embarqué dans les véhicules de la Douane pour le Bloc des Madeleines et présenté devant le procureur. Arrivé sur les lieux aux environs de 13 heures, Pierre Aïm restera sur les lieux jusqu’après minuit avant d’être conduit au commissariat du Port, où il a passé la nuit, hier.
Bras de fer entre le Parquet et l’homme d’affaires
Dans le bureau du procureur de la République, Pierre Aïm a réfuté tous les faits qui lui ont été opposés. Il a expliqué qu’il ne pouvait pas transiger parce que les faits soulevés et consignés dans un procès-verbal de trois pages, ne sont pas réels. « Je préfère aller en prison », aurait-il dit au procureur. Pourtant la Douane, qui un Code très intransigeant face à ce type de fraude supposée, a revu ses chiffres à la baisse. Passant de 1,195 milliard Cfa à 550 millions, représentant le montant de la fraude alléguée, sur 1035 tonnes de sucre. Et renonçant à l’amende qui se chiffre à 4 fois plus des droits exigibles. Soit plus de 6 milliards au total. En corrigeant ainsi ses chiffres, la Douane espérait que l’homme d’affaire allait accepter de transiger. Que nenni ! Me Leyti Ndiaye et Boucounta Diallo étaient présents à l’interrogatoire de l’homme d’affaires Pierre Aïm, pour défendre leur client. Me Diallo a d’ailleurs soutenu, à sa sortie du bureau du Procureur qu’ « on ne peut pas moralement se permettre de menacer 195 emplois en fermant une société qui fait travailler beaucoup d’entreprises ». Il a assimilé la mesure de fermeture à une menace exercée sur l’économie dans un contexte de crise.
Pierre Aïm : « le sucre, c’est comme de la cocaïne »
Joint au téléphone hier, quelques minutes avant de se rendre au service des Enquêtes douanières, Pierre Aïm a a réfuté toute fraude. «Cela est impensable. Vous savez, le sucre, c’est comme de la cocaïne, comment pourrais-je me permettre une telle folie.» D’ailleurs, il estime que ce sucre importé a l’autorisation du ministère de l’Industrie. «Ce qu’il faut savoir, c’est que lorsqu’un industriel importe, il le fait avec l’autorisation du ministère de l’Industrie. Je dispose d’une autorisation en bonne et due forme pour importer du sucre. Le numéro de cette attestation est monté dans les machines.» D’ailleurs, il estime qu’il est impossible d’importer sans attestation. «J’ai eu en novembre 2006 une autorisation pour cela. On me dit que cela ne couvre pas 2007. Mais pourquoi le système a accepté le document. On ne peut pas nous dire maintenant que nous avons fraudé. Le système informatique ne le permet pas», dit-il. Selon lui, le litige ne porte que sur 150 tonnes de sucre. «Et j’étais en train de discuter avec la Douane pour cela. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a pas de restrictions fixées par l’autorisation sur les quantités importées», précise-t-il. Epargnant le Président Wade, il soupçonne de hauts fonctionnaires de la Douane d’être à l’origine de son arrestation.
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