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QUELQUES MOIS APRÈS L’INTOXICATION A NGAGNE DIAW : La psychose du plomb règne toujours

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QUELQUES MOIS APRÈS L’INTOXICATION A NGAGNE DIAW : La psychose du plomb règne toujours

Quelques mois après la tragédie du plomb, la vie reprend son cours normal à Ngagne Diaw, même si, de temps à autre, on enregistre des rechutes chez les enfants internés. Les sites sont fermés et les anciennes exploitantes écartent toute reprise de l’exploitation de plomb qui a coûté la vie à une trentaine d’enfants de 0 à 6 ans.

Pas d’effervescence sur l’ancienne mine d’exploitation de plomb. D’autres activités ont tout de même repris dans les environs. Près des rails, les mécaniciens et les ferrailleurs désintègrent les carcasses de véhicule ou de fût. Les trois vieilles fourgonnettes de la Police obstruent l’entrée de l’ancien épicentre du site d’exploitation.

Elles rappellent l’interdiction de l’exploitation du plomb. L’édifice où se faisait l’extraction est en ruines, symbolisant l’abandon de cette activité. Sur le flanc gauche, se trouve l’une des familles qui a le plus payé de cette activité. Les membres de la famille viennent à peine de se réveiller. Il était 9 heures.

Témoignages poignants

Seynabou Mbengue, une ancienne exploitante qui a bâti sa fortune sur l’exploitation du plomb, se tourne aujourd’hui les pouces. Mais elle ne retournera jamais dans la mine qui se trouve pourtant à quelques encablures de la maison familiale.

« L’exploitation du plomb m’avait permis de payer les études de mes enfants et de subvenir à mes besoins. Depuis l’interdiction de l’exploitation, nous sommes au chômage. Je ne compte pas reprendre les activités car j’y ai perdu un de mes enfants. L’autre qui joue là-bas (elle le montre) a été interné à l’hôpital puis au centre Guindi », confie Seynabou Mbengue.

Très vite, d’autres anciennes exploitantes s’invitent à la conservation. « Nous n’avons pas l’intention de reprendre l’exploitation du plomb. J’ai perdu un enfant. Dans ce quartier, plusieurs familles sont affectées par l’intoxication au plomb », souligne Penda Sow.

Le traumatisme est encore vivace. L’intoxication au plomb avait coûté la vie à une trentaine d’enfants âgés de 0 à 6 ans. Depuis lors, une commission locale des riverains a été portée sur les fonts baptismaux pour sensibiliser les habitants de Ngagne Diaw sur les méfaits de ce métal nocif pour la santé.

Assis dans la cour de sa maison dont le mur arrière empiète sur l’emprise de l’ancienne mine, le président de la commission technique de l’environnement Macoumba Diop, sort une pile de papiers informant sur les activités de sensibilisation.

« Il n’y aura pas de reprise de l’activité. En tout cas pas sur ce site », rassure-t-il. « Nous avons mené plusieurs activités de sensibilisation. Ici, il n’y a pas une famille qui n’a pas souffert de cette intoxication. Même s’il est vrai qu’on note des agitateurs qui veulent tirer profit de ce drame », laisse entendre, sur un ton ferme, le président de la commission technique de l’environnement.

Selon M. Diop, la lutte doit être menée sur deux fronts : la poursuite des décapages et la prise en charge des enfants contre ce « groupe d’individus » qui veut s’enrichir sur le dos des familles victimes. « Nous demandons aux autorités de poursuivre la deuxième phase de décapage qui doit démarrer en janvier ainsi que le dépistage de tous les enfants âgés de 0 à 12 ans », souhaite Macoumba Diop.

Poursuivre le décapage

Le deuxième site d’exploitation coincé entre une belle villa et des habitats en tuile est aujourd’hui occupé par des maçons. De l’autre côté de la rue du marché, les menuisiers sont en pleine action. Des grilles entourent le site. L’accès est toujours formellement interdit aux enfants de moins de 5 ans. Trouvé devant sa villa reluisante de couleur verte, Mohamed Diaw, de taille moyenne, se plaît dans ce quartier qui l’a vu naître. Il est revenu d’Italie depuis quelques années.

« Je ne crains rien ici. La presse avait surmédiatisé l’intoxication. Lorsque nous étions en Italie, nous avions cru que le quartier allait déménager. Mais tel n’est pas le cas. Aujourd’hui, nous remercions le Bon Dieu. Cela fait près d’un an que nous n’avons pas enregistré de décès pour cause d’intoxication au plomb », souligne le jeune émigré. Un calme règne dans le quartier. Tout le monde vaque à ses occupations. Si aucune perte en vie humaine n’a été constatée depuis, des cas de rechute chez les enfants sont parfois observés de temps à autre. Les vendeuses installées le long des rails bordés de tas de d’immondices demandent la poursuite du décapage pour sécuriser davantage le quartier. Elles sont d’anciennes exploitantes de plomb.

« Nous attendons les mesures d’accompagnement des autorités », dit une dame aujourd’hui reconvertie dans la vente du poisson.



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