D’après les statistiques, plus de 70 000 enfants mendient et déambulent dans les rues de Dakar. Vous les voyez tous les matins devant vos portes, de l’intérieur de vos voitures cossues, devant vos bureaux, dans vos lieux de cultes et même devant les portes de vos clubs favoris des almadies. Ils sont partout et les données fournies par nos chercheurs et spécialistes ne reflètent certainement pas toute l’ampleur des dégâts.
Pourtant, le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays a ratifié tous les instruments de protection de la personne dont ceux relatifs aux enfants, à l’exemple de la convention relative aux droits de l’enfant, la convention de l’IOT abolissant le travail des enfants sans compter d’avoir ratifié la charte africaine des Droits et du Bien-être des enfants. Dans le même temps, le code pénal du Sénégal condamne bien la mendicité et plus sévèrement encore, ceux qui «incitent ou emploient d’autres personnes à la mendicité». Dans son article 244, le même code sanctionne également «l’exploitation et le délaissement d’enfant ou d’incapable». La loi No 75-77 du 9 Juillet 1975 stipule bien que «tout acte de mendicité est passible d’un emprisonnement de 3 mois à 6 mois.
Que fait-on également de la loi contre l’exploitation des enfants par la mendicité, promulguée par le président de la République d’alors Me Wade et adoptée par l’assemblée Nationale en sa séance du 29 Avril 2005 ? Pourquoi tant de mendiants dans les rues de Dakar quand l’article 3 de cette même loi stipule que «quiconque organise la mendicité ou exerce une pression sur une personne pour qu’elle mendie ou continue de le faire, est puni d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 500 mille fcfa a 2 millions de fcfa ?
Les «Daaras» qui sont des institutions qui prennent en charge l’éducation religieuse des enfants, enseignent aux « talibés » en plus du coran, certaines valeurs de la vie communautaire comme la courtoisie, la solidarité, l’endurance, la persévérance, l’obéissance. Au Sénégal, Le «DAARA» est communément regardé comme un espace de vie sociale, d’enseignement du Coran, et d’initiation à la vie sociale et spirituelle ou le « talibé » ou l’élève est place sous la responsabilité du maître coranique ou marabout communément appelé «Sérigne».
Cependant, la réalité est autre. Aujourd’hui, plus de 70 000 enfants de 3 à 15 ans trainent dans les rues de la capitale au vu et aux sus de tous. Confiés par leurs parents à des maîtres coraniques censés les guider sur «la voie de Dieu», ces enfants sont exploites par ces mêmes maîtres coraniques qui les envoient dans la rue pour quémander. Le statut du « talibé » aussi bien des «Daaras» n’étant régi par aucune législation, les enfants « talibés » ne bénéficient d’aucun suivi ou soutien des autorités, s’ils ne sont simplement pas abandonnés par leurs parents. Les maîtres coranique qui ne sont ni outillés, ni formés et durement frappés par la conjoncture, sont souvent obligés de s’appuyer sur leurs talibés pour ainsi survivre. Les Daaras ne disposent généralement pas de toilettes fonctionnelles sans compter les conditions d’apprentissage qui sont difficiles, des fois atroces.
Cependant, de quoi s’agit-il vraiment ici ? Et qui est responsable ?
L’ampleur qu’a connu cet accident déplorable et qu’on pouvait prévenir s’explique t’elle parce qu’il y’avait 40 enfants qui dormaient agglutinés dans une chambre, ou qu’a part la volonté du bon Dieu, il fut pratiquement impossible aux secours d’accéder facilement et a temps, au lieu du drame dans les minutes qui ont suivi l’incendie?
Est-il légitime de se demander s’il était-il matériellement possible d’atténuer les importants dégâts ainsi que les nombreux morts si jamais la zone fut un quartier assaini, dégagé et facilement accessible ?
Thats the question, et j’estime que Oui.
Sincèrement, point besoin d’être un technicien en la matière ni un diplômé en urbanisation pour s’apercevoir que Dakar étouffe. La capitale est malade de son urbanisation sauvage qui pose un sérieux problème et nos gouvernants refusent d’en parler ou de reconnaitre les graves dangers encourus par plus de 3,5 millions de Dakarois. Avec près d’un quart de la population nationale vivant sur 0,3 % de la superficie nationale, la capitale devient de plus en plus invivable et s’achemine vers le chaos total si rien n’est fait. Les constructions sauvages qui continuent, causent un grand dommage aussi bien aux populations mais également a l’économie du pays. Selon les spécialistes de la question, environ 190.000 personnes venant des autres localités du pays en particulier des zones rurales, viennent s’installer dans la capitale et ses environs, et ce tous les ans. Cette croissance estimée à 6% pose un véritable problème car les infrastructures construites ne pouvant supporter cette surpopulation. Par sa passivité légendaire, l’état a laissé faire, et dans certains cas, des autorités ont même été complices en délivrant des permis de construire sur des zones normalement protégées ou inhabitables.
Quant aux « Daaras », vouloir tout mettre sur leur dos serait tout simplement injuste. Pire je le considèrerais juste comme de la poudre aux yeux pour masquer les vraies plaies, et dans le même temps annihiler toute velléité d’y voir plus clair.
Au lieu de juste fermer les récalcitrants ou de punir certains, pourquoi l’apprentissage du coran ne peut-il pas être encadré et modernisé ? Pourquoi ne pas constituer une équipe parlementaire spéciale qui va se pencher sur la question de concert avec les spécialistes sur la matière, et qui va proposer une formule moderne et adéquate d’une nouvelle « école coranique » ou les intérêts de chacun, surtout des enfants seront pris en compte ?
J’estime aujourd’hui que l’état doit bel et bien intervenir en organisant les écoles coraniques et ainsi, jouer pleinement son rôle régalien de protecteur et de défenseur des droits des enfants talibés et de tous les enfants sans discrimination. Il a tous les moyens et la possibilité de le faire comme il a réussi par exemple à mettre sur pied le programme de la case des tous petits. En quelque sorte, non seulement d’orienter et d’ouvrir l’enseignement de l’école coranique vers la modernité, mais également de prôner une rupture avec les pratiques du passé par l’abandon total de la mendicité et de toute activités qui peuvent les mettre dans la rue ou qui les exposent à des dangers, tels qu’ils soient. La nouvelle « Ecole coranique » doit prendre en compte les besoins du « talibé » pour son épanouissement, son bien-être et son développement. L’enfant doit trouver dans cette institution du plaisir dans l’apprentissage et le respect de tous ses droits.
Quoi qu’il en soit, même si dans cette histoire les degrés de responsabilités diffèrent, ils doivent cependant être partagés par nous tous. On est tous coupable de par notre négligence, de par notre laisser aller, mais surtout de par notre silence coupable face a tant d’injustice. Pour cette fois ci, on doit exiger de notre gouvernement des mesures concrètes qui devront normalement éradiquer la mendicité non pas seulement a Dakar, mais dans tout le pays. Au moins d’atténuer le phénomène en ramenant ces enfants la ou ils devraient normalement être : a l’école, fut-elle coranique.
Ils nous le doivent !!
A Double U
6 Commentaires
Feug21
En Mars, 2013 (00:45 AM)mais quand vous leur donnez de l 'argent , c'est pour leur confort perso & celui de leurs familles,
des millions & millions en "adyas" pour de belles voitures , de jolies épouses & des voyages !!!
même si on leur donnait pour les daaras , ils se le mettraient dans la poche .
c est l'homo senegalensis qui est comme çà. HÉLAS . PITOYABLE CES SERIGNES .
Etat
En Mars, 2013 (05:03 AM)Otis
En Mars, 2013 (05:51 AM)Pour cela, il faudrait:
- Fixer des normes et un cahier des charges aux daaras
- Recenser tous les daaras qui répondent aux critères définis.
- Subventionner les daaras sélectionnés pour permettre aux élèves d'étudier dans de bonnes conditions.
- Interdire la mendicité dans les rues et ouvrir des cantines financées en partie par l'état et par les dons des musulmans.
- Définir des conditions et aptitudes pour exercer le métier de maître coranique et leur donner un salaire lié. à leur statut
- Sanctionner ceux qui exercent illégalement cette fonction.
Mfa
En Mars, 2013 (09:03 AM)Lion
En Mars, 2013 (10:14 AM)Chave
En Mars, 2013 (10:46 AM)Participer à la Discussion