ENVIRONNEMENT INSALUBRE : Gargottes et garages ceinturent le Palais de Justice

Le nouveau Palais de justice est victime d’une fréquentation diurne peu regardante quant à la salubrité qui sied à la solennité du temple de Thémis. Les occupants des garages mécaniques, des gargotes et autres commerces proches, ainsi que les simples badauds ont fini de mettre ce haut lieu du centre ville dans toutes sortes de nuisances dont nul ne semble plus s’émouvoir.

Certains Sénégalais manquent singulièrement de civisme, s’ils ne sont pas totalement ignorants de la valeur des symboles de l’Etat. Il suffit simplement de regarder aux alentours du palais de justice à proximité du garage Lat Dior pour en avoir le cœur net. La scène est tellement choquante quand certains passagers voient cet homme se tenant debout, un sachet d’eau en plastique entre les mains qu’il porte de temps en temps à sa bouche, le sexe au vent, pissant dans un tas d’ordures immondes. Près de lui, accroupi, les pans de son grand boubou tenu d’une main, un homme, la cinquantaine sonnée, urine sans se soucier des regards désapprobateurs des passants.

Non loin de là, des mécaniciens et chauffeurs discutent à tue-tête sur les réglages qu’il faut apporter à leurs guimbardes d’une vétusté si inquiétante que les usagers ont fini par les appeler des « cercueils ambulants ». Les eaux de pluie stagnantes et les détritus jetés par les femmes restauratrices, mêlées aux urines, puent à cent lieux et ont fini d’infecter la ruelle qui descend vers le garage et, plus bas, vers le nouveau Palais de justice. Pourtant, respirer ces effluves fétides ne semble nullement gêner les occupants du terrain vague d’en face. Puisque ce noman’s land est devenue une laverie de véhicules en tout genre.

Sachant que les usagers de la justice y garent leurs véhicules pour régler leurs affaires personnelles, les jeunes laveurs s’empressent de les astiquer pour gagner quelques sous au retour des propriétaires. Les taximans ne sont pas en reste, ils font entretenir leurs tacots tout en guettant un éventuel client sortant du Palais. L’endroit a fini ainsi par être parsemé de petites flaques d’eau où pataugent les laveurs sans se soucier de l’hygiène. Interrogés sur la saleté repoussante dans laquelle ils sont en permanence, ils répondent avec une inconvenance déconcertante : « un vrai homme n’a pas à se soucier de ça, ce comportement doit être celui des femmes, nous, ce qui nous intéresse c’est l’argent et on fait tout pour en gagner le maximum ». Cette saleté ambiante ne semble non plus inquiéter les agents en faction devant le portail du Palais où ils filtrent les entrées et sorties des visiteurs. A en croire l’un d’eux, leur rôle se limite à la stricte surveillance des lieux. « Notre rôle consiste à assurer la sécurité maximale à l’intérieur comme à l’extérieur pour avoir une circulation fluide, dit notre interlocuteur. Mais en aucun cas, la gendarmerie n’est concernée par ces questions qui relèvent de la Municipalité de Dakar ».

La tête bourdonnante, on se rend compte qu’en dehors de l’incivisme des badauds, cette insalubrité est aggravée par l’existence de garages mécaniques pour les réparations des cars rapides et d’un chapelet de restaurants et gargotes séparés les uns des autres par des rideaux d’une propreté douteuse. Pis pour les cœurs tendres, les commerçants tout proches déversent les décibels de leurs sonorisation superpuissantes, sans se préoccuper des riverains, des passants, ni même des occupants du temple de Thémis.