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Demba Ndiaye, journaliste : " le pouvoir politique, premier censeur de la presse"

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Demba Ndiaye, journaliste : " le pouvoir politique, premier censeur de la presse"

La presse sénégalaise étouffe sous la pression conjuguée des pouvoirs politique, économique, religieux, judiciaire et du lectorat. Ces menaces ont fait naître un journalisme de connivence et de compromission, a notamment constaté le journliste Demba Ndiaye qui animait, vendredi, une conférence sur le thème "presse et pouvoirs" dans le cadre des "quinzaines" de la librairie Clairafrique.

Jamais la liberté de la presse n’a été aussi menacée par des pouvoirs de toutes sortes qui exercent une pression manifeste ou insidieuse sur l’exercice du journalisme. Tel est en résumé l’exposé de Demba Ndiaye, journaliste et Directeur de publication de l’hebdomadaire La sentinelle. Au cours de la conférence organisée, vendredi, par la librairie Clairafrique, le journaliste a dépoussiéré les problèmes qui entravent la pratique de la profession de journalisme, dans nos pays à économie faible et démocratie balbutiante.

A la lumière d’exemples concrets, le conférencier a démontré l’influence négative des pouvoirs politique, religieux, économique et judiciaire sur le journalisme.

Le premier censeur de la presse, selon Demba Ndiaye, est le pouvoir politique. Notamment au niveau des médias d’Etat où le ministère de l’Iinformation joue un rôle "d’organe de contrôle des consciences". Malgré son caractère public, cette frange de la presse souffre d’une absence de liberté. Elle assure plus un rôle de propagande par les manipulations de l’information. "Toutes les informations sont contrôlées, aseptisées avant diffusion", dévoile Demba Ndiaye qui a été journaliste à la Rts (radio) de novembre 1983 à novembre 1987.

Pour la presse privée, la pression du pouvoir politique s’exerce par le biais de la publicité dont l’Etat est le plus grand pourvoyeur. Mais également par le fisc. "Tous les organes récalcitrants sont sevrés de publicité avec des ruptures abusives de contrats. Les agents fiscaux de l’Etat sont également envoyés dans les rédactions rebelles". Dans un contexte de sous-développement où la presse est incapable de s’acquitter de toutes ces taxes fiscales et tire l’essentiel de ses revenus de la publicité, le chantage étatique dissuade beaucoup de médias à faire, de manière convenable, leur travail.

Contrairement au sens commun, Demba Ndiaye démontre à juste titre l’influence insidieuse du pouvoir économique sur la liberté de la presse. Car, les entreprises également procèdent de la même manière que l’Etat pour contraindre les médias à ne pas dévoiler leurs pratiques condamnables. De manière tacite, l’attribution d’une publicité à un organe de presse est assortie d’un devoir de taire tout ce qui peut nuire à l’entreprise. De même, les pouvoirs politiques n’investissent dans la presse que pour sauvegarder des intérêts particuliers qui sont parfois à l’encontre de l’intérêt général et de la citoyenneté.

Le pouvoir religieux est aussi considéré par le conférencier comme étant une influence dangereuse pour la liberté de la presse. Les menaces de mort, les agressions physiques et les pressions de la hiérarchie obligent de plus en plus certains journalistes à ne pas traiter des informations concernant des chefferies religieuses.

En dépit des conséquences négatives de ces actes sur la démocratie, l’Etat, en tant que puissance publique, ne protége pas les journalistes. Cette forme d’influence entraîne souvent une autocensure du journaliste.

Enfin, le pouvoir judiciaire, qui joue le jeu des autres pouvoirs, constitue de ce fait une menace pour la liberté de la presse. "Rares sont les procès où des journalistes ont eu gain de cause malgré des preuves irréfutables", se désole Demba Ndiaye.

En somme, il estime que l’ensemble de ces pressions contraint les médias à faire des compromissions par instinct de survie.

Dans son exposé, le Directeur de publication de La Sentinelle et du site d’informations, african global news, a aussi abordé la question du lectorat friand de faits divers et de people. Il estime, pour sa part, que le journaliste qui a un rôle d’éveil et de sentinelle doit "refuser de se plier sous la dictature du lectorat par éthique".

Dans le franc parler qui le caractérise, le conférencier a tenu en haleine l’assistance. Les échanges qui ont suivi ont été riches et profonds. Certains intervenants ont tenu à apporter leurs témoignages sur les qualités professionnelles du conférencier. "Un homme constant et inflexible dans la droiture", ont-ils notamment déclaré.



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