MORT PAR BALLE DE MALICK GUÈYE À GRAND-YOFF - La thèse de la bavure se précise

L’enquête sur la mort de Malick Guèye, agresseur pour les policiers et marchand pour ses proches, conduite par la Division des investigations criminelles (Dic) n’a pas révélé tous ses secrets. Mais d’ores et déjà, selon des informations concordantes, la thèse de la bavure se précise. Le rapport d’autopsie dément la version de la police, au moins en ce qui concerne la partie du corps du défunt atteinte. Et les supposés acolytes de Malick Guèye ont finalement été relaxés.

Le corps de Malick Guèye a été finalement rendu à ses parents mardi dernier après l’autopsie qui s’est déroulée au pavillon Bichat de l’hôpital Aristide Le Dantec. Il a été inhumé le même jour à Touba. Les obsèques se déroulent depuis mercredi à Bathie Lamigne, une localité située dans la région de Louga où le défunt habitait. Pendant ce temps l’enquête, initiée pour déterminer les circonstances qui ont présidé à sa mort, confiée à la Division des investigations criminelles (Dic), se poursuit. Les éléments de la Brigade des recherches du commissariat des Parcelles assainies qui ont été à l’origine de la mort de Malick Guèye continuent à défiler devant leurs collègues de la Dic. Selon des informations obtenues de bonnes sources, la thèse de la bavure est la plus plausible dans cette affaire. Les résultats de l’autopsie ont fini de confondre les policiers incriminés.

Dans sa version la police soutenait que les faits se sont déroulés dans la nuit du vendredi au samedi, vers 3 heures du matin après qu’un homme a été agressé par une bande de malfaiteurs qui l’ont délesté de la somme de 50.800 francs. Les éléments du poste de police de Grand-Yoff, informés, avaient demandé de l’aide au commissariat de police des Parcelles Assainies dont dépend le poste de Grand-Yoff. Arrivés sur les lieux en provenance des Parcelles Assainies, les éléments de la brigade des recherches, dirigés par le brigadier Amdy Ndoye, sont tombés sur la bande qui était au nombre de cinq individus. Dès que les malfaiteurs ont vu les policiers débarquer, ils se sont engouffrés dans une voiture Peugeot 305 break de couleur blanche qui a démarré en trombe, poursuivie par celle des policiers. Coincés quelques mètres plus loin, les «agresseurs» sont sortis pour s’enfuir à pied. Les policiers les somment alors de s’arrêter. Mais ils continuent leur course. Les flics les poursuivent dans le quartier avant de réussir à mettre la main sur trois individus. Le 4e réussit à semer les policiers. Poursuivi, le 5e dégaine une machette et attaque l’agent. Ce dernier esquive les deux coups portés sur lui, s’agrippe sur le fuyard qui le traîne sur 20 mètres. C’est alors que le policier a dégainé son arme de service et a tiré, atteignant «l’agresseur » à l’abdomen. «Agresseur» qui plus tard sera identifié sous le nom de Malick Guèye qui est un «commerçant», selon ses parents.

Cette version de la police, a été battue en brèche par le certificat de genre de mort. Selon une source très au fait du dossier, Malick Guèye n’a pas été atteint à l’abdomen, mais à la partie inférieure de la nuque. Ce que des membres de la famille du défunt à qui le corps a été restitué confirment. «La balle est entrée sous le lobe de l’oreille», renseigne un quinquagénaire qui fait partie de la délégation ayant recueilli le corps à la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec avant de l’acheminer à Touba. D’ailleurs, selon une autre source, ce sont ces résultats, montrés aux policiers mis en cause qui les ont poussés à «craquer » et à relater les faits tels qu’ils se sont déroulés. Penchant maintenant pour la thèse de la bavure, nous renseigne-t-on, les autorités policières n’ont pas voulu pousser le bouchon trop loin, histoire de sauver ce qui peut l’être des meubles. Ils ont tout simplement ordonné la libération des trois «agresseurs» qui ont été arrêtés. «Ils sont libres de tout mouvement depuis quelques jours», nous dit une source policière. Toutefois, l’enquête suit son cours et jusqu’à présent, les éléments de la brigade des recherches de la police des Parcelles assainies incriminés continuent de répondre aux convocations des agents de la Dic.