Pour profiter de l'exploitation de l'or : Les étudiants de Kédougou séquestrent deux bus

La récente sortie du ministre des Mines, Madické Niang, soutenant que les retombées de l’exploitation de l’or de Sabodala profitaient aux populations de la zone, n’a pas l’heur de plaire aux étudiants originaires de Kédougou. Une colère qui s’est matérialisée hier, par l’immobilisation de deux bus à l’intérieur de l’Université de Dakar.

Très en colère contre le ministre des Mines, Madické Niang, l’Association des élèves et étudiants ressortissants de Kédougou (Aeerk) a immobilisé, hier, deux bus de la société de transport, Dakar dem dikk. A l’oriigine de cet acte, le sentiment qu’ont les membres de l’Aeerk que l’exploitation de l’or dans la zone de Sabodola ne profite pas aux populations de Kédougou. Une assertion contraire à celle soutenue récemment à l’Assemblée nationale par le ministre, Madické Niang.

Ainsi, pendant 9 tours d’horloge, les deux cars ont été immobilisés dans l’enceinte de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Une pratique courante au niveau de l’Ucad où, à la moindre occasion, les étudiants recourent à ce procédé guerrier pour se faire entendre des autorités. Une récurrence qui n’enchante guère le Directeur général de la société qui se plaint du manque à gagner causé à la société de transport par ces actes. Christian Salvy a confié que les pertes sont immenses à chaque fois qu’un bus est immobilisé par les étudiants. Il souhaite que cette pratique, préjudiciable à l’entreprise, cesse.

Du côté de l’Aeerk, ce souhait du patron de Dakar dem dikk n’est pas prêt à être exécuté. Ceci, tant qu’une solution n’est pas trouvée dans les brefs délais par l’Etat du Sénégal sur les retombées de l’exploitation de la zone aurifère de Kédougou. Ainsi, après une marche de protestation organisée le 25 août dernier à Kédougou par 22 villages de la zone, les étudiants ont voulu passer à la vitesse supérieure. ‘Si l’Etat du Sénégal ne nous intègre pas dans la gestion du sous-sol de notre localité, le cas du Katanga au Zaïre risque de se reproduire ici car nous ne nous laisserons pas faire’, a averti le trésorier de l’Aeerk, Mamadou Cissokho. Ce dernier, entouré de ses camarades, s’est dit sidéré par ‘la nébuleuse’ qui entoure la gestion des ressources minières de Sabodala. Une gestion qui, selon les élèves et les étudiants ressortissants de Kédougou, est confiée à ‘des étrangers qui en font ce qu’ils veulent’.

Les membres de l’Aeerk de s’interroger sur l’effectivité des bourses d’études qui leur avaient été promises par les investisseurs. Et c’est pour s’indigner de la mauvaise foi des autorités qui tardent toujours à octroyer les 7 bourses qui restent. ‘Les investisseurs nous avaient promis dix bourses d’études pour chaque année. Seulement, à cette date, nous en avons reçu 3 et l’on se demande où sont les 7 autres bourses qui restent. Ces gens sont malhonnêtes, ils ne tiennent jamais leurs promesses’, fulminent les étudiants. Avant de promettre le pire si les autorités du pays ne clarifient pas la gestion des ressources de Sabodala et n’intègrent pas les populations locales dans leur schéma de redistribution.

En l’absence du ministre des Mines, son directeur de cabinet mis au parfum de la situation a accordé, dans la soirée, une audience aux membres de l’Aeerk. Ces derniers ont, ainsi, libéré les deux cars pour, soutiennent-ils, ‘donner une chance à la négociation’.