Me Wade s’est-il rendu compte de son erreur en procédant à la pose de la première pierre de la future grande mosquée Gouye Mouride, au mois de mai dernier ? En tout cas, il a fait arrêter les travaux et demandé à ce qu’une autre solution soit trouvée. Des dispositions prises suite à une audience accordée à la famille Chérif Moulaye Idriss Aïdara. Laquelle était montée au créneau pour réclamer la propriété du terrain.
Le projet d’ériger la grande mosquée mouride de Dakar risque de ne pas se réaliser sur le site initialement retenu. Pour cause, le président de la République qui avait procédé à la pose de la première pierre au mois de mai dernier, a demandé l’arrêt des travaux. Un ordre qui fait suite à l’audience qu’il a accordée, le 18 juillet dernier, à la famille Chérif Moulaye Idriss Aïdara. Laquelle avait, au lendemain de la pose de la première pierre, revendiqué la propriété du terrain, mais aussi critiqué l’attitude présidentielle qu’il avait assimilée à une humiliation. ‘N'ignorant pas les tenants et les aboutissants de l'histoire de ce site, les autorités ont posé des actes qui peuvent constituer des sources de différend entre les différentes communautés religieuses du Sénégal’, avait-elle relevé. Et la famille du Chérif Moulaye Idriss Aïdara de dénoncer, en son temps, ‘une profanation’.
Des choses que semble regretter le président de la République qui, au cours de l’audience qu’il a accordée à la famille Chérif Moulaye Idriss Aïdara et aux autres familles religieuses, a déclaré que ‘ce qu’une administration a fait, aucune autre administration ne doit le défaire’, confie le chef de délégation de la famille. Selon Dr Ahmadou Abdoulaye Aïdara qui nous recevait hier dans ses bureaux, le président de la République a fait la déclaration après avoir pris connaissance ‘des papiers qui attestent que le site appartient au Chérif’. La première preuve date de 1940 et a été délivrée par Dagobert.
L’autre preuve est une autorisation signée par l’ancien président de la République, Abdou Diouf et elle donnait carte blanche pour que l’on enterre ‘le saint homme et petit-fils du prophète dans sa maison’.
Le président était-il mal renseigné lorsqu’il procédait, en grande pompe, à la pose de la première pierre ? En tout état de cause, le communiqué signé par des membres de la famille et reçu le week-end dernier à la rédaction faisait savoir que ‘Me Wade a informé être encore ‘trompé’ par des gens qui l’ont poussé à poser la première pierre de ladite mosquée’. Ainsi, se sentant devant un dilemme, le président de la République, nous dit-on, a demandé à ce qu’une solution religieuse soit trouvée entre la famille chérifienne et les mourides. Une proposition rejetée par les petits-fils du Prophète, arguant que ‘la seule solution qui vaille est politique’ puisque des documents sur lesquels l’on peut se baser pour trancher la question existent. Des documents qui attestent que le terrain en question appartient à la famille du Chérif. Une contre-proposition que le président de la République a acceptée, avant de donner des consignes pour que ‘les travaux soient arrêtés en attendant qu’une solution définitive soit trouvée’. Ce qui reste suspendu à la rencontre qu’il a promis d’avoir avec le khalife général des mourides pour parler avec lui de la question.
Seulement, à la surprise des membres de la famille Cherif Moulaye Idriss Aïdara, ‘les bulldozers sont déjà sur place et ont commencé à terrasser les arbres et les murs’. Ce qui inquiète la famille. Aussi demande-t-elle ‘l’arrêt immédiat des travaux, mais aussi des provocations et intimidations’. Une demande soutenue par un appel lancé au khalife général des mourides afin qu’il intervienne pour qu’on leur ‘rende (leur) héritage avant qu’il ne soit trop tard’. Un appel qu’ils fondent ‘sur le degré élevé de compréhension, la foi et l’amour que son père Ahmadou Bamba a pour le prophète Mouhamad (Psl)’.
La famille rappelle que ‘le terrain a été prêté aux mourides en 1977 par Chérif Mohamadoul Mahdiyou Aïdara pour les prières de la Korité et de la Tabaski. Cela, suite à des difficultés qu’ils avaient avec les Pulaar de Médina Gounass’, explique le communiqué qui ajoute que ‘c’est par la suite qu’un certain Serigne Ngom a posé les jalons de récupération dudit site’. ‘Et notre père les a interpellés pour leur demander de quitter les lieux parce qu’il a besoin de son terrain. Il recevra des menaces, avant d’être assassiné dans sa chambre dans la nuit du 15 juillet 1988’, rappellent les signataires du communiqué.
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