LA DIPLOMATIE SENEGALAISE DEPUIS 2000 : Une présence aux fortunes diverses
Depuis la survenue de l’alternance politique au Sénégal, le 19 mars 2000, sa diplomatie a pris un autre rythme. Un changement dicté naturellement par une différence d’approche, de perception et surtout de méthode dans l’orientation diplomatique entre le régime socialiste et celui libéral. Ainsi, depuis dix ans, le Sénégal sous le président Abdoulaye Wade a tenté, tant bien que mal, de maintenir sa place de premier ordre sur le plan diplomatique. Cela, notamment sur le continent africain et plus particulièrement dans la sous-région. Pourtant, dès les premières heures de l’alternance, Dakar a pu réussir à recoller les morceaux dans certains conflits africains. D’abord dans la crise ivoirienne où l’ancien ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio (voir par ailleurs) avait fait étalage de tout son talent de négociateur. Et il faut reconnaître que cette phase d’implication de la diplomatie sénégalaise a permis d’enregistrer d’importantes avancées dans le processus de règlement du conflit ivoirien.
Ce même engagement a été démontré dans la crise malgache en 2002 opposant l’ancien président Didier Ratsiraka à son tombeur Marc Ravalomanana.
Réunissant les différents protagonistes à Dakar, le président Wade avait pu parvenir à la signature d’un accord englobant une feuille de route consensuelle. Et c’est d’ailleurs cet accord qui permit au président Ravalomanana de gouverner Madagascar jusqu’en 2009. Une réussite diplomatique qui pesa lourd sur la balance des performances sénégalaises. Ces prouesses diplomatiques sont à ranger dans le même registre que celles réalisées par le Sénégal dans le règlement de l’instabilité institutionnelle mauritanien. Dakar a été au cœur des négociations tripartites qui auront permis au général Abdel Aziz d’être élu à l’issue d’élections présidentielles.
Aussi, le Sénégal aura-t-il joué un rôle crucial dans le rapprochement entre le Soudan du président El Béchir et le Tchad d’Idriss Déby, à travers des accords signés en marge du dernier sommet de l'Organisation de la conférence islamique (Oci) tenu en mars 2008 à Dakar.
‘D'innombrables avancées’ ont été enregistrées au niveau ‘de l'Union africaine sous la pression d'une diplomatie sénégalaise, leader incontesté sur le front du panafricanisme’, rappelait Cheikh Tidiane Gadio après son limogeage. Au cours de ces dix ans du pouvoir libéral, le Sénégal a pu renouer ses relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, tout en accroissant sa coopération avec les pays émergents du Golfe. Et cela, en parvenant à préserver ses rapports historiques avec des pays comme la France, le Maroc et l'Arabie saoudite.
Mais toujours est-il que ces réussites sporadiques cachent mal la perte de vitesse globale dans la région. D’aucuns ayant trouvé que notre pays est de plus en plus mis à l’écart dans des conflits qu’aussi bien la géographie et l’histoire devaient propulser au cœur de leur règlement. D’abord, comment le Sénégal s’est arrangé pour que le règlement du conflit ivoirien atterrisse entre les mains du président Blaise Compaoré, s’interrogent ces observateurs. Le président du Burkina Faso étant devenu le facilitateur en chef dans la région ouest africaine avec ses multiples interventions au Ghana, au Togo, en Côte d’Ivoire et en Guinée. Une omniprésence diplomatique du président burkinabé qui se fait au détriment de la diplomatie sénégalaise. Celle-ci demeure, toutefois, incontournable dans une région marquée de plus en plus par une instabilité et le retour des coups de force militaires. Dernier en date : le coup d’Etat au Niger qui remet en scelle le Sénégal dont l’implication dans le dossier constitue un test majeur de la vivacité de sa diplomatie.
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