EN VUE D’UN RETOUR AU PAYS - Une dizaine de cadres tâtent la réalité du marché sénégalais

Une dizaine de porteurs de projets essentiellement sénégalais provenant de la Région Rhône-Alpes (France) ont débarqué à Dakar dans le cadre d’une mission-pays. Ces stagiaires de l’Institut de formation Rhône-Alpes(Ifra) qui, depuis deux ans forme et accompagne des cadres créateurs d’entreprise à destination du Sénégal, outre la compréhension du contexte socio-économique, viennent s’imprégner des secteurs en création en vue d’un retour au pays. Pour une fois que les sénégalais de la diaspora ne jurent pas que par la pierre…

Il n’y a pas que ceux qui partent, il y a aussi ceux qui souhaitent revenir et investir dans des secteurs productifs. C’est le cas de ces stagiaires de l‘Institut de formation Rhône-Alpes(Ifra) situé précisément à Lyon, en France et qui, dans le cadre d’une formation évaluée l’année dernière par le dispositif du Fonds social européen(Fse) et à travers une branche naissante dénommée Ifra Sénégal, effectuent depuis quelques jours une mission-pays consistant à s’immerger dans le contexte socio-économique sénégalais. Une mission qui les a conduit déjà à visiter des structures d’appui dans la création et le développement d’entreprises tels que le Fpe(Fonds de promotion économique) mais aussi l’Apix, ou encore le Fsp.

Cette mission-pays, si l’on en croit le coordonnateur de la mission, Samba Ndiaye, par ailleurs consultant-formateur en création, redressement et reprise d’entreprise, spécialisé en montage financier, vise aussi à rencontrer les autorités sénégalaises « pour lancer le signal que les sénégalais qui vivent à l’étranger souhaitent revenir créer de la valeur ajoutée. » Autrement dit, s’inscrire dans une dynamique de co-développement, « cet autre versant souvent proclamée mais pas assez mis en valeur », mais aussi dans la dynamique de la stratégie de croissance accélérée.

Pour une fois que les sénégalais de la diaspora, candidats au retour, ne jurent pas que par la « pierre », ces porteurs de projets lorgnent concrètement vers les secteurs du tourisme intégré, le développement durable à travers un projet de recyclage des déchets solides prévu dans la zone de Tivaouane, la promotion artistique à travers une agence qui servirait de passerelle entre les artistes et les galeries d’art, la représentation de laboratoire pharmaceutique, le conseil à destination des collectivités locales. Des projets à taille humaine dont la surface financière tourne en moyenne autour de 200 000 euros (près de 200 millions de FCfa), mais aussi des projets de grande envergure dans les domaines de la culture de coton biologique, de la transformation industrielle de jus de fruits, des exportations des produits de pêche (relance du secteur), avec une surface financière de quelque 600 000 euros (environ 400 millions de FCfa) pour ce dernier projet ciblé dans la zone de St.Louis, « notamment une usine toute neuve qui se trouve sur place et qui n’est pas opérationnelle », nous dit Samba Ndiaye qui indique en outre que la plupart de ces projets sont dans une phase très avancée et « les différentes rencontres avec les responsables des différentes structures d’appui sont très encourageantes », assure-t-il.

Encourageantes, c’est une meilleure connaissance du terrain au contact des spécialistes sur place, et des secteurs à problèmes, ainsi que ceux éligibles au code des investissements, sachant qu’auparavant, internet représentait la seule source d’informations pour ces porteurs de projets.

Réaliste, le coordonnateur ne s’attend tout de même pas à 100% de concrétisation de ces projets, l’essentiel étant pour lui « la dynamique qui consiste pour les immigrés à investir non plus dans le confort ou autre immobilier, mais plutôt dans d’autres types d’investissements», étant entendu que la réalité c’est le marché.

Dans sa politique de formation-accompagnement, la phase ingénieurie pilotée par l’Ifra vise ainsi la structuration d’une plate-forme parteunariale intitulée « Entreprendre avec l’Afrique », réunissant un ensemble d’acteurs tant au Nord qu’au Sud afin de donner une assise solide aux futures actions du programme « Cadres créateurs Afrique ». C’est d’ailleurs ainsi qu’un autre groupe de cadres est sur pieds pour entreprendre la même démarche en Algérie.

Quant à la dizaine de porteurs de projets qui sont actuellement au Sénégal, ils devraient étendre durant leur séjour leurs visites à d’autres structures d’appui comme l’Adpme, mais aussi le secteur bancaire qui représente le nerf du dispositif essaimé par l’Ifra.