«C’était un garçon … » I. Sall n’ira pas au bout de son témoignage. Tout en larmes, ce jeune frère de Samba Lamsar Sall, étudiant sénégalais assassiné à Saint-Petersbourg, en Russie, le 6 avril dernier faisait peine à voir. «Il faut être courageux, et s’en remettre à Dieu», tente de le consoler un militaire, qui a requis l’anonymat, et cousin du disparu. Ce dernier soutient : «C’est vrai que c’est une énorme perte pour la famille, car il était un génie. Je suis sûr que c’est à cause de son intelligence et de sa prétention de retourner pour servir le Sénégal qu’on l’a lâchement tué. La Russie est un pays extrêmement raciste. J’ai fait ma formation dans ce pays.»
Même Mme Sall la maman du défunt, par ailleurs professeur de russe au Lycée John Fitzgerald Kennedy de Dakar, est inconsolable. Elle sanglote, au milieu de sa fratrie, essuie ses larmes avec les pans de son grand boubou blanc et se cache, parfois, derrière ses mains. L’émotion est à son comble, à l’aéroport Léopold Sédar Senghor où la dépouille mortelle de cet étudiant en télécommunications est arrivée, hier, par vol Af 719 d’Air France, entièrement pris en charge par l’Etat du Sénégal. Sur les lieux, malgré la forte affluence, le silence est impressionnant. Seuls y montent les murmures de prières qui coulent de toutes les lèvres ou autres chuchotements.
Le vieux Bayal Sall, père du défunt, emmitouflé dans un grand-boubou bleu, peine à retrouver sa voix, au milieu de cette masse. En croyant, il martèle : «C’est la volonté de Dieu, je laisse tout entre ses mains.» Entouré du directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye et du général Pape Khalil Fall, chef d’Etat-major général des armées, seules autorités de la République, et d’autres responsables politiques, M. Sall, avec sa larmoyante et inaudible voix, lâche sa langue : «Je tiens à préciser que j’ai reçu le coup de fil de l’Ambassadeur de la Russie, et du recteur de l’Université de Saint-Petersbourg. C’est un geste assez symbolique !»
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