LIVRÉES AUX PÉNURIES INCESSANTES ET À LA MAUVAISE QUALITÉ DE SES EAUX : Les Dakarois boivent la boue

Dans un monde en constant progrès, l’eau manque de plus en plus. Dans les pays pauvres comme dans le monde riche, les ressources en eau sont l’objet d’une grande surveillance. Hier, jeudi 22 le Sénégal et l’ensemble des pays de la planète ont célébré la Journée mondiale de l’Eau sous le thème « Faire face à la pénurie d’eau ». 

En marge de cette manifestation, l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) a organisé une journée portes ouvertes à la Station d’épuration des eaux usées (Step) de Cambérène. Une visite guidée qui a été l’occasion pour les techniciens de montrer que la valorisation des eaux usées peut constituer une alternative à la pénurie d’eau. « Faire face à la pénurie d’eau » voilà le thème qui a été présenté au Sénégal pour justifier la portée d’un tel événement.

L’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) a organisé une journée portes ouvertes à la Station d’épuration des eaux usées (Step) de Cambérène. Cette activité de communication et de relations publiques dont l’objectif est de faire le focus sur la valorisation des sous-produits tirés de la valorisation des eaux usées et qui constituent une alternative à la pénurie d’eau notamment pour le maraîchage, les bâtiment et travaux publics (Btp) et pour l’arrosage des espaces verts, etc, a été l’occasion pour l’Onas d’expliquer le fonctionnement de ses installations d’épuration à boues et son laboratoire d’analyse micro biologique.

Construite en 1987 dans le cadre du projet d’assainissement de Dakar et ses environs, d’un coût global de 2 630 112 106 F Cfa, la Step de Cambérène a une capacité de 100 000 équivalents par habitant avec un débit journalier de 9600 m3 et un débit de pointe de 700 m3 par heure. La charge en Demande biochimique en 5 jours (Dbo5) est de 6000 kg par jour et celle en Maîtrise en suspension (Mes) de 900 kg. Ce n’est qu’en 2004 qu’à été réalisée une unité de traitement tertiaire d’une capacité de 200 000 équivalents par habitants.

Soient un débit journalier de 19 200 m3 et un débit pointe horaire de14676m3. Ce qui ramène le débit du traitement tertiaire à 4 100 m3 par jour. A la Step de Cambérène qui est un ensemble de sept (7) stations, les eaux usées suivent différents processus de traitement. D’abord, une classique de boues activées moyenne charge de pré traitement comprenant une grille de nettoyage manuel et d’un grilleur automatique commandé par horloge ou par niveau différentiel et de deux postes de desséblage-dégraisseur longitudinaux aérés de type « couloir doublé » éliminent le sable et les graisses.

Le traitement primaire se fait grâce à deux décanteurs primaires de 1080 m3 et de 3162 m3 (cône exclu) de type circulaire permettant l’élimination partielle des Mes et l’envoi des boues fraîches vers la digestion. Le traitement secondaire, qui permet le traitement biologique par boue activée (brassage, oxygénation de surface) se fait dans un bassin d’aération de 4500m3. Pour ce qui est du traitement tertiaire, quatre bassins de 1200 m3 permettent de filtrer l’eau provenant du clarificateur. Il y a aussi un traitement dit quaternaire ainsi qu’une chaîne de traitement de boue. Un laboratoire d’analyses et un tableau synoptique facilitent la supervision et le contrôle de toutes les activités.

10 millions d’économies grâce aux eaux usées

Ainsi, on assiste à la valorisation des sous-produits avec l’injection de chlore (chloration) réalisée à partir de chlore gazeux stocké en tank dans le bâtiment de chloration.

De même, deux débiteurs dont un en secours assurent le dosage du chlore suivant le débit et une seconde qui détecte les éventuelles fuites de gaz et déclenche le neutralisation par soude. L’eau « sans risque » ainsi recueillie est utilisée pour l’agriculture, dans le maraîchage, les espaces verts de la Station et du Golf-club de Dakar et les travaux publics en cours. Pour ce qui est des déchets solides, avec l’installation des digestions des boues composés d’un système de brassage et d’un circuit de réchauffage des boues, le gaz méthane récupéré des boues est réutilisé pour l’alimentation du groupe de la Station à hauteur de 20 à 40 en énergie et le chauffage des chaudières.

Ce qui engendre une économie de 10 millions sur les factures d’électricité. Aussi, les boues séchées peuvent être transformée en engrais pour l’agriculture.

Les eaux usées, une alternative à la pénurie

Solon le Ministre de la prévention, de l’hygiène publique et de l’assainissement, Issa Mbaye Samb, il est important de « valoriser les produits d’épuration, pour combattre dans un premier temps, la trop grande utilisation d’eau comme véhicule dans le cadre de l’assainissement collectif conventionnel. Mais, également de développer l’assainissement autonome qui a cette particularité de ne pas utiliser beaucoup d’eau parce que n’ayant pas besoin d’un transport des déchets », a-t-il fait remarquer.

Ainsi, pour éviter l’utilisation de l’eau potable par les maraîcher, il importe d’irriguer les « eaux usées traitées qui sont sans risque vers la zone des Niayes du fait des énormes quantités d’éléments nutritifs qu’elles contiennent. ». A l’en croire, dans la dynamique de lutte contre les inondations, le gouvernement planche « sur l’ensemble des possibilités de récupérer les eaux pluviales et de les traiter pour utilisation dans l’irrigation ».