REACTIONS - Les enseignants sur la plainte de Me Wade devant le Bit et l’Onu : «La pression ne passera pas»

Me Wade a annoncé hier, alors qu’il recevait la délégation du Pacte républicain qu’il a porté plainte devant le Bureau international du travail et la Commission des droits de l’Homme de l’Onu contre les enseignants en grève. Mais pour ces derniers qui n’ont pas manqué de remarquer le paradoxe dans la démarche du chef de l’Etat, c’est une manière de leur mettre la pression à la veille des négociations annoncées pour ce mercredi.

Dans le chapitre des réactions, les «accusés» ont tous noté «le paradoxe» dans la démarche. «Sinon», comment comprendre qu’on porte plainte contre des personnes qu’on appelle à la table de négociations ? A cette question de Mamadou Mbodj, coordonnateur du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen et secondaire (Cusems), Marème Sakho Dansokho du Sypros (Syndicat des professeurs du Sénégal) répond que c’est «peut-être une manière de leur mettre la pression pour préparer les négociations. Mais pour l’enseignante, c’est perdu d’avance. Dans une situation pareille, c’est normal qu’il essaye de mettre la pression sur nous pour préparer la rencontre de mercredi (Ndlr : le chef de l’Etat a convoqué les enseignants le mercredi pour des négociations). Mais de toute façon, nous sommes conscients de tout cela, je pense que si c’est de la pression, c’est peine perdue». Elle soutient, par ailleurs, que son organisation défend une cause juste et a emprunté la procédure légale avant de poser des actes de revendications. Forte de cet argument, elle déclare : «Nous croyons que nous sommes dans nos droits et quelle que soit la juridiction, nous saurons nous défendre.»

Du côté de l’Uden, Mamadou Diop «Castro» déplore le cadre choisi par le président de la République pour annoncer sa plainte contre les enseignants. «Il le dit à des gens qui ne sont pas intéressés par la question, nous attendons qu’il le dise aux enseignants quand il les recevra.» C’est que pour le député syndicaliste, le Pacte républicain n’était pas habilité à négocier à la place des enseignants, mais à faire de la facilitation pour le dialogue politique et le dialogue social. De toutes les façons, M. Diop «Castro» ne démord pas pour autant. Il attend la rencontre de mercredi pour voir si le chef de l’Etat va, effectivement, leur annoncer qu’il a porté plainte contre eux. A partir de ce moment, «nous apprécieront devant lui», promet M. Diop. C’est la même attitude du côté du Syndicat unique et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes) où son leader Mamadou Diouf préfère attendre la confirmation du chef de l’Etat pour réagir.

En tout cas, les enseignants affichent la sérénité devant cette plainte du chef de l’Etat contre eux devant le Bureau international du travail (Bit) et la commission des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations-Unies (Onu). Mamadou Mbodji du Cusems remarque que cette démarche est «sans objet». D’autant plus que «c’est le gouvernement qui est entièrement responsable des désagréments dans l’enseignement, pour avoir refusé de négocier à temps». <12>[email protected]