Le «dialgati», un mal estudiantin ?

L’explication du phénomène du «dialagati» ne fait pas l’unanimité à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Pour certains, le «dialgati», non respect des rangs, soit pour accéder aux restaurants, soit aux guichets d’inscriptions ou de paiement, entre autres, est «preuve d’indiscipline» de certains étudiants. Tandis que pour d’autres, derrière ce fait, se cache une intention de ne pas arriver en retard aux cours.

 20h30. Dans une demi-heure, le restaurant universitaire «Argentin» ferme ses portes, qui ne se rouvriront que le lendemain à 6heures du matin, pour le petit déjeuner.

Les deux rangs conduisant aux entrées principales ceinturent presque le resto. Il faut avancer à pas de caméléon pour accéder au dîner. Ce qui suscite l’impatience de Sadio.

L’étudiant en Duel 2 au département d’Histoire contourne le rang et va directement à la porte. «Yaa am foula! (Tu as de l’audace, en wolof», chahutent certains étudiants, et d’autres vont doit au but. «Yaa gnak jom ! (Sans vergogne)», qualitifient-ils Sadio.

 «Compréhension, grand ! », lance Sadio à l’autre étudiant qui lui barrait l’entrée. Pour justifier son comportement, l’étudiant avance: «Je suis pressé. Je dois rejoindre mon groupe de travail à l’amphithéâtre de l’Ucad 2».

Les partisans du «dialgati », comme Sadio sont nombreux à la Cité universitaire. Il suffit de faire un tour aux Guichets d’inscription dans les Facultés, aux Guichets de vente des tickets de restaurations, ou encore à ceux de paiement, où il ya de très longs rangs, pour s’en rendre compte. Même dans les toilettes, il faut faire la queue !

 La fréquence et la permanence des rangs poussent certains étudiants à les contourner. «J’ai fait tellement de «dialgati» que je ne me rappelle plus le nombre de fois», dit Mamadou Diouf, ancien étudiant à la Faculté de sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Ucad. Argument à l’appui, Diouf semble prêt à convaincre. «J’ai été souvent obligé car, il arrivait que je perde beaucoup de temps dans les toilettes. Ce qui faisait que je trouvais un rang fou devant les restos», justifie-t-il. Pour ne pas arriver en retard, Mamadou Diouf estime qu’il «fallait contourner le rang».

Contrairement à Mamadou, Sara Bâ ne se rappelle pas avoir fait le «dialgati». «C’est irresponsable que de faire du «dialgati», estime l’ancien pensionnaire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Pour lui, «le dialgati, c’est de l’indiscipline caractérisée». Considéré comme tel, ce comportement «pas intellectuel», est cause de bagarres entre étudiants. «Il arrive qu’un étudiant se mette devant un autre qui n’est pas tolérant. Ce dernier va lui proférer des mots qui irritent.

Alors, la bagarre éclate», explique l’étudiant Ali Tine. Lui-même reconnaît s’être battu à maintes reprises. «Je ne peux pas supporter que quelqu’un contourne le rang et me laisse derrière», donne-t-il comme argument.