Le Pr Serigne Diop aux maîtrisards 2009 de la fac de Droit : ‘C’est aux agents d’être au service de l’Etat, n’oubliez jamais cela’

En marge du baptême de la promotion ‘Isaac Yankhoba Ndiaye’ de maîtrise en droit de l’Université Cheikh Anta Diop, le Pr Serigne Diop, actuel médiateur de la République, a présenté ce qui s’apparente à un cours magistral sur le thème de l’Etat. Une occasion pour lui d’inviter les récipiendaires à être des serviteurs de l’Etat.

Pour leur parler de l’Etat, la promotion 2009 de maîtrisards en Droit qui a comme parrain, le Pr Isaac Yankhoba Ndiaye, premier vice-président du Conseil constitutionnel, a jeté son dévolu sur le Professeur agrégé de droit Serigne Diop, actuel médiateur de la République. En effet, qui mieux que ce théoricien et praticien de l’Etat pour avoir enseigné et été plusieurs fois ministre, pouvait parler de cette notion abstraite et à laquelle volonté de qui nous sommes tous soumis ? Mais ‘faute de temps’, le Pr Serigne Diop a tout de même fait l’historique de l’Etat en convocant Rousseau, Tocqueville et Marx Weber qui ont beaucoup écrit sur la notion de l’Etat. Ce qui amènera le conférencier, après avoir revisité tous ces grands auteurs, à dire ‘l’Etat est l’être de droit qui résume mieux la collectivité nationale’ et qu’il ‘est la réalité tangible de nos sociétés contemporaines’. Et comme Marx Weber, il dira que ‘l’Etat a le monopole de la force publique’. C’est la raison pour laquelle, dira le Pr Serigne Diop, il faut s’approprier l’Etat.

D’après le professeur agrégé en droit public, la meilleure preuve de la réalité de l’Etat est dans la composition des services publics. ‘La notion de l’Etat renvoie à l’intérêt général qui recoupe la mission du service. Ainsi l’Etat est chargé de veiller sur la sécurité des personnes et des biens. Et la récente crise financière a montré que même l’Etat libéral est obligé d’intervenir dans les entreprises privées pour les aider à sortir la tête de l’eau’.

Cependant, d’après le Pr Serigne Diop, le ‘grand danger que court l’Etat aujourd’hui, c’est que certains agents se croient dans l’Etat comme chez eux. Or l’Etat n’est pas au service de ses agents. Ce sont les agents qui sont au service de l’Etat’. Pour donner plus de poids à son assertion, le constitutionnaliste de renommée donnera l’exemple de la guerre froide entre l’ex-Urss et les Usa avec l’histoire des missiles de Cuba, pendant laquelle un courrier dans lequel John Kennedy, à l’époque président des Usa, s’est expliqué avec Kroutchev, l’ancien dirigeant soviétique, a été perdu par l’émissaire américain. Conséquence : ‘On était à deux doigts de la guerre nucléaire, c'est-à-dire à une guerre mondiale’, rappelle le conférencier. Il s’empresse d’ajouter : ‘Voilà ce que peut provoquer le comportement d’un agent de l’Etat.’ Aussi donnera-t-il comme conseil aux nouveaux maîtrisards : ‘C’est aux agents d’être au service de l’Etat et non le contraire. N’oubliez jamais cela. Quelle que soit la parcelle de pouvoir que l’Etat vous confie, n’oubliez pas que vous êtes au service de l’intérêt général’. Et de poursuivre en rappelant que ce qui fait ‘la noblesse du juriste, c’est que, tous les jours, il a l’Etat comme instrument de travail’. Avant de finir, le Pr Serigne Diop dira aux nouveaux titulaires de la maîtrise en faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Ucad que leur parrain ‘incarne l’être et l’essence de ce que l’on attend d’un juriste’.

Auparavant, le parrain, les marraines et les autorités se sont relayés à la tribune de la salle de conférence pleine à craquer. A la suite du Pr Isaac Yankhoba Ndiaye, parrain de la promotion, les marraines, Mes Dior Diagne et Tamaro Seydi diront l’honneur qui leur a été fait. Parlant de la qualité des enseignements délivrés à la faculté des Sciences juridiques et politiques (Fsjp), le vice-président du Conseil Constitutionnel dira : ‘Mon expérience comme enseignant dans les universités françaises me pousse à dire que la formation universitaire dans notre faculté est encore de qualité’. Et d’ajouter : ‘J’ai l’intime conviction que notre université est encore debout. Et qu’elle est capable de se surpasser quelles que soient les difficultés du moment’.

Le ministre de l’enseignement supérieur et des Cur, le Pr Moustapha Sourang, après avoir rendu hommage au parrain qui a été pendant près de huit ans son assesseur lorsqu’il était doyen de la Fsjp, dira qu’il ‘n’a pas changé d’un iota et le flambeau pour former des produit de bonne qualité est intact’. Le ministre s’est, en outre, engagé à aider la Fsjp à améliorer les conditions d’enseignement. Parlant de l’insertion des diplômés, le Pr Moustapha Sourang a promis également de faire un geste. ‘Il ne faut pas que nous perdions ces jeunes qui sont issus d’une sélection difficile. Il faut qu’on puisse les prendre et les suivre’, dit-il. Surtout que, comme il l’a soutenu, ‘le droit est l’activité qui sous-tend toute l’activité de l’Etat au quotidien’.