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LA MAMAN DE L’ETUDIANT AMPUTé DE LA JAMBE SE CONFIE «C’est mon fils aîné, il était l’espoir de la famille»

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LA MAMAN DE L’ETUDIANT AMPUTé DE LA JAMBE SE CONFIE «C’est mon fils aîné, il était l’espoir de la famille»

Hôpital Principal de Dakar. Dix huit heures 45 minutes. Plusieurs voitures garées à l’entrée de l’hôpital campent le décor. C’est l’heure des visites aux malades, les portes sont grandement ouvertes aux visiteurs. Accompagné de Ousmane Goudiaby, un ami de Mademba Sané, nous franchissons l’entrée principale avant d’emprunter les marches des escaliers qui mènent au bloc orthopédie. Là où est interné son camarade Mademba Sané à qui on a amputé la jambe gauche. Dans cette partie de l’hôpital, il règne un calme plat. Dans les couloirs, des parents de malades devisent tranquillement. Arrivé au niveau du bloc Usic R4, un groupe d’étudiants l’air à la fois triste et grave, le regard hagard, accueille le visiteur. « On est arrivé, c’est à gauche » lâche M.Goudiaby. Première, deuxième cabine, on fait face à une porte sur laquelle on peut lire « Silence. Porte fermée ». C’est là que se trouve l’étudiant Mademba Sané. De la fenêtre en verre, une dizaine d’étudiants, l’air dépité et abattu, n’ont d’ yeux que pour leur camarade sur son lit de l’autre côté. Enveloppé dans un drap blanc, avec quelques taches jaunâtres. On découvre la jambe gauche amputée à hauteur de la cuisse. L’image est insupportable. Ses camarades et ses parents se regardent dans les yeux sans trouver de mots à dire. « Je ne peux rien dire » nous lance son petit frère, l’air amère, devant une telle scène. Les visages deviennent transparents. On y lit de la tristesse. On y découvre de la désolation. Au fond des regards, une petite lumière brille qui annonce un cours d’eau, une larme. Quelques instants, après, une infirmière vient réveiller les visiteurs de leur sommeil profond. Elle entre dans la salle. Pour changer la bouteille de sang qui venait de se vider. Et les données sur la fiche. A la vue de la jeune femme, Mademba Sané lève les yeux pour la regarder. Il essaie de bouger l’autre jambe. Mais au bout de quelques secondes. Il lâche. Plus de forces. Il ne lui reste que ses yeux enfoncés dans le creux de l’orifice oculaire. De l’autre côté du couloir. Assise sur un banc, une femme, la quarantaine, l’air traumatisé attire notre attention. C’est la mère de Mademba Sané, nous signale-t-on. Sobrement habillée d’un d’un boubou « khartoum » de couleur rouge avec des motifs blancs. Néné Badji, la voix à peine audible. Signe de la très forte émotion qui l’étreint, l’étouffe et la torture. Et de nous confier : « C’est mon fils aîné. Il a 27 ans. C’était l’espoir de toute la famille ». Et d’ajouter : « quand j’ai appris la nouvelle cela m’a fait très mal. Je ne pensais pas que les choses pouvaient déborder à ce point ». Les larmes aux yeux, un trémolo dans la voix : « notre dernière rencontre remonte au mois d’Août 2005. Mais la veille de son accident, il a appelé son père à Bignona pour lui demander de lui faire un casier judiciaire pour faire le concours de la douane ». Levant les yeux vers le ciel , elle lance : « Tout ce que je veux c’est qu’on l’amène pour moi en France et pour le soigner pour qu’il puisse continuer ses études. C’était l’espoir de la famille ». Venant à son secours, un cousin à M.Sané d’ajouter « Avant qu’il ne tombe dans le coma, il avait confié à M.Dione chef de service régional d’appui au développement de Saint-Louis de dire à son père qu’il ne faisait pas partie de la marche. Il partait chercher ses clés. Et ils ont tiré sur lui » . « Son père qui vient de sortir de l’hôpital a été très peiné quand il a appris la nouvelle. Il a fait 30 jours à l’hôpital de Ziguinchor ». Pour Mamadou Sagna, coordonnateur du comité de soutien à Mademba Sané, il est formel : « on lui a tiré une balle réelle ». Et Ousmane Goudiaby de renchérir :« Lors des derniers affrontements, les forces de l’ordre étaient en manque de gaz lacrymogène. Et les premiers étudiants à le secourir n’ont pas constaté de fumée, ni d’odeur de lacrymogène ». « On exige son évacuation en France dans les plus brefs délais pour des soins de qualité. Et une prise en charge totale pour le reste de son cursus ». Martèle-t-il.



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