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EDUCATION POUR TOUS EN AFRIQUE : Des pas de géants, des défis encore énormes

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EDUCATION POUR TOUS EN AFRIQUE : Des pas de géants, des défis encore énormes

A mi-chemin de la date butoir pour l’atteinte des objectifs d’Education pour tous en 2015, l’état des lieux de l’école en Afrique n’incite guère à un optimisme béat. Malgré des résultats notables acquis dans le domaine de la scolarisation universelle par exemple, les contraintes que rencontrent les systèmes éducatifs dans le continent noir, sept années après Dakar 2000, renseignent sur la nature des efforts laborieux à effectuer encore pour inscrire nos écoles dans le champ de la performance interne. 

Dans le sillage de la Conférence internationale de Jomtien (Thaïlande-1990), la communauté éducative internationale relayée par les pouvoirs publics, les agences de développement et les plus grands partenaires techniques et financiers (Ptf) de l’école dans le monde s’étaient réunis en avril 2000 dans la capitale sénégalaise pour élaborer les schémas stratégiques d’une articulation définitive de l’éducation au grand défi du développement humain durable. Le Cadre d’action de Dakar avait fixé six objectifs d’éducation et plus d’une dizaine de stratégies à même de faciliter l’atteinte de ceux-ci relativement à la promotion et à l’éducation de la petite enfance, à la scolarisation universelle et à la gratuité de l’enseignement primaire, à la lutte contre l’analphabétisme et à la facilitation de la parité et de l’égalité à l’école, enfin à l’instauration de la qualité dans les apprentissages et les programmes de formation. La date butoir de 2015 avait été arrêtée par la communauté éducative internationale pour répondre concrètement à ces objectifs de développement de l’éducation dans le monde, particulièrement dans les zones à faible revenu comme l’Afrique au sud du Sahara et certaines contrées d’Amérique du Sud et d’Asie.

Sept années après la mise en œuvre du Cadre d’action de Dakar, les résultats au plan des acquis restent mitigés, surtout dans le continent africain. S’il est vrai en effet que le Forum de Dakar a été un véritable catalyseur dans la mobilisation autour des objectifs d’Education pour tous, comme a tenu à le souligner Mme Lalla Aïcha Ben Barka de l’Unesco Breda au Forum régional de suivi de l’EPT tenu à Bamako (Mali) en septembre dernier, il n’empêche que les performances globales des systèmes éducatifs africains ne reflétent pas le dynamisme escompté depuis la conférence de Dakar en 2000. C’est ainsi qu’au premier tiers de la période fixée pour l’atteinte des objectifs d’EPT, seuls trois pays africains ont réussi à satisfaire l’objectif d’éducation primaire universelle (Epu). Il s’agit du Cap-vert, de Sao Tomé et Principe et les Seychelles. A coté de ces pays, plus d’une vingtaine d’Etats africains dont le Sénégal ont, selon les statistiques de l’UNESCO, une faible chance d’atteindre l’Epu. Quant à l’Afrique du Sud et la Guinée équatoriale, ces deux pays semblent complètement hors-jeu dans ce processus. Plus grave encore, les systèmes éducatifs africains continuent d’être confrontés à la faiblesse du niveau moyen des élèves, à des abandons et des rétentions fortement préjudiciables avec des taux d’achèvement très bas (09 enfants sur 10 accèdent à l’école alors que 04 d’entre eux ne terminent pas le cycle primaire). A côté de ces contraintes, subsistent également d’autres goulots d’étranglement des systèmes éducatifs plus néfastes encore telles les disparités entre sexes et entre régions, voire tout simplement les incohérences manifestes notées dans le pilotage de la qualité et dans la gestion des apprentissages. Or, à elle seule, l’Afrique compte près de 150 millions d’adultes analphabètes dont 64% de femmes et 38 millions d’enfants non scolarisés. Ce stock massif d’acteurs économiques potentiels exclus du système formel ou non formel d’acquisition des compétences fondamentales reste un frein majeur dans toute dynamique de développement humain durable.

Le tassement de l’aide globale à l’éducation

Pourtant, le Forum de Dakar avait indéniablement changé la donne en matière de développement de l’éducation surtout au plan institutionnel avec l’engagement agrégé des Etats et des bailleurs, la mise en œuvre de mécanismes pour la promotion et le suivi de l’EPT tant au niveau international, que régional et national et une forte mobilisation financière. Malheureusement, depuis 2005, la part de l’éducation dans l’aide globale a sensiblement baissé (de 07% à 05%). Cette nouvelle tendance suscite de sérieuses inquiétudes dans la mesure où elle induit un tassement de la priorité accordée à l’éducation et à l’effet mobilisateur du Forum de Dakar. A la réunion de suivi de l’EPT qui s’est déroulée à Bamako en septembre, le coordinateur régional de l’EPT en Afrique, le ministre nigérian Aja Nwachukwu, n’avait pas manqué de pointer un doigt accusateur en direction des partenaires au développement qui n’ont pas respecté les engagements financiers pris au Forum de Dakar, occasionnant de fait des déséquilibres délétères pour l’exécution des stratégies et politiques intégrées de promotion de l’éducation en Afrique.

Carences dans le pilotage de la qualité des apprentissages

Quoique la tenue du Forum de Dakar ait marqué un tournant dans la dynamique d’accès à l’école primaire en Afrique (avec un rythme d’accroissement annuel de plus de 36% des effectifs), les taux d’achèvement restent assez éloignés de l’objectif de la scolarisation primaire universelle en 2015, et traduisent par là la nature des efforts nationaux à réaliser pour enrôler tous les enfants en âge d’aller à l’école et leur faire bénéficier de programmes éducatifs opérationnels, intégrés et dynamiques. « Dans le cadre de l’EPT, il est en effet essentiel d’accorder autant d’importance à l’accès et à la rétention à l’école qu’à ce que les élèves apprennent effectivement en classe car ce sont bien les apprentissages effectués qui constituent le but ultime de toute éducation », disait avec force un expert des questions éducatives.

Malheureusement, en Afrique, des carences réelles sont notées dans le pilotage en matière de qualité des apprentissages. Les systèmes éducatifs africains gagneraient de fait, selon des analystes avisés, à rééquilibrer leurs mécanismes de gestion, de suivi et d’évaluation de la qualité des enseignements, toute chose qui ne saurait se faire qu’en oeuvrant à une meilleure gestion et une augmentation significative du quantum horaire. Il ne pourrait y avoir raisonnablement une amélioration sensible de la qualité des apprentissages dans l’éducation de base en Afrique si les systèmes éducatifs ne peuvent garantir à l’ensemble des élèves un temps d’enseignement proche de la norme internationale de 900h. Une gageure, nous a-t-il semblé, pour des pays constamment exposés aux grèves cycliques et aux mouvements d’humeur d’apprenants et de personnels d’encadrement pédagogique en quête permanente de meilleures conditions sociales ou d’études et de revalorisation de la fonction enseignante.

L’atteinte des objectifs d’EPT en 2015, une utopie ou un rêve ? Assurément, le chemin reste encore tortueux pour les systèmes éducatifs africains. Comment réduire par exemple de moitié avant 2015 l’analphabétisme dans le continent noir (150 millions d’adultes) avec la faiblesse des allocations budgétaires allouées à l’alphabétisation ? Malgré la pertinence de ce sous-secteur dans la lutte contre la pauvreté et dans la riposte conte le Vih/Sida, une maladie dont 75% des personnes atteintes vivent en Afrique subsaharienne, la part de budget de l’éducation dévolue au non formel reste ténue (moins de 01%). Une preuve si besoin en était encore que le volontarisme politique à la base d’un changement institutionnel en faveur de l’alphabétisation est loin d’être une réalité palpable en Afrique. Excepté le Burkina Faso, un pays qui consacre 07% de son budget de l’éducation au sous-secteur de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle, dépassant ainsi largement des pays comme le Sénégal qui est à 0,3% seulement alors que la communauté internationale recommande un taux de 03% au plan national.



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