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MUSIQUE, CHANTS RELIGIEUX, TAM-TAM... : Le bruit pollue le campus social de l’Ucad

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MUSIQUE, CHANTS RELIGIEUX, TAM-TAM... : Le bruit pollue le campus social de l’Ucad

La pollution sonore dicte sa loi au sein du campus social de l’Université. Les autorités du Coud semblent impuissantes face à cette situation qui constitue une véritable gêne pour les étudiants. Elles demandent l’aide et la compréhension des étudiants pour arriver à bout du phénomène.

Le soleil est clément en ce début de journée du mardi 22 juillet au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Un vent frais y souffle. Au milieu des coiffeurs qui ont élu domicile au terrain de basket des pavillons J, K, L et M, un étudiant, le « Tama ou petit tambour » serré entre les jambes, le bat avec vigueur. L’on se croirait dans une manifestation. Le bruit est fort voire gênant puisqu’il a obligé ceux qui font la grâce matinée à se réveiller pour s’enquérir de l’événement. L’étudiant coiffeur se livre le matin, très tôt, à cette pratique depuis que les cours tendent vers leur fin. Cet exemple n’est que l’arbre qui cache la forêt.

En réalité, la pollution sonore est fréquente au campus universitaire. En ce début de vacances, la musique et les chants religieux sont partout audibles. Les chambres ressemblent à des dancings ou discothèques. En cette période estivale, avec les fenêtres et les chambres grandement ouvertes, la musique provenant des chambres fuse dans les couloirs. Du chant religieux au reggae, en passant par le rap ou le mbalax, tout y passe. « Cela nous dérange réellement notamment en cette période de révisions », déclare Amadou, l’air sévère. A l’en croire, cette pollution sonore les empêche de rester dans les chambres. Ils sont obligés d’aller à la bibliothèque universitaire ou dans les bois de l’Ucad, appelés « bois sacrés » pour réviser. Pour cet autre étudiant préférant garder l’anonymat, il y a moins de bruit dans les nouveaux pavillons (J, K, L, M). « La pollution se trouve du côté des pavillons Q, A, N », dit-il, le sourire aux lèvres.

Le pavillon A est dénommé « marché Colobane » par les étudiants du fait du tapage sonore. Toutes les manifestations religieuses, culturelles, sociales et politiques se tiennent, le plus souvent, dans son hall. « On y voit tout », fustige Ndéné, un locataire du pavillon. A l’en croire, certains étudiants s’adonnent parfois, au-delà de la musique, à l’usage de la drogue, de l’alcool, etc. « Quand certains se soûlent, ils se bagarrent. De ce fait, ils dérangent leurs voisins de couloirs », regrette-t-il. Le pavillon abrite beaucoup d’événements. La salle Soweto est consacrée aux soirées dansantes. S’y ajoute le vacarme provenant du terrain de basket à l’occasion des matches du Duc et autres matches de préparation.

La gêne

Le pavillon N est également spécifique. Surnommé « Bateau le Diola » du fait de sa forme en bateau, il accueille un grand nombre d’étudiants chaque année. Les balcons du pavillon servent de dortoirs aux étudiants non logés et de lieux de regroupements des dahiras du campus. Ousmane, un des locataires du pavillon, reconnaît toutefois qu’il y a moins de bruit en cette fin d’année. « Tous les étudiants sont actuellement occupés par les révisions. Ils ont réduit leurs rassemblements », dit-il. Seulement, il y a quelques étudiants qui augmentent le décibel de leurs magnétophones au moment où les autres cherchent à trouver le sommeil précieux en cette période. « Je n’ai rien contre ces genres de manifestations. Chacun a le droit d’exprimer son appartenance religieuse, pourvu que cela ne gène personne », estime Moussa Traoré, locataire au pavillon C. « C’est tout à fait normal. Mais, qu’ils ne dérangent pas les autres », ajoute-t-il. A l’en croire, certains dahiras se permettent parfois d’installer des haut-parleurs dans les halls des pavillons. « C’est inadmissible. C’est de l’anarchie. Ils causent du tort à ceux qui voudraient dormir tôt. Il est difficile de travailler ou de dormir en ayant à ses côtés une forte sonorisation », pense-t-il.

Le règne du laisser faire

Quant aux radios dans les couloirs, il croit que cela ne pose pas problème. « Cela se gère entre étudiants ». Il reconnaît toutefois que chacun a le droit d’écouter sa musique sans gêner les autres. Il lui est même arrivé de sommer ses voisins de diminuer le volume de leur poste radio. Ils lui ont tranquillement obéi. Selon lui, il y a un règlement qui légifère la vie dans les pavillons. « Malheureusement, les étudiants l’ignorent ou bien font semblant de l’ignorer. C’est la méconnaissance des limites des uns et des autres », regrette-t-il. L’étudiant pense que c’est le Coud qui a laissé les étudiants agir de la sorte. « Les responsables de pavillons ne font aucune vérification. Ils ont laissé la situation pourrir », croit-il.

Manque de civisme

Il estime que les autorités du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) doivent régler la situation qui prévaut actuellement au sein du campus avec cette pollution sonore. Pour cela, soutient M. Traoré, elles doivent trouver un local, à l’image de la salle Soweto, qui serait réservée uniquement aux soirées dansantes et autres manifestations culturelles. Certains étudiants estiment que pour « conscientiser » leurs camarades, le Coud doit afficher, dans les halls des pavillons et à l’intérieur des chambres, des tracts pour informer les étudiants du code de conduite des logements. « C’est l’obligation du Coud de les informer pour qu’il n’y ait pas de zones d’ombre ». Pour lui, ce n’est pas le « clandotage » qui est à l’origine de cette cohabitation difficile entre étudiants. « C’est plutôt du « je m’en foutisme », du laisser aller, de l’inconscience. C’est le fait d’être immergé dans un espace de trop de liberté que certains se croient tout permis », défend-il. Adama Diédhiou, chef de résidence des pavillons J, K, L, M, est formel. « Le clandotage ne pose pas problème. Les gens ont appris à s’accepter. Ils connaissent les réalités et se sont adaptés à la situation », précise-t-il. De l’avis de M. Diédhiou, la tenue des manifestations dans le campus dépasse parfois leurs compétences. Les chefs de pavillons ne peuvent intervenir que dans leurs espaces respectifs. A l’en croire, c’est un problème d’ « éducation » et de « civisme ». « Cela demande la participation de tous. Il faut l’aide et la compréhension de tout un chacun », poursuit-il. Comment pourrait-on comprendre un étudiant qui lance des mégots ou un paquet de cigarette, alors qu’à côté de lui, il y a une poubelle » ? S’interroge M. le Chef de résidence. « C’est un problème de conscience citoyenne », renchérit-il.

Franc jeu

La quiétude devrait régner au sein de l’espace universitaire. Les études doivent rimer avec un esprit tranquille et un environnement propice. « Le calme et la sérénité doivent prévaloir dans le campus », a déclaré le chef de service des cités, Moctar Ndoye. Selon ce dernier, le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) n’est pas à l’aise dans cette situation. A l’en croire, dans les normes, les organisateurs des manifestations doivent chercher une autorisation avant la tenue de leurs événements au sein du campus. « Les étudiants font fi des règles qui régissent l’espace universitaire », regrette-t-il. Il ajoute que les étudiants sont « réfractaires à tout ordre ». Alors que l’Université n’est pas une « zone de non droit ». Selon M. Ndoye, les autorités du Coud avaient émis le souhait de transféré toutes manifestations religieuses, culturelles et politiques au stade du Coud. Mais les étudiants ont refusé. « Ils ne jouent pas franc jeu », estime-t-il. Il poursuit : « parfois, ils interviennent en faisant signer des pétitions pour que le Coud laisse les ambulants, cireurs et autres coiffeurs travailler sans le moindre respect des règles », précise-t-il. « Ces problèmes existent et persistent à cause des étudiants », souligne-t-il, l’air amer. Pour M. Ndoye, il appartient aux étudiants de refuser le désagrément que certains leur causent et « manifester leur ras-le-bol ». « Ce sont les étudiants qui doivent nous saisir officiellement », suggère-t-il. Car, fait remarquer M. Ndoye, le Coud ne peut pas intervenir sans la demande des étudiants qui sont les plus exposés à cette pollution sonore. S’agissant des vendeurs ambulants qui squattent l’espace universitaire, il a indiqué qu’il y a une brigade qui les traque.



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