Suite au lancement des travaux de la mosquée Gouye Mouride, la communauté chérifienne s’est fendue, hier, d’un communiqué pour fustiger l’attitude de «diviseur» du chef de l’Etat et réclamer «leur terre», auprès du khalife général des mourides.
Le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade avait, mercredi dernier, lancé les travaux de la future grande mosquée mouride de Dakar, en grande pompe. Cela n’a pas manqué de susciter l’indignation de la communauté chérifienne de Chérif Moulaye Idriss Aïdara qui condamne «fermement l’acte posé» par le président de la République. En effet, le site en question «appartenait à Chérif Mouhamadoul Al Mahdiyou Aïdara, qui a été assassiné en 1988 dans des circonstances qui tardent à être connues…Petit-fils du prophète, il a été même, inhumé par le vénéré feu Thierno Mountaga Tall sous l’ordre d’Abdou Diouf (Ndlr : ancien président de la République du Sénégal) dans ledit terrain», relève un communiqué de la famille chérifienne qui nous est parvenu hier. Convaincue, par ce geste de Me Wade, que l’Etat est en train de cautionner «l’injustice», la communauté chérifienne voit également à travers cet acte, «une source de différend entre les différentes communautés religieuses du Sénégal».
En fait, l’histoire partirait d’une bagarre entre les toucouleurs et des représentants des mourides dans les années 70, rappelle-t-on. «Chassés par les toucouleurs de Madina Gounass à Gouye Mouride, Ndiaga Guèye, Bamba Diaw et Serigne Ngom, représentants des mourides sont venus voir le Chérif pour lui demander de leur permettre de faire les prières de la Tabaski et de la Korité sur son terrain… Afin d’éviter l’effusion de sang entre disciples mourides et tidjanes de Madina Gounass, le Chérif accepte leur demande», lit-on dans le communiqué. D’ailleurs, poursuit ledit document, ce geste a été, à l’époque, «magnifié par le troisième khalife du mouridisme, en l’occurrence Abdoul Ahad Mbacké».
C’est après que ces représentants mourides «ont commencé à poser des actes de récupération d’un terrain… octroyé par Abdou Diouf, qui a donné l’autorisation pour que le Chérif soit enterré dans la chambre où il a été assassiné dans une nuit du vendredi 15 juillet 1988», note encore le communiqué. Et, voilà qu’après la disparition de feu Thierno Mountaga Tall qui, semble t-il, avait joué un rôle prépondérant pour la paix, que «le chef de l’Etat pose la première pierre». Toujours, en ce qui concerne la propriété du terrain, «le Chérif habitait ce site depuis 40 ans», relève encore le communiqué. Mieux, «la famille a tous les papiers à sa disposition». Mais, regrette t-elle, «à chaque fois que la famille cherche à régulariser ces documents, il y a une opposition totale des autorités». Pire encore, «le représentant de la communauté mouride, Serigne Ngom, qui gère le site, ne cesse de proférer des menaces à l’endroit des membres de la famille du Chérif», lit-on encore. Et l’argument selon lequel, le Président Wade est des leurs, serait brandi, comme arme de «guerre».
Pourtant, rappelle-t-on encore, en mars dernier, la famille chérifienne était à Touba, pour tailler bavette avec le khalife général des mourides, sur la question. Et, assure-t-on, le guide des mourides avait donné l’ordre de ne pas toucher à ce site, qui est «la propriété du Chérif».
Aujourd’hui, la famille chérifienne réclame, ni plus, ni moins, la restitution de «leur terre» et en appelle à l’intervention du khalife général des mourides. «Etant un digne héritier d’Ahmadou Bamba, les Chérifs pensent que le khalife ne ménagera aucun effort pour leur rendre leur héritage», relève le communiqué.
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