[ Reportage ] MENDICITÉ À DAKAR : Des Maliens envahissent la capitale

Le Sénégal est le pays de la sous-région où nous pouvons compter le plus grand nombre de maliens qui ont pour travail la mendicité. Ceci par rapport aux autres pays comme la Guinée, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie. Ce lot est composé de maliens, guinéens, mauritaniens. Ils sont les plus visibles. Ils sont jeunes, vieux et femmes à s’adonner à la mendicité qui met à nu la pauvreté d’une couche de la population malienne. Seulement, une fois dans les rues de Dakar, ils sont exposés à des dangers et vivent dans des conditions difficiles. 

Ils sont nombreux les maliens établis dans la capitale sénégalaise avec comme source de revenus la mendicité. Ils sont généralement originaires des quartiers pauvres du Mali. Certains viennent avec toute leur famille et vivent uniquement de la mendicité. La plupart de ces maliens sont exposés à d’énormes dangers qui persistent à Dakar à savoir les viols, les agressions, drogues, vol et la prostitution. Dès les premières heures de la matinée, ils investissent les rues de Dakar à la recherche de quoi nourrir la famille et subvenir aux besoins.  

Certains n’hésitent pas à s’adonner aux vols et autres formes d’agressions. Dans la plupart des cas, ils se retrouvent en prison ou dans les morgues des hôpitaux de la ville. La seule motivation de ces familles vers le Sénégal est selon cette mère de famille : « Ici les gens donnent de l’argent aux mendiants et puis ça marche.

Nous n’avons pas le choix sinon nous serions resté à Bamako ». À la question de savoir les moyens de transport qu’ils empruntent pour rallier la capitale sénégalaise, elle dira « par train ». Avec ses enfants, elle a quitté Bamako, il y a cinq ans, a pris le train et s’est retrouvée à Dakar.

« Nous étions à Bamako d’abord avant de venir ici parce que là bas on n’arrivait pas à avoir assez d’argent. Les gens ne donnent pas souvent l’aumône et souvent ils nous chassent de leur maison ». Raconte t-elle. A Dakar, elle parvient à bien nourrir sa progéniture car dit-elle : « les gens donnent à tout moment de la journée et même de la nourriture». Cette dame et ses paris opèrent aux abords des mosquées, des services, des ronds-points, dans les marchés et devant les banques.

Certains arrivent à faire beaucoup d’économie pour, selon nos interlocuteurs « construire des maisons à Bamako ». C’est le cas d’une dame assise devant une mosquée, qui confie : « j’ai construit une maison pour ma mère à Bamako. C’est grâce à ce travail. Malgré les difficultés j’arrive à faire de l’économie pour ma famille au Mali. Mais nos voisins ne se doutent de rien à propos de ce que je fais ici. Je pense que ma famille non plus à part quelques membres ». 

 
Quand la pauvreté guide les instincts

 
Cette dame fait partie de ces nombreux " damnés" qui cachent leur métier à leur famille restée au pays et qui fondent tout son espoir sur eux. Pour eux,   c’est la seule façon de s’en sortir. «Nous sommes issus de familles très pauvres et c’est la raison pour laquelle nous avons choisi ce métier. Il faut être pauvre pour comprendre certaines choses de la vie.

Rien n’est facile dans cette vie et il n’est pas donné à tout le monde d’être riche et s’en sortir facilement ». Interpellée sur les dangers du métier, elle lance « nous sommes conscient du danger mais nous n’avons pas le choix. Pauvreté oblige car c’est le seul travail qui nous reste. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls ».

« Nous sommes souvent tentés par des choses qui font perdre la dignité de l’homme comme la prostitution, la drogue et d’autres. Surtout,  si nous avons des filles qui ont l’âge de faire l’amour » explique t-elle la gorge séchée. Cette massification des maliens dans la mendicité, ils l’expliquent par le fait que « les Sénégalais aiment trop les marabouts qui leur recommandent de faire des sacrifices.

La plupart des Sénégalais consultent des marabouts pour la résolution de leurs différents problèmes » nous confie une malienne. Par ailleurs, ces mendiants maliens qui ont fini par prendre possession des artères de Dakar, sont confrontés à d’autres problèmes comme le logement et l’éducation de leurs enfants. Dans le milieu, les enfants sont très nombreux.

Ils servent de guide aux non- voyants. Mais aussi, participe à l’opération mendiant afin de subvenir aux parents qui n’ont plus la possibilité de faire le travail. D’ailleurs, les maliens sont devenus les acteurs principaux de la mendicité au Sénégal car ils sont nombreux par rapport aux autres nationalités. Souvent,  la seule question qu’on se pose est de savoir si « le Mali est aussi pauvre? ». En tout cas, les autorités maliennes doivent prendre cette question au sérieux.