C’est cette personne qui, suite à un ordre d’obligation de quitter le territoire français, émanant du préfet de l’Ardèche, a été cueillie mardi matin à son domicile du Cheylard pour être conduite au centre de rétention de Lyon-Saint-Exupéry. Mais là-bas, le médecin a refusé de valider l’expulsion : il a déclaré qu’elle ne peut voyager qu’en avion sanitaire et que son état de santé est incompatible avec sa présence dans un centre de rétention. Ne pouvant être raccompagnée chez elle par les autorités, des amis valentinois sont venus la chercher et l’ont hébergée la nuit avant qu’elle ne retourne chez elle, le lendemain par le car.
Elle pleure lorsqu’elle pense à ce que devrait être sa vie : chanter devant son public.
Arivée en France en 2001 pour rejoindre son mari, elle est allée d’infortune en infortune jusqu’à une chute qui a fait basculer sa vie.
"Je suis petite fille de tirailleurs sénégalais. Mes parents sont morts pour la France"
Au domicile de sa belle-mère qui hébergeait le couple qui n’en n’était plus un, elle est tombée d’une échelle sur une hauteur d’une dizaine de mètres. Au CHU de Montpellier, un an plus tard une opération a pu sauver ce qui pouvait l’être. Elle a été déclarée handicapée à 79%, mais pas plus, pour pouvoir continuer à exercer son activité de chanteuse et musicienne.
Puis est venue se greffer la procédure d’expulsion, alors qu’elle avait pu être installée dans un appartement du Cheylard et trouvé le réconfort et toute l’aide de Gaël, son compagnon, depuis bientôt deux ans. Celui-ci n’y réside pas à demeure, mais effectue les tâches domestiques au quotidien dont elle est incapable et l’aide financièrement.
La voix entrecoupée par les sanglots, elle se désespère : « J’ai 30 ans et je ne peux pas vivre tranquille. Je vis un cauchemar. Je n’en peux plus. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Je ne fais de mal à personne. Qu’est-ce qu’on veut que je fasse de plus ? Je suis petite fille de tirailleurs sénégalais. Mes parents sont morts pour la France. Je parle couramment français. Toute la famille de Gaël me soutient. Je pourrais porter plainte mais, faire enfermer les gens, ça peut pas me rendre heureuse. Tout ce que j’ai perdu personne ne pourra me le rendre, ça ne m’enlèvera pas la douleur que j’ai... ».
Olivier BEYLON
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