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KARACK - Déguerpis par la Sicap : Colère noire des sans abris

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KARACK - Déguerpis par la Sicap : Colère noire des sans abris

Un bidonville situé au cœur du quartier Karack a été réduit en poussière, samedi dernier, par la Sicap après seulement cinq jours de préavis. Abritant une cinquantaine de familles, ces dernières ont dû passé la nuit à la belle étoile, sous le regard des passants et des automobilistes. Cependant, les sans abris menacent d’envahir l’école Baobab si les autorités concernées ne les relogent pas.

Décor inhabituel, ce samedi, à la Cité Karack : Le bruit des bulldozers mêlé à celui des caterpillars donne l’impression du déjà vu. On se croit devant l’un des chantiers du Président Wade avec ses groupes d’ouvriers, de matériaux de destructions et de constructions. Seulement, un spectacle désolant et pathétique s’ajoute à ce tableau, celui des 50 familles déguerpies, assises au bord de la route avec leurs quelques affaires qui ont pu être sauvées de ce «massacre».

Hommes, femmes et enfants ne savent plus où donner de la tête. Le visage triste, habillé la plupart en haillons pour affronter ce désastre, le désarroi se lisait partout dans ce bidonville qui était marqué par la pauvreté. N’empêche, les gens qui y vivaient, affirme notre interlocuteur, étaient très heureux. Sékou Touré, un quinquagénaire, le corps enduit de boue et de poussière, se trouve au milieu des décombres pour récupérer quelques affaires, dit-il.

Le débit lent, l’air préoccupé, il parle sans pour autant accorder du crédit aux questions. Car, ce qui intéresse M. Touré, c’est surtout l’avenir de ses enfants qui étudient à l’école Baobab. «Mes deux filles ne peuvent plus continuer l’année scolaire. Car, elles vont devoir rejoindre le village avec leur maman. Moi, je vais rester ici, en attendant de trouver un coin où loger», informe Sékou Touré. Entamant une série de lamentations, il poursuit : «Ce qui me fait le plus mal, c’est la manière dont ils s’y sont pris pour nous l’annoncer. Comment voudraient-ils qu’on trouve un abri avec seulement cinq jours de préavis. Et puis, les hommes qu’ils ont mandatés n’ont aucun respect pour nous.» Brandissant une feuille sur laquelle est écrit clairement la sommation de la Sicap, M. Touré s’offusque de cette situation et crie à l’injustice. «Il y a des familles qui sont là depuis 35 ans, où voudraient-ils qu’elles aillent ?», s’interroge-t-il.

Cependant, comme le dit l’adage, «le malheur des uns fait le bonheur des autres». Car, avoue M. Touré, le propriétaire de l’école Yalla-Suuren et du préscolaire Mamadou et Bineta, par ailleurs, deux établissement, fréquentés par la crème de la société, ne voulait plus voir ce bidonville, même en tableau. «Ils vont être contents, quand ils verront ça. Car, ils se plaignaient souvent du fait que les véhicules qui viennent chercher leurs élèves ne puissent pas trouver de la place à cause de nous», déclare-t-il.

Non loin de là, dans l’enceinte de l’école Baobab, une vieille femme assise à côté d’un bébé de 18 mois, apparemment alité, surveille ses bagages, tout en guettant l’arrivée de sa fille. «Ma petite fille est très malade et nous n’avons même pas où dormir cette nuit. Sa mère est allée chercher son père, qui se trouve dans les décombres, pour repérer nos affaires.» Le cœur meurtri de devoir quitter ces lieux où elle a passé, dit-elle, 35 ans de sa vie, elle sanglote et lâche son amertume : «Le bébé est malade et moi aussi, je ne sais pas si je survivrai si le froid me trouve ici. Car, je ne sais vraiment pas où aller, j’ai 70 ans et presque toute ma famille est morte», clame-t-elle.

Les cris de la vieille femme ameutent les autres «déguerpis». Ils viennent aux nouvelles et chargent le président de la République. «Le terrain appartenait à l’Etat. Ce sont eux qui l’ont vendu a la Sicap. Si les autorités étatiques ne nous relogent pas, nous allons habiter dans l’enceinte de l’école Baobab. Mais, Wade ne perd rien pour attendre, nous allons tous voter contre lui», affirment-t-ils.

Décidément, le lot des sinistrés et des mécontents ne cesse de croître dans ce pays dit de la téranga. Après les sinistrés de Gounas, Djeddah, Thiaroye Kao, Mouss Dalifa et Nietty Mbar, c’est maintenant au tour de Karack d’enregistrer son lot de sans abri, mais cette fois-ci en plein centre-ville. 



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