S'il n'est pas aujourd'hui à la tète d'un royaume, la faute est imputable à Faidherbe. Ce prince héritier du roi du Sine est un ‘avocat people’, doublé d'un politicien. Il n'a pas froid aux yeux et ne ménage pas ses adversaires. Et Me El Hadj Moustapha Diouf, pour ne pas le nommer, ne s'encombre pas de fausse modestie. Lion au tribunal mais agneau doux en famille. Dans l'entretien qui suit, il nous fait explorer d'autres facettes de sa personnalité. Me El Hadj Diouf qui entretient le mystère derrière la robe noire, l'homme ‘El Hadj’, ainsi que l'appellent ses proches, avec ses faiblesses, son sens de la famille, sa conception de la séduction, ... Et il s'est plu, en ouverture de cet entretien, de se faire découvrir au lecteurEl Hadj DIOUF : Je suis né le 3 mai 1959 à Kaolack. Je suis issu d'une famille royale dont je suis le fils aîné, donc le prince héritier du roi. C'est ce sang royal qui fait de moi un homme du peuple, un vaillant guerrier soucieux de la préservation de la dignité humaine. Ce qui me vaut énormément d'inimitié. Après le Bac, j'ai fréquenté la Faculté de droit, où j'étais un grand dirigeant du mouvement étudiant. J'y ai décroché une maîtrise. Après l'obtention de mon Certificat d'aptitude à la profession d'avocat (Capa), j'ai intégré le barreau en 1989 et depuis je plaide la cause des faibles, des opprimés comme un roi qui défend son royaume.
Walfadjri : El Hadj Diouf fait-il toujours tomber des cœurs ?
El Hadj DIOUF : Da ma mössa am baïyré. J'ai toujours eu la cote chez les femmes, en politique, etc. C'est Dieu qui fait cela. Mais quand je fais l'objet d'une attention particulière de la part d'une femme, je décline l'offre comme un gentleman. Je n'aime pas frustrer une femme. Une femme on doit l'aimer, la chérir. C'est pourquoi une femme doit être sexy et pleine de facettes et d'astuces pour accrocher son mec, Djiguéne da fa wara djongué té bari fém.
Walfadjri : Qu'en entendez-vous par là
El Hadj DIOUF : Je suis tradi-moderne. Autant j'aime voir la femme mettre des costumes modernes autant j'aime voir la femme puiser dans les tenues traditionnelles. Les Dial Diali, les Bine Bine, les Némali, les Dogali, Borom Keurgui, Coffre for bi, Keytou Keurgui et autres ingrédients, qui retiennent l'homme à la maison et qui font le charme de la femme qui est un bijou. Toutes ces choses sont des aspects très intéressants de notre culture et qui ne nous laissent pas indifférents.
Walfadjri : Comment avez-vous rencontré votre femme ?
El Hadj DIOUF : Je venais chez elle voir un cousin qui habitait dans leur maison. Celui-ci m'a demandé de la féliciter car elle venait de réussir au Bac. On a un peu discuté j'avais remarqué qu'elle était jeune et belle. Ensuite elle a fréquenté tout comme moi l'Ucad et c'est là que je lui ai demandé de ‘sortir ensemble’. Mais c'est la révélation que m'a faite une de ses camarades de chambre, qui m'a poussé à demander sa main. Cette fille m'a dit : ‘Safy Sow t'aime trop. Elle n'apprend pas ses leçons à force de parler de toi’. Cet aveu m'a alors beaucoup marqué. Je l'ai choisie, elle, parmi les nombreuses candidates. J'étais beau et très populaire à l'Université, où je recevais plusieurs déclarations d'amour de filles qui tombaient en syncope quand j'haranguais les foules dans le cadre du mouvement étudiant. Cette femme m'a vraiment porter chance, car juste après l'avoir connue, en 1989, j'ai été reçu au Barreau Ayoul gaaf daal.
Walfadjri : Donc vous croyez à ces histoires de femmes qui portent la guigne ?
El Hadj DIOUF : Bien sûr. C'est des choses qui existent. Une femme, un cheval, une voiture et une maison, on ne les choisit pas n'importe comment. C'est un choix qui peut vous être fatal.
Walfadjri : Me El Hadj Diouf est-il polygame ?
El Hadj DIOUF : Je l'ai été mais je me suis séparé avec la deuxième. Je le suis toujours sur les papiers mais pour le moment j'ai une seule femme. C'est Dieu qui lie et qui défait les unions. Je ne peux pas affirmer ainsi que je vais rester monogame ou non Yalla Reka Xam.
Walfadjri : Cette rupture a dû être une déception amoureuse pour vous ?
El Hadj DIOUF : Je préfère ne pas en parler
Mais vous avez connu des déceptions sur ce plan...
El Hadj DIOUF : Dans ma vie je ne considère pas les choses ainsi. Je m'en tiens qu'à ce que le bon Dieu me donne. Et rien ne peut me marquer. Je ne regarde jamais le rétroviseur. C'est pourquoi les gens qui pensent m'atteindre se fourvoient
Walfadjri : Avez-vous vécu une relation amoureuse qui vous a marqué ?
El Hadj DIOUF : Je ne regarde jamais derrière moi. Je suis psychologiquement très fort. J'ai vu des gens qui se sont suicidés à cause de déceptions d'amour, mais c'est de la folie. Je m'aime plus que je n'aime une autre personne.
Walfadjri : Qu'est-ce qui peut vous attirer où vous éloigner chez une femme ?
El Hadj DIOUF : Elle doit m'offrir la paix et ne pas me provoquer. Mon métier est stressant. Et quand je reviens à la maison, j'ai besoin de quiétude. Je suis un ‘Lion’ au tribunal et doux comme un agneau chez moi. Les Wolof disent souvent qu'on peut se séparer d'une femme riche, belle mais on ne peut se séparer d'une femme qui vous procure la tranquillité (Diam thi laa lép xécc). Quand une femme est belle comme une fée mais ne vous procure pas cette quiétude, vous n'êtes pas en mesure de l'apprécier. La maison devient un enfer pour vous. Et vous êtes pressé d'aller prendre de l'air.
Walfadjri : Peut-on savoir la personne qui a le plus influé sur votre personne ?
El Hadj DIOUF : Ma grand-mère et mon père. J'ai été éduqué par ma grand-mère qui ne laissait personne lever la main sur moi et ne l'a jamais fait. Alors tout le monde prédisait ma perte car j'étais très choyé par cette dame. C'est pour l'honorer que j'ai lutté pour réussir ma vie et pérenniser le nom de mon père.
Walfadjri : Quel est le plus beau cadeau que la vie vous ait fait ?
El Hadj DIOUF : C'est la vie. La vie qui me permet d'être à la disposition de mon créateur qui m'a donné la chance d'être ce que je suis. Il y a peu de gens qui sont ce qu'ils ont envie d'être. J'ai choisi la profession d'avocat parce que je suis un homme libéral. Un avocat, on ne l'affecte pas. On ne lui donne pas d'ordre. Il fait les choses comme il les sent.
Walfadjri : Quel est le plus beau jour de votre vie ?
El Hadj DIOUF : Le jour de mon admission au Barreau. Je venais d'atteindre l'objectif majeur de ma vie. J'étais ce que j'avais voulu être.
Walfadjri : Votre souvenir le plus douloureux ?
El Hadj DIOUF : C'est la mort de ma grand-mère. Cette femme, qui m'a élevé et qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Je ne l'oublierai jamais.
Walfadjri : De nos jours l'opinion publique s'offusque de l'habillement des jeunes filles et du phénomène de l'homosexualité, qu'est-ce tout cela vous inspire ?
El Hadj DIOUF : Je pense que les filles peuvent s'habiller comme elles veulent. Chaque âge a ses pratiques et ses styles. Une fille qui met une mini-jupe ou une robe décolletée, on ne peut pas la condamner. La jeunesse a besoin de se faire aimée, de se faire conquérir. Il faut que jeunesse se fasse. Il ne faut pas aliéner la jeunesse. Pour le deuxième point, il faut une réaction musclée de toute la société, des religieux et du pouvoir. Nous ne sommes pas l'Europe qui n'a plus de repères et où les maires célèbrent des mariages entres deux hommes. C'est un recul de la race humaine. Rien n'est plus beau pour un homme de retrouver une femme chez lui qui lui prépare de bons petits plats. Ces hommes et ces femmes qui s'unissent entre eux sont des malades qu'il faut interner. Et je préconise la création d'un hôpital pour les accueillir.
Walfadjri : Quels sont les moments que vous aimez le plus dans la journée ?
El Hadj DIOUF : Le soir quand je rentre chez moi en famille.
Walfadjri : Et quel est le genre musical qui vous accroche le plus ?
El Hadj DIOUF : Le Mbalax et en particulier Youssou Ndour le roi du Mbalax. Mais aussi les rapeurs qui sortent des vérités crues et dont je suis le président. Les rapeurs se retrouvent en moi.
Walfadjri : On vous prête la parution d'un brûlot sur la corruption dans la magistrature...
El Hadj DIOUF : Je promets de faire des révélations sur les bizarreries judiciaires, sur des comportements insolites et incompréhensibles dans la famille judiciaire. Mon livre va révéler des choses fracassantes. Vous allez vous régaler avec ce livre qui sortira incessamment si on ne me tue pas d'ici là. Il y a des gens que j'ai dénoncés dans les journaux qui sont en train de comploter contre moi. Ils feront tout pour m'avoir.
Walfadjri : Vous semblez aujourd'hui bien proche de maître Abdoulaye Wade. Et pourtant, vous étiez l'un de ses plus farouches détracteurs
El Hadj DIOUF : Me Abdoulaye Wade m'a demandé de le soutenir. Et j'estime qu'il est plus logique de le soutenir et de l'aider à réussir que de laisser ceux qu'on avait combattus revenir au pouvoir en un laps de temps. Celui qui constituait l'obstacle entre Wade et les intellectuels de ce pays, je veux nommer Idrissa Seck a cédé la place. Wade et moi ce sera du tonnerre parce qu'on a les mêmes réactions. Je suis un homme politique aussi déterminé que Wade, avocat comme Wade et courageux comme Wade. Les gens disent même que je suis Wade. Nous sommes des hommes de convictions. Et lui-même a reconnu qu'il avait de l'admiration pour moi, car je suis un avocat libre et indépendant qu'on intimide pas, tout comme lui. Nous sommes élégants, éloquents et charismatiques Ay Ndanane lañou. Je suis bien parti pour le remplacer. Et après lui, ce sera moi, car les Sénégalais m'aiment. C'est la même chose entre le El Hadj Diouf, footballeur et moi. Nous sommes des cœurs d'or mais des lions indomptables avec autant de fans que d'ennemis. Nous sommes tous trois des patrimoines du Sénégal.
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