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François Bakou, le patron de Amsa Assurances, ouvre le feu sur le journaliste Abdou Latif Coulibaly (Document)

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François Bakou, le patron de Amsa Assurances, ouvre le feu sur le journaliste Abdou Latif Coulibaly (Document)

Le patron et actionnaire majoritaire de Amsa Assurances n'est pas content de la dernière enquête que le journal de Abdou Latif Coulibaly, La Gazette, a menée sur sa société. Et dans un droit de réponse, il apporte une riposte vigoureuse au directeur de publication du dit journal. Dans un ton sans appel, il dit à l'endroit de Latif : «La presse d’investigation se caractériserait-elle par le souci de brûler les étapes et surtout de juger à la place des juges ? Voilà en tout cas le reflet que vous projetez d’elle, celui d’une inquisition plus que d’une investigation. Hélas ! Trois fois hélas ! ». Mr Bakou cet ivoirien qui a investi dans notre pays se dit «victime d'une partie de la presse sénégalaise » qui cherche sa perte à travers une série d'articles. Pour rappel, l'article de Latif Coulibaly parlait d'un placement de 6 milliards de l'ARTP à Amsa Assurances. Nous vous donnons en exclusivité la première sortie publique de Bakou au Sénégal pour répondre aux multiples «attaques dont il est victime ».


Monsieur le directeur de la publication,
Ce que j’ai lu sur moi dans le n° 57 du magazine La Gazette m’a amené à me demander s’il existe au Sénégal un serpent de mer plus régulier que ma personne. Depuis une demi-douzaine d’années en effet, il ne se passe pas une séquence de temps de 24 mois, sans que la presse dakaroise n’estime indispensable de braquer ses projecteurs sur François Bakou et sur le travail exigeant que j’essaie modestement de réaliser avec la compagnie d’assurances Amsa et sa maison-mère Cfoa. Et, invariablement, cet intérêt des médias sert de prétexte pour me jeter en pâture à l’opinion, me dépeignant en effet comme un bandit de grands chemins, un carnassier embusqué dans l’obscurité, prêt à bondir pour détrousser la veuve et l’orphelin. D’ailleurs votre magazine, dernier journal en date à illustrer cette pratique, termine son dossier en renvoyant ses lecteurs aux confrères qui l’ont devancé dans le vil projet de me jeter sans cesse sur un chemin de croix : Les Échos, Le Témoin.

Au rebours des précédentes occasions où j’avais toujours écouté les conseils m’appelant à la réserve, j’ai décidé cette fois d’utiliser mon droit de réponse, à la fois pour dénoncer les agissements de plus en plus insupportables d’un certain journalisme, et pour corriger une représentation de ma personne que je ne veux plus laisser aux seules mains de détracteurs aux visées inavouables.

D’abord donc, le type de journalisme qu’illustre votre dossier. Je vais tenter de le projeter en décrivant simplement la démarche que vous avez utilisée dans la production de vos articles.

Le document de la Cima qui a inspiré ces articles est, vous le savez, un pré-rapport adressé à Amsa Vie, après un audit de routine effectué au sein de cette compagnie d’assurances par la Conférence interafricaine des marchés d’assurances. Je ne veux pas savoir qui l’a transmis au magazine La Gazette, pour ne pas avoir à m’étendre sur le courage et le sens des responsabilités d’une taupe.

Votre journal n’était pas sans savoir que, après la réception de ce pré-rapport, Amsa Vie devait donner des réponses aux objections soulevées. Vous n’ignoriez pas non plus que ces réponses doivent être prises en compte dans un rapport définitif de la Cima. Telle est en tout cas la pratique dans toutes les procédures normales d’audit.

Or votre article intitulé « Un placement controversé » laisse clairement lire que vous avez travaillé à partir du « Rapport de contrôle 2009 » de la Cima. Vous savez très bien que cela n’est pas exact. Vous savez très bien, en effet, que vous vous êtes servi d’un pré-rapport, qui a été l’objet d’amendements signalés, en instance d’intégration dans un rapport définitif que nous attendons encore en ce moment.

La décision de faire passer un pré-rapport pour un rapport définitif et, à partir de là, de proférer invectives, mises en garde et leçons de morale est une première bizarrerie. Il y en a une deuxième. Quand votre rédacteur, après avoir reçu le pré-rapport de la Cima, a approché Amsa Vie, le rapport correctif de cette maison, préparé pour la Cima, lui a été remis. Or votre article l’a ignoré totalement, n’en laissant pas même transpirer une virgule.

Ce qui vous intéressait exclusivement, c’était, en somme, de montrer combien un placement de l’Artp à Amsa Vie était « controversé », combien règne autour de moi « la loi de l’omerta », combien Amsa Vie est « menacée » et combien « la gestion de la Cfoa est contestée ». Votre propos n’est, en d’autres termes, que parti-pris, qu’absence de mesure, absence d’équilibre. Comment voulez-vous qu’en procédant ainsi, votre article ne soit pas simplement une illustration de l’équivalence chère à Talleyrand entre ce qui est excessif et ce qui est insignifiant ?

Le journalisme d’investigation dont votre journal se prévaut fait ensuite aborder à votre article intitulé « Gestion contestée de la Cfoa », le contentieux qui existe, à l’heure actuelle, entre Mme Élisabeth Altounian et moi. Dans ce texte, vous avez la lucidité de parler vous-même d’« un litige qui est toujours pendant devant la justice », mais pas la patience d’attendre que, comme il se doit, les juges précèdent vos commentaires et surtout… vos condamnations.

Pour mieux prononcer celles-ci, vous abandonnez rapidement le « litige pendant » pour glisser sur je ne sais quel « autre contentieux » entre la même Mme Altounian et moi. Et vous procédez ainsi à seule fin de monter en épingle l’idée que « Bakou est inculpé pour escroquerie, abus de biens sociaux, faux et usage de faux ». Qui a lu vos devanciers mentionnés ci-dessus sait que vous avez écrit cela d’après la légende héritée d’eux. Comme eux, vous ne cachez pas que votre but unique est de m’envoyer au diable, à la place d’une justice qui consent quant à elle, de manière incompréhensible à vos yeux, à me laisser la « narguer ».

Eh bien messieurs, le monde entier sait aujourd’hui qu’avant le verdict d’un procès, un prévenu est, tout au plus, présumé coupable, et que le terme équivoque et parfois suspect d’« inculpé » ne peut pas être agité comme un chiffon rouge pour l’accabler. Le monde entier sait aussi que, dans ce statut même de présumé coupable, le prévenu a des droits. Pourquoi votre journal veut-il laisser croire que le respect de ces droits est une manière de « narguer la justice » ? Que diable n’attendez-vous le verdict du tribunal ? Pourquoi êtes-vous si pressés ? La presse d’investigation se caractériserait-elle par le souci de brûler les étapes et surtout de juger à la place des juges ? Voilà en tout cas le reflet que vous projetez d’elle, celui d’une inquisition plus que d’une investigation. Hélas ! Trois fois hélas !

Toujours dans l’article intitulé « Gestion contestée de la Cfoa », vous écrivez que des faits similaires me sont reprochés dans la gestion d’Amsa Côte d’Ivoire, placée, encore d’après vous, sous administration provisoire. Vous faites état, ensuite, d’une condamnation en Côte d’Ivoire en 1998, pour faillite frauduleuse sur plainte d’un de mes actionnaires. Enfin vous parlez d’une prétendue perte du Groupe togolais des assurances (GTA).

Trouvez-vous normal d’évoquer ces affaires sans avoir jamais cherché à me rencontrer moi-même, à entendre ma version, moi le premier concerné ? Est-ce vraiment cela le journalisme, et a fortiori le journalisme d’investigation ? J’ai le regret de vous dire qu’en procédant ainsi, vous ne pouviez que mêler la fiction à la fantaisie, accumuler des élucubrations et, ce qui est plus grave, abuser vos lecteurs. Si une telle approche vous agrée parce qu’elle sert votre intention de transformer un article de presse en une plaidoirie à charge, sachez en tout cas qu’elle est tout sauf le journalisme d’investigation dont vous prétendez porter le flambeau.

Avant d’en finir avec ce point, je vous prie de noter que je tiens à votre disposition les décisions rendues en première instance et en appel par les tribunaux abidjanais dans le procès de 1998 que votre article a évoqué manifestement sans rien en savoir. Vous pourrez consulter également, si vous consentez à me rencontrer, le dernier Rapport de la Cima sur Amsa Côte d’Ivoire. Il vous éclairera plus objectivement et sur cette compagnie et sur l’actionnariat de GTA, deux sujets que votre dossier a également évoqués sans rien en savoir visiblement là non plus.

Permettez-moi d’en venir maintenant à la peinture ténébreuse que vous avez décidé de faire de moi systématiquement. Votre journal n’est pas le premier, sur la place de Dakar, à vouloir à tout propos me badigeonner sous les traits d’un gredin. Votre même article « Gestion contestée de la Cfoa » assure que j’ai usé de ma position d’actionnaire majoritaire pour priver Mme Altounian de 350 millions de dividendes. Vous m’accusez ensuite d’« (avoir mis) Amsa à genoux », fidèle en cela à une habitude de faillite incurable chez moi.

Voilà des attaques gratuites, des insinuations malveillantes, des propos tendancieux. Ils deviennent si répétitifs que j’en suis à me demander s’ils ne finiront pas par nous conduire un jour devant les tribunaux.

Ce qu’il m’importe de vous apprendre aujourd’hui est simple : il vous était loisible, si votre intention était vraiment d’éclairer la lanterne de vos lecteurs, de m’approcher pour entendre ma part de vérité et la fournir à leur appréciation. Vous auriez sans doute produit un dossier plus rigoureux, plus objectif, plus équilibré. Sans doute aussi, vous auriez compris que « les litiges pendants devant la justice » doivent provisoirement être laissés à l’écart, dans la mesure où ni vous ni moi ne pouvons les aborder sur la place publique.

Au lieu de cela, vous avez préféré me fuir et, retranchés dans votre cachette, accumuler des ragots que vous n’avez voulu ni vérifier ni recouper à la bonne source. Dans quel but avez-vous agi ainsi si ce n’est pour nuire à mon image, pour apporter votre pierre à l’entreprise de noircissement de mon nom qui semble être devenue le projet d’une ligue de votre milieu ?

Je voudrais, pour terminer, vous livrer en cinq points quelques réflexions que m’inspire toute cette affaire. Je voudrais, premièrement, vous dire que, dans le milieu des affaires, les procès sont monnaie courante, le pain quotidien. Ce n’est pas parce qu’un homme d’affaires est confronté à un procès qu’il devient le premier malfaiteur de la terre. Raisonner ainsi, c’est à la fois donner dans le simplisme, se tromper lourdement et, dans le cas d’un journaliste, tromper en même temps ses lecteurs.

Deuxièmement, ce n’est pas parce qu’on fait des affaires qu’on gruge les veuves et les petits. Pour ma part en tout cas, je ne suis pas venu au Sénégal pour gruger une veuve. J’ai simplement le regret de constater que les affaires, comme tout ce qui vit sous les cieux, sont assujetties à des règles et des lois et que, si une veuve est dans les affaires, la loi ne sera pas plus souple pour elle parce qu’elle est veuve. La loi la traitera de la même manière qu’elle traite tous les autres hommes et femmes d’affaires. Cela peut vous surprendre, mais c’est ainsi.

Je voudrais, en troisième lieu, rassurer tous ceux qui pourraient penser que je suis venu au Sénégal pour piller Amsa. La presse a tant répandu de vaticinations sur mon compte qu’on pourrait trouver des gens honnêtes pour croire cela. Je l’affirme ici haut et clair : je ne vis même pas d’Amsa. Tous ceux qui fantasment à mon sujet en pensant que je suis venu m’enrichir au Sénégal avec une petite boîte comme celle-là ne me connaissent pas. Si j’ai investi ici, c’est d’abord parce que j’aime le Sénégal, j’aime le pays de la Teranga, et j’ai des ambitions bien plus hautes pour lui que celles d’une modeste compagnie d’assurances qui, je le répète, ne me nourrit pas. À mon arc, Dieu merci !, j’ai encore assez de cordes pour me garder de celle-là.

Quand je regarde finement la cabale dont je suis l’objet, je me demande si, au fond, cela ne dérange pas quelques journalistes de voir un homme d’affaires qui n’est pas sénégalais prendre pied dans le milieu des affaires du Sénégal. Ce que je perçois en tout cas clairement comme objectif des gracieusetés que m’accorde la presse, c’est au mieux de me faire coiffer à la tête d’Amsa par un Sénégalais, au pire de me bouter tout simplement hors du Sénégal. Je ne m’explique pas autrement un harcèlement médiatique qui, s’il me soumet à un lynchage systématique, en revanche prend systématiquement fait et cause pour une actionnaire d’Amsa n’ayant pour toute différence avec moi que sa nationalité sénégalaise.

Mais, en raisonnant et même en grenouillant ainsi, vous vous trompez d’importance, messieurs les journalistes. Tout est en effet transparent à Amsa, et la transparence crée un environnement dans lequel il n’est simplement pas possible de faire entorse à ce qui est juste, d’abandonner les arguments objectifs et de s’appuyer sur des critères tordus pour favoriser un tel ou un tel.

La quatrième réflexion que je voudrais partager avec vous touche au métier de l’assurance. C’est un métier dans lequel la confiance occupe une place centrale. En effet, on ne confie pas son assurance à une compagnie qui n’est pas fiable. La nôtre, Dieu merci, pète la forme en ce moment. Elle n’a qu’un problème : l’hostilité d’une presse sénégalaise visiblement acharnée à sa perte. Je ne veux pas croire en effet que l’agitation périodique d’allégations totalement infondées sur mon compte soit une manière de cultiver la confiance en notre compagnie et ainsi l’aider à conserver ses clients. L’objectif de la déstabilisation d’Amsa est, au contraire, on ne peut plus clair. J’aborde ce sujet avec beaucoup de gravité car, s’il se produisait quoi que ce soit, ce n’est pas moi qui aurais à en pâtir. Ce seraient les pères et les mères de familles sénégalais que la compagnie emploie. Est-ce cela que recherche la presse sénégalaise ?

J’ai voulu garder pour la bonne bouche un mot supplémentaire et conclusif sur le journalisme d’investigation. Celui qui a été pratiqué pour monter le dossier dont nous parlons ici n’a strictement rien à voir avec une investigation quelconque. Il y a eu simplement un ou quelques ânes bâtés qui ont indûment soustrait à Amsa un document confidentiel pour permettre à la presse de faire des choux gras. Mais, chou pour chou, la presse a fait chou blanc, étant tombée et ayant bâti tout son argumentaire sur un document qui n’est qu’un provisoire. Cette affaire est révélatrice d’une démarche et de méthodes qui ne sont ni honorables ni recommandables. Être journaliste, ce n’est pas être à la solde de gens qui veulent régler des comptes à d’autres. Si un journaliste veut agir ainsi, libre à lui. Mais alors, qu’il ne nous fasse pas croire à du journalisme, et surtout à du journalisme d’investigation. Ce métier n’est pas un bal masqué pour des gros bras au service de causes sombres. Il est si beau quand il s’occupe à rechercher l’information et à la vérifier avant de la diffuser. Mais, aux vertus qu’on demande à de vrais journalistes, combien mériteraient d’être de simples stagiaires ? D’un métier qui est noble, beaucoup ne donnent en effet que l’image de la pitié. J’ai mal pour eux !






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