(Correspondance) - De quoi l’Agence pour l’exécution des travaux d’intérêts publics (Agetip) a-t-elle peur ? La question coule presque de source d’autant que le week-end dernier, cette structure a envoyé deux éclaireurs pour «une campagne de sensibilisation et d’information» sur le démarrage des travaux de la voirie de la commune de Kolda. «Nous sommes venus rassurer les populations sur le démarrage effectif des travaux». Ce propos a sonné tel un refrain lors du point de presse des envoyés de l’Agetip tenu dans les locaux de l’hôtel de ville. Quelle est la date exacte du début des travaux ? Combien de kilomètres de routes sont envisagés ? Quel est le coût des infrastructures ? Quels autres ouvrages seront construits ? Autant d’interrogations soulevées par les journalistes, mais restées sans réponse. «Une mission mieux indiquée pour éclairer votre lanterne sera bientôt à Kolda», a annoncé Mamadou Baldé, un des éclaireurs de l’Agétip.
Ce face-à-face avec la presse est un maillon de la chaîne d’explication entreprise par l’Agetip pour tranquilliser les populations. Sur les grandes artères de la ville, des banderoles sont déployées. Des tracts sont aussi apposés sur les murs. Partout figure la même enseigne : Voirie de la commune, démarrage effectif des travaux». L’après-midi du dimanche, Abdou Aziz Bodian, 4e adjoint au maire, s’est longuement employé, à travers les ondes de la Rts, à rassurer les populations gagnées par le doute. Seulement voilà : aussitôt déployées sur les grandes artères, des banderoles ont été arrachées. Sans doute par des individus ulcérés par la campagne d’information.
Au sein même du Conseil municipal, des voix fusent qui pour exprimer une surprise, qui pour dire l’impatience des populations. «Nous ne comprenons pas ce retard, nous avions compris que le 4 avril il y aura quelque chose», déplore Demba Baldé, président de la commission Urbanisme et Habitat du conseil municipal. «L’attente est longue», enchaîne M. Bodian, ajoutant aussitôt pour s’en féliciter que les travaux de topographie ont commencé.
Du côté de l’opposition le propos est plutôt trempé dans de l’acier. «Cette campagne ressemble à de la moquerie !», tonne Tidiane Ndiaye, secrétaire général du Jëf jël à Kolda. «A quoi bon faire des affiches et des points de presse pour annoncer le début des travaux», s’interroge-t-il, ajoutant que le meilleur moyen pour ce faire est de faire vrombir les engins. Et le patron du Jëf jël de s’interroger sur le cahier des charges. Les Chinois de Henan Chine qui ont raflé la mise ne sont-ils pas enfermés dans des délais ? La question est d’autant plus importante pour M. Ndiaye que le programme Kolda 2006 est bourré de mystères. Rien de précis sur la date exacte du début des travaux, le nombre de kilomètres à construire, les ouvrages administratifs, la manne à injecter dans ces travaux sont autant d’inconnues. Le flou entoure aussi, selon les camarades de Talla Sylla, le contenu du programme Kolda 2006. Parce qu'on ne connaît que la matrice d’actions élaborée sous la présidence du général Mamadou Niang, alors ministre de l’Intérieur et qui prévoyait une manne financière de 50 milliards francs Cfa.
Mais le plus inquiétant pour ces membres de l’opposition, «c’est qu’on est à moins de trois mois du 4 avril 2006». «A Thiès comme à Fatick, à la date du 4 avril, on avait livré au moins la moitié des travaux. Qu’est-ce que les Koldois vont réceptionner dans deux mois ?», s’interroge Tidiane Ndiaye. Une question qui peut bien cacher une autre, celle de savoir la qualité de l’accueil que les populations vont réserver au Premier ministre Macky Sall annoncé pour l’après-Tabaski. «Si Macky Sall arrive sans que les travaux ne démarrent son accueil sera mouvementé», alerte ce libéral.
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