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La Baie de Hann La porte de l’enfer vers l’Europe

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La Baie de Hann La porte de l’enfer vers l’Europe

La baie de Hann était connue pour son abondance en poisson et comme étant un endroit paisible pour des promenades en famille. Mais, aujourd’hui, cette vieille réputation semble être très loin derrière nous. Au moment où les ressources se raréfient, la baie de Hann est devenue un lieu d’embarcation pour des immigrés en partance pour l’Espagne, espérant des lendemains meilleurs. La baie ne répond plus aux espoirs de ces centaines de jeunes, qui avaient décidé de faire de la pêche leur principale activité. La surexploitation de la ressource, et les bateaux industriels ont tué l’espoir de ces jeunes qui pensent que, leurs dernières chances de s’en sortir est de traverser l’Atlantique, pour un voyage périlleux vers l’Espagne.

18 H30 minutes, le soleil commence à décliner sur la plage de Hann. Les enfants jouent au football et leurs grands-frères discutent autour d’une grillade de sardinelles sur le dernier combat de lutte. Au loin, les femmes exposent à même le sol quantité de poissons de différentes espèces et la plage semble bénéficier d’un coup de jeunesse car, elle est propre. La sensibilisation sur la nécessité de garder la berge propre, commence à porter ses fruits sur les populations. Tout ce monde n’attend qu’une chose : l’arrivée des pêcheurs. Partis depuis l’aube, tout le monde espère que la prise sera meilleure que les jours précédents car, la ressource est de plus en plus rare, et les conditions de travail plus difficiles. La seule explication possible selon les pêcheurs, c’est l’exploitation abusive des ressources de la mer aussi bien par les pêcheurs que les bateaux industriels. À 19H, les enfants, grâce à leurs cris, attirent l’attention sur l’arrivée des premières pirogues qui pointent à l’horizon. Quelques minutes plus tard, c’est l’effervescence des retrouvailles. Les enfants sont heureux de retrouver leurs pères et les femmes leurs maris. Les empoignades sont si tendres qu’on aurait pensé qu’ils étaient partis depuis plusieurs jours. C’est juste une sorte de délivrance d’une angoisse de la femme ou de l’enfant de retrouver son mari ou son père, après plusieurs heures d’attente. Il faut aider les pêcheurs à ramener la pirogue à terre, et ensuite c’est le débarquement des prises. À l’expression des visages, on peut aisément deviner que la pêche n’a pas été bonne car, la mer a donné tout ce qu’elle avait. Moussa à 27 ans, est le capitaine de son embarcation. «On est parti à 5 H du matin, mais la pêche n’est pas bonne aujourd’hui. Il y avait trop de vent en haute mer. Mais de toute façon, le poisson se raréfie de plus en plus. Il faut chaque jour aller un peu plus loin, pour espérer revenir avec une bonne prise». Cet aveu de Moussa est révélateur de la destruction des ressources halieutiques de notre pays. Moussa se rappelle du temps où, deux heures en mer suffisait pour remplir sa pirogue. Pour Moussa, «la raréfaction du poisson est due essentiellement aux bateaux de pêche industriels. Ils détruisent nos mers sans que personne ne dise rien. Ils ne font pas de différence entre petits ou grands poissons. On nous interdit d’utiliser nos filets filaments, alors les machines utilisées par ces bateaux industriels font pires». Pour son compagnon Abdou, il ne faut pas s’étonner que les jeunes prennent les bateaux pour aller en Espagne car, la mer ne leur offre plus rien. Abdou refoulé à deux reprises, estime que, «sa seule chance de s’en sortir c’est de partir. Ils ont tué la mer et aujourd’hui, pour nous, il n’y a qu’une possibilité : partir». N’a-t -il pas peur ainsi d’affronter la mort en tentant de voyager par la mer ? Une question qui fait presque sourire Abdou. «Je suis lébou, et je connais la mer. Ce n’est pas une semaine en mer qui va me faire peur. Si je ne peux rien tirer de la mer, alors je tenterai une fois encore le voyage». Une position qui traduit le désespoir de ce jeune, convaincu que sa seule voie de salut reste l’Espagne. Et pourtant, la baie de Hann était réputée être une zone très poissonneuse. Mis à part les bateaux industriels, Mousa pense que les différentes usines qui déversent leurs déchets dans la mer sont aussi pour beaucoup dans la raréfaction constatée de la ressource, même si la surexploitation de la ressource demeure certaine. La baie de Hann, connue jadis pour son poisson frais et en abondance, est aujourd’hui en passe de devenir un point d’embarcation pour l’eldorado espagnol. Cette baie qui s’étend sur plusieurs kilomètres, n’offre plus à ses fils le pain qui était la seule raison pour ces derniers, d’espérer des lendemains meilleurs en affrontant quotidiennement les vagues qui se déversent sur la berge, et que les femmes impatientes attendent, sourire aux lèvres le retour de leurs maris sous le crépuscule du soleil déclinant. 



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