A l'origine de cette audience (le terme retrouvailles étant prématuré), une démarche entreprise par Sérigne Abdoul Aziz Sy Junior. Et au fondement de cette démarche, il faut voir la succession de malheurs qui se sont abattus sur le Sénégal et leur portée présumée sur la stabilité politique et sociale.
Thierno Mountaga Tall, à l'instar du vénéré Sérigne Abdoul Aziz Sy, symbolisait et incarnait cette stabilité et constituait, le cas échéant, le trait d'union entre des forces contraires, intéressées par la conquête du pouvoir ou sa conservation. Sa disparition, dix ans après celle de Dabakh, sonnait, dans un tel contexte comme la rupture du pont qui maintenait le fragile équilibre. Et des commentaires faits par les uns et les autres, ressortait une inquiétude que l'on peut assimiler à un défi adressé aux héritiers des Saints hommes qui ont, envers et contre tout, réussi à réunir les uns et les autres, quels que soient le contexte et les enjeux, autour du minimum nécessaire. Ainsi donc, l'on peut lire cette inquiétude manifestée, çà et là, comme un défi adressé aux survivants de ces régulateurs sociaux. Un défi que Sérigne Abdoul Aziz Sy s'est, apparemment, fixé pour objectif de relever. Une manière de dire à l'opinion que ces saints hommes sont partis, certes. Mais, leur legs demeure entre les mains de leurs héritiers.
Deuxième niveau de lecture intimement lié au précédent, l'acte de Junior peut s'interpréter, dans la même foulée, comme un besoin de repositionnement afin de faire oublier aux uns et aux autres le vide laissé par les devanciers.
Les hommes passent ; les actes demeurent. Si Elhadj Abdoul Aziz Sy Dabakh et Thierno Mountaga Tall sont chantés dans l'opinion comme des facteurs de cohésion sociale, c'est d'abord et surtout à cause de ce que la postérité retiendra de leur passage sur terre. Ne voulant pas, lui-même, rater le train de l'histoire, Junior s'est inscrit dans ce sillage. En faisant du rapprochement des irréductibles opposants une mission vitale.
Ainsi, il s'impose, d'entrée de jeu, comme celui sur qui majorité et opposition devront, obligatoirement, compter. Il s'impose, par ailleurs, comme un tampon essentiel pour toute tentative de dialogue, de concertation ou de réconciliation dictée par les enjeux politiques du moment. En définitive, le porte-parole de la famille Sy de Tivaouane passe, à partir de maintenant, comme un passage obligé dans toute démarche de pacification du jeu politique et social.
Dans les réactions enregistrées, hier, l'on a certes, noté une tendance de certains hommes politiques, particulièrement de l'opposition, à flétrir la démarche sélective et volontairement tendue vers le renforcement du pôle présidentiel de Junior. Cela, selon ses contempteurs, en lieu et place d'une démarche plus axée vers la discussion sur les problèmes sociaux de l'heure, le respect de la Constitution et des règles du jeu électoral, etc. Oubliant que, en définitive, les personnes de Wade et Idy importent peu dans ce contexte. Il ne s'agit, ni plus ni moins, que d'un marquage de territoire et d'un jeu d'influence où les états d'âme cèdent le pas devant les impératifs de repositionnement.
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