Le Sénégal n’a pas d’or ni de pétrole. Mais, il a une richesse que beaucoup de pays, pour ne pas dire tous les pays lui envient, à savoir la paix. Cette vérité est du chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade, qui s’exprimait ainsi à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la rencontre organisée par les Imams et Oulémas du Sénégal sur le thème «Rôle des Imams dans le développement de notre pays».
«C’est extraordinaire. Il n’y a qu’au Sénégal qu’on peut trouver le spectacle qui s’offre aujourd’hui à nous, c’est-à-dire des Oulémas et des Imams avec, à côté d’eux, le Cardinal des chrétiens. Et c’est cela notre richesse. C’est de pouvoir assumer le pluralisme dans le domaine religieux et dans bien d’autres domaines tels que celui politique, ethnique, etc». C’est par ces mots que le Président de la République, venu présider la rencontre des Imams et Oulémas du Sénégal, a débuté son discours.
Une allocation qui a été essentiellement axée sur les relations exemplaires qui existent entre les deux grandes communautés religieuses du pays que sont l’Islam et la Christianisme. «Nous vivons dans l’harmonie la plus totale» dira-t-il avant d’appeler les jeunes à «préserver cette richesse, ces valeurs rares dans ce monde qui est un monde troublé». A ce niveau, le chef de l’Etat n’a d’ailleurs pas manqué de magnifier la présence de l’archevêque de Dakar, Monseigneur Théodore Adrien Sarr qui avait fait le déplacement pour venir représenter l’Eglise catholique.
Une présence que Me Wade considère comme étant suffisante pour témoigner des rapports fraternels et de tolérance mutuelle qui existent entre chrétiens et musulmans.
«Je vais très certainement demander le report du sommet islamo-chrétien»
Profitant de la présence de la majorité des hommes religieux du pays, le chef de l’Etat a annoncé son intention d’introduire une requête pour le report du sommet islamo-chrétien qui était prévu en 2007. Les raisons invoquées pour justifier cette décision sont liées au fait que les travaux en cours ne pourront pas être bouclés à temps. « Vu l’état de Dakar qui est un véritable chantier, le sommet ne pourra pas se tenir dans les délais. Aussi, lors de la prochaine réunion ordinaire, je vais, très certainement, demander à ceux qui ont le droit de décider, son report » expliquera-t-il.
Auparavent, le porte-parole des Imams et Oulémas, Imam El Hadji Moustapha Guèye a formulé des remerciements à l’endroit du chef de l’Etat et de son gouvernement pour tous les efforts consentis à l’endroit des communautés religieuses : climatisation de la Grande mosquée de Dakar, tapissage de plusieurs mosquées du pays, réhabilitation de la Cathédrale de Dakar, multiplication par dix et élargissement à toutes les régions de l’aide financière octroyée aux Imams et oulémas lors des grandes fêtes religieuses, octroi de billets pour le pèlerinage à la Mecque et à Rome, etc. Par ailleurs, Imam Guèye a exprimé la satisfaction des religieux du pays quant à la tenue prochaine, dans notre pays, de sommets consacrés au dialogue islamo-chrétien et à la conférence islamique. Autant d’actions qui sont à l’actif de Me Wade et qui font dire au religieux, que « le Président de la République mérite des prières mais aussi du soutien ».
Se prononçant sur la décision du chef de l’Etat d’intégrer l’enseignement arabe à l’école publique française, Imam Guèye s’en félicitera avant de faire état de la satisfaction de tous les Imams et Oulémas par rapport à cette décision. Toutefois, ces derniers ont émis le souhait que l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM soit, à nouveau, ouverte aux arabophones. Une mesure dont ils considèrent la prise comme étant d’autant plus urgente que « les ambassades et consulats qui nous représentent dans les pays arabes manquent de conseillers ».
Revenant sur le rapport des experts, l’Imam Tahir Fall a énuméré les questions inscrites à l’ordre du jour de la rencontre et parmi lesquelles la formation, la paix, la solidarité numérique, la solidarité économique, la construction de l’union africaine et la mondialisation. Des ateliers ont été constitués pour débattre de tous ces thèmes. Et comme l’a précisé Imam Fall, ces réflexions seront sanctionnées par un document de synthèse dans lequel « des recommandations concrètes seront formulées pour la paix sociale, le développement économique, social et culturel ».
En s’investissant dans ce travail, les Imams et Oulémas disent vouloir se positionner en tant que « acteurs de développement économique, porteurs de valeurs qui aident à la promotion du dialogue social, de la bonne gouvernance et de la justice sociale (mais aussi), en tant que membres actifs de la société civile qui ont un mot à dire sur tous les débats de ce pays ».
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