Le gouvernement annonce des rencontres hebdomadaires avec la presse, mais le contexte actuel et le passé indiquent que cette initiative sera un mort-né.
Hier, deux membres du gouvernement ont fait face à la presse. Il s’agit du ministre du Commerce, Abdou Karim Fofana, par ailleurs porte-parole du gouvernement ainsi que du ministre du Développement communautaire, Samba Ndiobène Ka, représentant le Premier ministre qui est aussi ministre de l’élevage. L’exercice n’aura rien d’exceptionnel, du moins si l’on en croit l’équipe dirigée par Amadou Ba.
Désormais, promet-on, le gouvernement fera face aux journalistes tous les jeudis, dans le cadre d’une initiative dénommée ‘’Rencontre gouvernement-presse’’ afin de commenter les décisions prises en conseil des ministres, mercredi, mais également revenir davantage sur l’actualité pour une durée d’une heure.
En voilà donc un exercice de transparence qui permet de mieux comprendre certaines mesures sorties de la séance hebdomadaire entre le chef de l’Etat et son gouvernement, notamment des projets de loi, très souvent adoptés sans aucune explication. On est donc tenté de jubiler à cette perspective.
Mais on risque rapidement d’être rattraper par une douche froide. En effet, il faut avoir la mémoire courte pour penser que cette initiative va perdurer. Il faut d’abord préciser qu’elle n’a rien de nouveau. Le dernier gouvernement (sans Premier ministre) avant celui-ci l’avait débuté fin 2020, avec Oumar Guèye comme porte-parole. Et c’était tous les 15 jours, généralement le jeudi.
Oumar Guèye assurait à l’époque que la réflexion nécessaire a été faite au préalable pour que ça soit pérenne. « Nous lui avons donné un contenu. Et en fonction de l’actualité, des urgences, des points sur lesquels le gouvernement souhaite communiquer, nous allons mettre en place le dispositif nécessaire », avait-il indiqué. On connaît la suite.
Avant lui, l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne avait annoncé une rencontre bimensuelle avec les députés. C’était lors de sa déclaration de politique générale en novembre 2014. « Nous réaffirmons, ici, la disponibilité du gouvernement à se présenter tous les 15 jours devant la représentation nationale, pour s’acquitter d’un devoir de transparence, en apportant les éclairages attendus sur les politiques publiques et les questions d’intérêt national », avait-il promis. Les députés attendent toujours !
En 2013 déjà, le ministre de la Promotion de la bonne gouvernance et porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly animait une conférence de presse un vendredi 20 juillet à 10h. Un face-à-face appelé à être un exercice régulier. « Cette rencontre avec les journalistes est le premier acte d'une série de conférences de presse prévues tous les 15 jours pour communiquer sur les activités du gouvernement », soulignait à l’époque l’Aps. Il était même promis que ça pourrait être ramené à l’échelle hebdomadaire, en fonction de l’actualité. Cette initiative aussi a vécu le temps d’une rose, ‘’l’espace d’un matin’’, comme dit Malherbe.
Incapable de tenir les promesses sur 15 jours, l’équipe de Macky Sall s’engage maintenant sur une semaine. Mais le problème ne se limite pas qu’au gouvernement puisque même les rencontres virtuelles entre la jeunesse et le chef de l’Etat dénommées ‘’jokko ak Macky’’ a connu le même sort.
Une question se pose dès lors : pourquoi tant d’initiatives sans suite ? L’explication fondamentale est que le gouvernement ne semble pas disposer d’une réelle stratégie qui lui permet d’inscrire ses actions de communication dans le temps. Elle est toujours soit dans une communication de crise ou alors dans ce qu’on pourrait appeler une communication euphorique.
Ainsi, tout est mené au cas par cas, autrement dit du pilotage à vue. Abdou Latif Coulibaly avait pris une initiative en tant que porte-parole du gouvernement, Boun Dionne aussi a pris date après avoir été désigné Premier ministre. Pour le reste, c’est plus des communications de crise. En effet, quand Oumar Guèye initiait les rencontres avec la presse, on était en pleine pandémie de Covid-19, le gouvernement avait un besoin immense de communiquer. Il s’est donc créé le cadre. Une fois la pandémie oubliée, adieu la communication.
Jokko ak Macky a débuté au lendemain des manifestations de mars 2021, suite à l’affaire Sonko Adji-Sarr. Le pouvoir y voyait plus une réaction sociale que politique. Le chef de l’Etat a donc souhaité s’approcher ainsi de sa jeunesse. La dernière édition date de mars 2023 et il a fallu attendre le déplacement de Macky Sall à Sédhiou.
Aujourd’hui encore, le gouvernement fait face à une crise avec les tensions sociopolitiques. D’ailleurs, c’est assez édifiant de constater que le point de départ a été cette conférence de presse entre le Premier ministre Amadou Ba et les ministres de la sécurité et de l’ordre public (Intérieur, Justice, Forces armées). Il est fort à parier qu’une fois cette crise dépassée, cette initiative verra son acte de décès être signé. Et elle reposera aux cimetières des mort-nés…comme ses devanciers.
7 Commentaires
Nit
En Juin, 2023 (13:16 PM)Or la communication régulière sur des affaires du pays est une pratique de transparence qui diminue le cynisme des citoyens.
Reply_authorjahman
En Juin, 2023 (17:12 PM)Reply_authorjahman
En Juin, 2023 (17:12 PM)Yacine
En Juin, 2023 (14:14 PM)Niasse
En Juin, 2023 (14:19 PM)2. Personne n'ecoute Fofana
3. Personne dans le gouvernement n'est integre incluit le boss
4. le President n'ecoute pas son peuple par consequent le peuple ne l'ecoute plus.
5. Vous parlez de presse alors qu'il n'y a pas de liberte de presse. Les signaux des TV sont interrompus.
Thiam210
En Juin, 2023 (15:52 PM)Diop 212
En Juin, 2023 (16:03 PM)Hawa 225
En Juin, 2023 (16:08 PM)Participer à la Discussion