« Ineptie, enfantillages, manœuvres de stabilisatrices, voire d’une extrême gravité ». A dire vrai, les qualificatifs ne semblent pas assez forts au niveau des responsables du Cusems pour apprécier le projet supposé du ministère de l’Education visant à recruter quelque 630 étudiants maîtrisards pour suppléer les enseignants grévistes du Moyen et du secondaire. Comme si les autorités ne respectaient pas le système éducatif, ont affirmé les responsables du Cusems qui ont appelé leurs compagnons de lutte à la sérénité.
La crise persistante qui secoue l’école sénégalaise depuis l’année scolaire écoulée avec les multiples plans d’action de grève déroulés par les enseignants du Moyen et du secondaire est en train de prendre une nouvelle tournure. Après les concertations lacunaires et peu productives avec le Cadre unitaire des syndicats d’enseignants du Moyen et du secondaire (Cusems), le principal acteur de la grève, l’Etat sénégalais par le canal du ministère de l’Education, a inauguré une politique fractionnée de ponction des salaires des professeurs. Une stratégie relayée depuis avant-hier par un projet du département ministériel de l’Education de recruter quelque 630 étudiants maîtrisards pour suppléer les enseignants grévistes du Moyen et du secondaire et surtout pour mettre un coup d’arrêt définitif à la déperdition du temps scolaire recensée dans les mouvements d’humeur incessants du corps professoral qui handicapent sérieusement le développement de l’école au Sénégal. Cette mesure de taille, destinée selon les responsables du ministère de l’Education, à éviter les effets collatéraux des mots d’ordre de grève qui risquent par ailleurs de déteindre sur les résultats des élèves en fin d’année comme pour l’année 2005-2006 », consistera en cours gratuits de renforcement et de rattrapage dispensés au profit des élèves par les étudiants maîtrisards issus d’universités comme celle de Dakar, de Saint-louis, voire de l’étranger.
« Entre fuite en avant, ineptie et manœuvre de stabilisatrice »
Soucieux en vérité de mettre l’école sénégalaise sur les rampes de la qualité et du développement, le ministère de l’Education comme le constatent beaucoup d’observateurs attentifs du paysage éducatif serait en train d’opérer une véritable « fuite en avant ». Une fuite en avant qui serait tout à fait compréhensible compte tenu du fait que le ministère bute contre le règlement définitif de cette crise scolaire. Pourtant, les services du Pr Moustapha Sourang se sont efforcés de solutionner toutes les revendications à caractère pédagogique du Cusems. Mais, là où le bât blesse, c’est l’épineuse question du relèvement de l’indemnité de logement. Une question d’ordre financier qui ne relève pas des prérogatives du ministère de l’Education et sur laquelle bloquent les négociations avec les centrales syndicales enseignantes, au premier chef desquels le Cusems. Un cadre unitaire qui s’est montré extrêmement pugnace face à la mesure supposée du ministère de l’Education de recruter des étudiants maîtrisards pour renforcer les aptitudes des élèves dans les lycées et collèges. Pour Mbaye Fall Lèye, porte-parole de la centrale syndicale, une telle décision serait « une pure ineptie qui relèverait tout au plus de l’enfantillage ». Allant même plus loin, le responsable du Cusems a parlé d’une « initiative scandaleuse et d’une extrême gravité qui ne viserait qu’à destabiliser le mouvement revendicatif des enseignants du Moyen et du secondaire ». C’est pourquoi Mr Lèye qui récuse la faisabilité d’une telle initiative qui requérait quelque 9000 à 10000 agents pour suppléer l’effectif du corps professoral dans les lycées et collèges du Sénégal, appelle ses compagnons de lutte à la sérénité dans la défense de leurs intérêts, ceux de l’école et des élèves. Des élèves qui, en tout cas, se disent peu disposés à suivre les enseignements de supposés étudiants maîtrisards non formés à l’enseignement, certainement en rupture de compétences pédagogiques alors qu’eux-mêmes se confrontent au quotidien et sur le terrain aux insuffisances pratiques de beaucoup de vacataires.
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