L’affaire opposant le maire de Oukam aux populations de la localité n’est pas encore à son épilogue. Les populations ne veulent en parler. Le maire lui a bien voulu parler de ce qui s’est passé. Dans cet entretien, il revient sur ses réalisations, ses relations avec certains des militants. Le Matin : Monsieur le Maire récemment votre maison et votre lieu de travail ont été saccagés par les jeunes de votre commune. Il s’en est même suivi des échauffourées. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ils se sont attaqués à vous ?
M. Le Maire : Au moment des faits, j’étais en France dans une commune jumelée à la notre pour signer une convention dans le cadre d’un partenariat portant sur la construction de douze salles de classes. C’est de là-bas qu’on m’a téléphoné pour me dire qu’il y a des problèmes à Ouakam. J’ai cherché à savoir quel genre de problèmes il s’agissait parce que je n’avais pas eu de pressentiment de problème avant mon départ. On m’a dit qu’une bande de personnes ameutait les populations afin qu’elles saccagent ma maison, qu’elles détruisent des bornes qu’on avait établies sur un terrain appartenant à la commune de Ouakam. Ils (Ndlr : ses collaborateurs) m’ont raconté. Ils m’ont expliqué la manière dont ils se sont pris pour arriver à leur fins. Ils (Ndlr : les insurgés) ont pris un véhicule sonorisé sillonnant tout le village traditionnel pour appeler les gens à l’insurrection, sous prétexte que le Maire et ses hommes ont gravement blessé les vieux de la localité. Ce qui est archi faux (il insiste sur l’expression archi faux). Cela ne m’étonne pas dans la mesure où j’ai étudié ici, j’ai grandi ici comme toute ma famille, comme ma mère. Mais il y a des gens quand ils sont à cours d’arguments, ils inventent du n’importe quoi. Je me suis dit que je n’ai pas tout fait dans cette commune mais j’ai fait ce quelque chose qu’aucune autre personne n’a jamais fait parce que c’est du concret, du palpable. Donc, vous voulez dire que les gens qui se sont attaqués à votre maison ont été manipulés ? Ce sont des gens manipulés par les frères de Ouakam. Les retraités qui ne font que passer tout leur temps à dénigrer le maire. Vous savez quand on a rien réalisé pendant qu’on est jeune, quand on voit une personne jeune née devant vous en train de réaliser des choses si on est pas bon croyant il faut qu’on ait mal au cœur. Ce sont des méchants qui ont saccagé la commune parce qu’avant on avait pris en location une maison pour abriter la mairie. Aujourd’hui, nous avons construit notre propre bâtiment. Actuellement le personnel est descendu, revenez un autre jour et vous allez voir si ce que vous verrez se trouve dans d’autres communes. Détruire c’est facile, il faut qu’on nous invite à un débat d’idées, nous allons répondre. Le maire n’a rien fait. On me reproche d’avoir vendu des terres de Ouakam, quelle terre je peux vendre ? Qu’ils me montrent un seul papier l’attestant. La première personne qui me montrera un document attestant que j’ai vendu un terrain, je démissionne. Ma maison, je l’ai achetée et se sont eux qui me l’ont vendue. Je fais partie de Ouakam, donc j’ai ma part du patrimoine, je suis léboue comme eux.
Monsieur le Maire la jeunesse vous fait des reproches sur votre gestion. Qu’en dites-vous ?
Mais il ne faut pas dire la jeunesse mais plutôt des brebis galeuses. La jeunesse est avec moi. Je le dis ici et je le répète, je suis mille fois majoritaire. Si c’était des élections demain, je suis prêt à y aller. Il faut pas confondre village et commune. Et dans ce village même, je suis majoritaire. Sillonnez un quartier et appelez les gens à une insurrection n’a aucun sens. Il ne faut pas que dans une République des actes de ce genre s’intensifient. Est-ce qu’un Sénégalais a une république ? Est-ce que parce qu’on a un nom Diallo ou Cissokho qu’on n’est pas lébou ?
N’y a-t-il pas contradiction quand on veut vous exclure de la communauté léboue étant donné que celle-ci a participé à votre élection ?
La commune est peuplée de soixante douze mille (72.000) habitants. Dans ces 72.000 habitants seuls vingt mille sont des autochtones. Ce sont des autochtones comme moi parce qu’ici il n’y a pas cent pour cent (100%) d’autochtones. Un autochtone à 100% il y en n’a pas où c’est peu. Les autochtones c’est vingt milles sur soixante douze mille. J’ai gagné un autochtone à 100% alors je suis plus autochtone que lui. Mais il a un nom Ndoye. C’est ça qui veut dire être lébou pour eux, c’est avoir un père lébou alors que c’est plutôt avoir une mère léboue qui veut dire être lébou. Mon grand père est enterré dans une mosquée de Ouakam et ce n’est pas n’importe qui qu’on enterre dans une mosquée. Pour vous dire que ces gens-là sont à cours d’arguments. Moi, je voudrais qu’ils m’attaquent sur d’autres fronts. Qu’ils disent que le Maire n’a rien fait, ce qu’ils ne feront jamais. Il faut dire qu’on a beaucoup fait en passant par la restructuration et la régulation foncière. Le plan de développement local et le plan d’investissement prioritaire ont été réalisés avec des cabinets parce qu’on ne peut plus diriger sans avoir un tableau de bord. L’escalier de la baie de Ouakam, là où nous sommes; vous avez vu l’extension qu’on a faite, l’extension du marché. Les rues qu’on a construites. On donne des fournitures scolaires, on construit des salles de classe, on amène ici la case des tout petits. Le lycée de Ouakam. On a beaucoup fait en quatre ans. Ce que personne n’a jamais fait, on l’a fait. Les recettes de la commune ont triplé à chaque fois. Les recettes rentrent normalement dans les caisses de la commune. Ils m’accusent de voler des terrains et d’en vendre. Ça c’est trop facile.
Justement vous dites, monsieur que votre maison a été saccagée, est-ce que vous allez poursuivre les gens que vous soupçonnez ?
J’ai donné le document à mes avocats. La commune a un pool d’avocats. J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai fait constater les faits. C’est ce qui est mieux pour nous défendre. Ils vont le faire, ils ne sont payés que pour défendre nos intérêts. En tout cas, ils ont le dossier. Ça fait presque quelques jours que je ne me suis pas entretenu avec eux parce qu’on préparait la conférence de presse (tenue avant-hier). C’est le mois de ramadan, il faut préparer le sucre, le riz, etc. Il y a aussi l’ouverture des classes, il faut préparer des cahiers.
Après tout ce qui s’est passé, ne craignez-vous pas pour votre sécurité ?
Je suis en toute sécurité, on se connaît bien. Il ne font que des dégâts quand je ne suis pas là. Une fois que je quitte le territoire national, c’est le moment propice pour eux de fomenter leur coups. Pendant que j’étais dans l’opposition, ils n’osaient même pas m’attaquer.
Et pour les membres de votre famille ?
Ho ! Mais on se connaît ici. Vous savez, vous qui êtes hors de Ouakam peut-être que vous ne comprenez pas. Mais nous on est là et on se connaît. Il n’y aura rien. C’est regrettable ce qui s’est passé et je pense que cela ne se reproduira pas.
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