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REPORTAGE - «Frontex» se déploie le long des côtes sénégalaises : A la traque des clandestins en direction des Iles Canaries

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REPORTAGE - «Frontex» se déploie le long des côtes sénégalaises : A la traque des clandestins en direction des Iles Canaries

En langage aéronautique, le Lac Rose constitue le point de sortie et d’entrée dans l’espace aérien dakarois pour les appareils effectuant des vols à vue, c’est-à-dire des vols de surveillance.

Et, une fois ce point fatidique N1 franchi, toute mission de surveillance peut démarrer, comme celle assignée mercredi matin aux trois hommes à bord de l’hélicoptère espagnol ECDX. Confortablement assis sur leurs sièges, les pilotes espagnols ne cessent de scruter la surface de la mer qu’ils dominent à 300 m d’altitude. Pour cette cinquième sortie dans le cadre de l’opération Frontex, le Capitaine Jaimé Munoz et son copilote Javier Pentaba sont accompagnés du Capitaine-Instructeur sénégalais Mamadou Séye. Et, grâce à l’entregent du Lieutenant Mouhamadou Moustapha Sylla de la Direction des relations publiques avec les armées (Dirpa), un reporter de l’Aps est de la partie.

Les trois officiers ne sont pas des néophytes. «Nous avons effectué ce travail dans les Iles Canaries. Je trouve que c’est un travail humanitaire, car nous le faisons pour sauver des vies. Si on les laisse (les candidats à l’émigration) partir, ils peuvent arriver à destination comme ils peuvent mourir en mer», explique Javier Pentaba. Puis, il ajoute : «J’en ai vu arriver quelques-uns aux Iles Canaries complètement abattus.»

Le Capitaine Mamadou Sèye s’y connaît également pour avoir été au cœur des opérations de repérage en mer ou sur terre. Instructeur-pilote de son état, il compte à son actif 30 années de service.

Les patrouilleurs effectuent la traque aux candidats à l’émigration clandestine à «tour de rôle», selon le Capitaine Sèye qui précise qu’«il y a dans chaque vol, un pilote de contrôle. Il est chargé d’assurer la coordination entre le vol et les éléments de la marine».

Pour ratisser la zone, il faut que l’hélicoptère évoluant à partir de 5 km des côtes, se dirige d’abord au nord, puis à l’ouest. L’objectif est de «contourner la stratégie des pirogues», explique le Capitaine Sèye non sans faire remarquer que «le plus souvent, les pirogues s’éloignent des côtes pour ne pas être repérées par les aéronefs. Pour contourner cette stratégie, nous allons le plus loin possible». «Nous volons, ajoute-t-il, à 100 km au large des côtes en fonction de la météo et du plafonnement des nuages.»

On en était à ces explications, quand tout d’un coup, le pilote change de direction. Motif ? «On nous a signalé la présence d’une pirogue vers l’Ouest», indique le copilote citant des informations livrées par des agents de renseignements. «Nous avons des agents de renseignements un peu partout», lance le Capitaine Sèye, une pointe de fierté dans la voix. Sur le lieu indiqué, il n’y a que des bateaux. Le constat fait, l’hélicoptère reprend sa direction initiale pour piquer ensuite vers l’ouest sans avoir repéré la moindre trace de pirogue de clandestins. Le Capitaine Jaimé déplore le temps qu’il fait : «Il y a un problème de visibilité et cela rend un peu difficile l’opération.»

Pour le Capitaine Sèye, de pareilles opérations exigent un matériel de pointe. Ce dont dispose l’appareil espagnol qui est équipé de deux moteurs, d’un système de flotte et d’un équipement de navigation en cas de «problèmes».

Après 450 km accomplis en deux heures et quinze minutes de vol, l’appareil fait cap vers son point de départ. Sur le chemin, à 50 km de Dakar, un objet apparaît au loin sur l’eau. Plus on se rapproche, plus la configuration de l’objet devient nette. «C’est une pirogue qui va vers l’Ouest !», lance le Capitaine Sèye.

Il faisait 11 heures 23 minutes. A bord de l’embarcation, on voit des hommes assis et d’autres debout. «Ils doivent être une centaine. En général, ils ont tout ce qu’il faut à l’intérieur», explique le Capitaine Sèye. Au même moment, Jaimé alerte le dispositif Frontex installé à l’état-major de la marine qui a son Pc au port de Dakar, pour l’envoi d’un bateau en vue d’intercepter les candidats à l’émigration.

Se sentant prise en étau, l’embarcation se dirige vers le nord et, d’un coup, se met à tournoyer. «Ils savent qu’ils ont été repérés. Ils ne peuvent plus rien. Ils vont tournoyer», explique le Capitaine Sèye.

Pour ne pas perdre de vue la pirogue et gêner du coup sa manœuvre, l’hélicoptère multiplie les rotations au-dessus de l’embarcation. Cela dura jusqu’à ce que le pilote s’assure que des navires sont sur le point d’intercepter l’embarcation. Puis, quittant ce théâtre des opérations, il repend le chemin de la base de Ouakam.

«La mission est bonne», conclut le Capitaine Sèye. Pour Jaimé et Munoz, c’est le début d’un moment de repos jusqu’à samedi. Jour où ils prendront les airs pour une autre sortie.



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