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DOSSIER : LINGERIE ET ATTIRAIL DE SÉDUCTION - Rincez-vous les yeux…C’est gratuit !

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DOSSIER : LINGERIE ET ATTIRAIL DE SÉDUCTION - Rincez-vous les yeux…C’est gratuit !

Le jeu de la séduction a atteint un autre niveau. Et se joue sur un autre terrain. À l’air libre. Sans pudeur aucune. Aujourd’hui, l’arsenal que les femmes déploient pour séduire est à portée de bourse…et d’œil. Parure féminine à fleur de peau, qui de frous-frous en guise de trompe-l'œil, en dentelles pour guêpières transparentes ou encore en perles lumineuses, jette K.O. au tapis tout regard masculin qui ose s'y aventurer…La lingerie est dans la place. Bienvenue dans le secret (?) univers des lingeries de la gent féminine.

Terminée l’époque féministe jusqu’au bout des sous-vêtements : la femme fatale et sexy est de retour. Alors inutile de conserver les culottes de grand-mère sous prétexte qu’elles sont confortables ! Laissez-vous séduire, l’image de la femme évolue et celle de la lingerie avec. Il est difficile de trouver un mari sous nos cieux. Alors autant mettre tous les atouts dehors pour convaincre un prétendant ou retenir un acquis. Dans ce jeu de séduction, la femme «new fashion» s’amuse à mélanger les styles. Des dessous rétros aux ultrasophistiqués. Du soft à l’exotique, des couleurs vives à celles classiques. Et quand la mondialisation s’y met, le local flirte avec l’importé. La nouvelle génération souhaite se sentir belle et attirante. Dessus comme dessous. Bref, elles veulent une lingerie qui fasse ressortir tout ce qui sommeille en elles et qui font d’elles des femmes. Ainsi, elles écument les boutiques chics (ou chocs) du centre-ville et se bousculent dans les étals des laobés. À la recherche de la perle rare qui ferait craquer.

Des attirails provocateurs

Faites un tour au marché Sandaga, à la ruelle nommée «Sant Yalla» (face au centre commercial Sicap-Plateau) pour vous en convaincre. Les produits exposés s’arrachent comme de petits pains. Des petits pagnes à la nomenclature aussi fantasque qu’attrayante, aux différentes catégories de perles en passant par l’encens, le décor est osé et exotique. Le champ lexical est dominé par des expressions grossières comme «nay dëgër», «tocc x…» (casse-c…) ou évocatrices comme «télécommande» ou «këyitù kër» (titre foncier), etc.

Les strings et les nuisettes sont exposés et marchandés sans pudeur. Comme à la foire. À Sandaga, certains articles sont exposés à même le sol. Le marchandage se fait avec un style particulier. Une affaire de connaisseurs. Le plus rapidement possible. Pas de temps à perdre si on veut éviter les regards indiscrets et moqueurs des badauds. Un détail frappe dans ce marché…érotique. La plupart des vendeurs sont des hommes. Ce qui ne semble nullement déranger les clientes. Dont A. Kane, une habituée des lieux qui révèle : «C’est comme avec les autres articles dans les autres marchés. On est obligé d’entretenir une certaine amitié avec son vendeur favori. Il n’y a pas de mal à cela.» Pour justifier leur engouement pour tout cet arsenal sensuel, Daba Diagne évoque, après avoir fait ses emplettes, la nécessité de retenir monsieur à la maison. Avoisinant la quarantaine, elle assure ne négliger aucun détail : encens, pagnes, perles, nuisettes, tout y passe. Tous ces trucs valent leur pesant d’or. Et pour cause! Entre deux rires, elle révèle qu’au beau milieu de la nuit, «ces trucs-machins, comme vous dites, valent autant qu’un titre foncier ! Il y a même un «jaal jaali» (ceinture de perles) qui s’appelle «tocc x…» (casse c…!)». Sacrilège !? «Non, c’est ce qui plaît aux hommes» se permet-elle de jubiler.

L’influence des télénovelas

Les vendeurs s’en frottent les mains. Avec l’influence des télénovelas, la publicité est gratuite. Pour ce Baol-Baol qui a établi ses quartiers dans un des nombreux centres commerciaux de Dakar, l’apport des séries télévisées est considérable. «C’est ce qui booste nos ventes; nous nous en inspirons pour importer les produits et les couleurs en vogue.» Le même discours est tenu par un autre vendeur au marché «Sant Yalla». Ici, même les noms des articles sont tirés des séries télévisées, des clips vidéos ou des pièces de théâtre. «Saneex», petit pagne à la mode, «Neko rël» nom de perles de reins, ou «Isabella» le dernier-né des deux-pièces inspiré d’une actrice de la série la plus courue sur le petit écran. Même dans les boutiques de luxe qui jalonnent l’avenue Pompidou ou la place de l’Indépendance, l’influence de la télé se fait sentir. Une des vendeuses d’une boutique célèbre nous révèle à ce propos : «fascinées par l'imagerie glamour du cinéma, les femmes d’aujourd’hui vont vers les dentelles, les tissus doux et les couleurs qui suggèrent douceur ou éclat. Elles retrouvent même le goût des porte-jarretelles et des bas, n’hésitent plus à porter du rouge vif ou des imprimés panthère!»

Le diktat du string

La particularité que se partagent toutes ces places où se vendent les linges de corps, c’est que l’article le plus vendu reste le string. Jadis fortement réprimé par la conscience populaire, le string s’est aujourd’hui imposé en leader dans le catalogue de séduction des femmes. Il est même devenu le sous-vêtement féminin le plus vendu. Avec une réputation qui dépasse les frontières. Selon un sondage établi en France, le string représente à lui seul 60% des ventes de sous-vêtements, depuis 2000; les ventes de strings s'envolent et sont à l'origine d'une augmentation de 12% du marché des sous-vêtements. Cette attaque placée en direction d’un sous-vêtement constitué de deux pièces de tissu, de cuir, de vinyle ou de latex, la majorité des femmes la justifie par…sa discrétion. «Elle se dissimule parfaitement sous un pantalon trop moulant» souligne la loquace Daba Diagne. Si le string impose sa loi sur la lingerie, il n’en est pas de même pour les couleurs. Le trône est partagé. Avec l’été, c’est le rose qui a la côte, suivi des indéboulonnables noir et rouge. Du côté des perles de reins, les ceintures en chaînes (souvent de fantaisie) prennent le pas sur les «bine-bine» chez les jeunes. Tandis que les «lumineuses» (perles phosphorescentes) dament le pion aux grosses perles chez les nouvelles mariées. Ces dernières constituent la principale clientèle des «laobés» qui se sont accaparées du commerce de produits sensuels. Mais l’autre revers de l’arrivée de l’été est sans doute la chute des ventes d’encens. Compréhensible, vu la chaleur qui vient avec. Soukey Sow se désole : «Si ce n’était les étrangers ou les Sénégalaises qui s’apprêtent à partir à l’extérieur, nous n’allions pas nous en sortir. Les bocaux de «goowé», «nak djeddah» et autres «digijë» restent parfois invendus jusqu’à l’arrivée de la pluie.» Mais heureusement que les autres articles arrivent à combler le gap. Car l’été rime aussi avec les excursions à la plage. Ainsi, les pagnes aux couleurs (jaunes ou oranges sertis de noirs) et motifs (dessins de cocotiers, de soleil) exotiques rappelant les plages hawaïennes ou caribéennes sont bien mis en exergue par les vendeurs à la sauvette. Qui se plaisent à dire qu’ils se portent juste au raz des fesses, comme les jeans tailles basses. Pour le plus grand plaisir des voyeurs. «Surtout lorsqu’ils sont assortis de la nouvelle tendance de microkini (string de bain)!» salive cette jeune fille qui à l’air de s’y connaître. Et qui termine son apologie par l’expression qui semble tout légitimer : «Defar ba mù baax!»

ALY KHOUDIA DIAO, SOCIOLOGUE : «La sexualité est avant tout une affaire intime et doit être traitée avec beaucoup de pudeur»

La société sénégalaise traverse une profonde mutation dont le manque de pudeur des femmes est l’un de signes les plus visibles. L’influence de la télévision à travers les séries télévisées, avec le concours de la polygamie, en rajoute encore au comportement libertin de la gent féminine par rapport aux linges de corps. C’est du moins l’avis du sociologue Aly Khoudia Diao qui assure, néanmoins, que l’attirail de séduction des femmes garde une importante part dans l’équilibre d’un couple. Car les Sénégalais y accordent une grande attention.

Quelle est l’importance de tout cet arsenal dans une vie de couple ?

Il faut comprendre que, de plus en plus, la sexualité tend à se moderniser et à se démocratiser. Les accessoires occupent une place de choix dans le jeu de la séduction amoureuse, qui agrémente la vie du couple, en la rendant plus pimentée. Plus il y a de surprises et de nouveautés, plus la sexualité du couple est accomplie et plus le ménage est serein. La sexualité est une donnée importante dans la vie du couple parce qu’elle est factrice d’équilibre et de satisfaction mutuelle. Mais il faut aussi souligner la réalité que constitue la polygamie au Sénégal, ce qui est source de compétition. Qui dit compétition, dit forcément rivalité et à ce moment intervient la notion de «mokk-pooc». Mais plus concrètement, la femme est en général la garante de l’harmonie du couple et elle dispose à cet effet d’atouts certains pour séduire et se faire valoir aux yeux des autres. Ce que nous devons retenir, c’est le fait que l’image de la femme, sublimée par Senghor et valorisée par toutes les religions, doit être recouverte par un voile de pudeur pour toute personne qui se respecte. Les linges de corps exposés à tout bout de champs ne doivent pas nous faire perdre de vue que la sexualité est avant tout une affaire intime et doit etre traitée avec beaucoup de pudeur.

Qu’est-ce qui explique l’engouement des femmes pour tout cet attirail ?

Il faut comprendre que, de tout temps, l’homme et la femme se sont livrés à ce jeu de séduction, qui est en même temps une forme de communication. L’engouement des attirails de séduction chez la femme s’explique par le désir d’abord, mais aussi par le fait que la femme est le réceptacle de nos désirs les plus secrets est en même temps sujet de fascination pour nous, hommes, dans notre volonté de puissance et de domination. Le corps de la femme devient ainsi objet de toutes les convoitises et, par ce biais, tout ce qui s’y rattache. C’est ainsi que les hommes portent de plus en plus une attention particulière sur les lingeries ainsi que les attirails de séduction car le Sénégalais est surtout un fervent disciple de l’érotisme agrémenté, preuve de virilité et d’existence sociale, car c’est une donnée qui appartient à notre culture et que l’on intériorise dès le bas âge. Ce qui renforce l’engouement chez les hommes, c’est le caractère secret dont la femme entoure son linge de corps, ce qui fait que les nuisettes, le soutien-gorge, les dessous, les slips, etc constituent un mystère chez l’homme. Dans l’attirail de séduction, il faut enfin noter les «bines-bines», «nay dëgër», «keyitù ker-gi», qui sont des noms évocateurs de la puissance de la femme désireuse et pouvant obtenir tout ce qu’elle veut chez l’homme. La femme sénégalaise n’a pas son pareil dans le jeu de la séduction amoureuse, ce qui fait que peu d’hommes peuvent résister de nos jours devant autant de beauté, de charme, de sensualité, de provocation, d’agressivité, de ces rondeurs extraordinaires qui défilent sous nos yeux à longueur de journée.

Pourquoi ce manque de pudeur dans les lieux de ventes de ces produits à la limite de l’érotisme alors que le sexe reste un sujet tabou dans nos sociétés?

Cela s’explique par le fait que, désormais, la sexualité est dans la rue et l’on n’observe plus cette pudeur qui entourait tout ce qui était lié au sexe. Le Sénégal connaît une agression culturelle sans commune mesure liée à la libéralisation de l’audiovisuel et des NTICS, avec des modèles importés qui n’ont rien à voir avec notre culture. Ce sont les séries et les productions cinématographiques qui influencent fortement les enfants. Qui ont tendance à banaliser le sexe et à remettre en cause l’éducation. Le sexe n’est plus tabou, ce qui est un danger car nous sommes dans un pays musulman et l’islam traite la femme avec beaucoup de pudeur. Qu’on n’observe même plus dans les lieux de vente des linges de corps car, devant une si forte demande, il n’y a plus de secret. Il suffit de se rendre à Sandaga ou au marché Tilène, ou encore dans les officines spécialisées pour s’en rendre compte. La température ambiante du pays vient renforcer cet état de fait car il suffit qu’une nouvelle trouvaille soit découverte pour que le bouche-à-oreille, dont elles sont si friandes, fonctionne à merveille et que la recette passe d’un foyer à un autre.

Mamadou Niang (Stagiaire) et Babacar N. Faye,



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