Le ministre de l’Agriculture et de l’hydraulique rurale, Farba Senghor, était hier lundi à Ziguinchor, dans le cadre de sa tournée de sensibilisation sur le plan «Retour des émigrés vers l’agriculture» (Reva). Sans mettre de gants et dans un langage on ne peut plus direct, il a martelé à l’intention des populations locales, largement représentées par les élus locaux et par les représentants de plusieurs organisations, que le succès de ce plan Reva dépendra du degré de l’appropriation qu’elle en feront, mais aussi des conditions de paix et de sécurité dans la région.
Dès l’entame de ses propos, le ministre de l’Agriculture a mis l’accent sur le caractère spécifique de la région naturelle de Casamance, pour tenter de convaincre son auditoire de l’intérêt que pourrait constituer pour celle-ci, ce nouveau plan initié par le chef de l’Etat pour fixer les populations dans leur terroir. Pour Farba Senghor, la Casamance retient particulièrement l’attention du gouvernement pour diverses raisons. Parmi ces dernières, il cite le rôle de grenier national qu’elle aurait pu jouer, au vu de ses potentialités. Malheureusement, s’empresse-t-il de regretter, «le conflit qui a duré plus de deux décennies a handicapé durablement le développement de cette région et causé son retard». Pour rattraper le temps perdu et combler le gap, M Senghor en appelle à la responsabilité de tous et de chacun.
C’est pour cela que le gouvernement, dans le cadre de cette mission, explique-t-il, mise sur l’appropriation du plan Reva par les populations et sur une prise de conscience totale car la Casamance ne peut se développer sans ses fils et sans la paix. «Les enfants de la Casamance, aspirent profondément à la paix, les familles veulent vivre dans de bonnes conditions. Et si ces conditions ne sont pas réunies, il serait absurde de penser que nous pourrons, malgré notre bonne volonté, réussir cette mission et permettre aux populations de se prendre en charge, et de développer cette région dont 90% des habitants sont des ruraux et ont toujours vécu de l’agriculture», conscientise le ministre Farba Senghor qui en appele à la responsabilité des Casamançais pour prendre conscience des méfaits de la crise.
Aux nombreuses interpellations faites par les intervenants sur des questions comme la disponibilité des terres, le manque de matériel agricole moderne et d’engrais, l’enclavement de la région, le pourrissement des fruits et l’emploi des jeunes, ainsi que la réinsertion des populations déplacées, Farba Senghor a tenu à préciser que «le plan Reva s’adresse à toutes les catégories de personnes vivant au Sénégal. Il est flexible, s’adapte à toutes les situations, à toutes les régions, à toutes les populations et à tous les systèmes écologiques».
La première clé de répartition présentée par le ministre de l’Agriculture prévoit pour les bénéficiaires, sur un taux de 100%, 35 à 40% aux autochtones non déplacés, le même pourcentage aux émigrés revenus, refoulés et aux autres personnes déplacées, tandis que 10% sont prévus pour les Volontaires de l’agriculture et 15% aux exploitants agricoles et autres. Mais à la condition que toutes ces catégories sociales soient originaires des zones d’implantation des pôles d’émergence agricoles.
Par rapport à l’accès à la terre, Farba Senghor rassure que l’Etat dispose de suffisamment de terres ayant déjà abrité des projets tombés en faillite ou non aboutis. Il s’agira de les recenser par le biais des gouverneurs et préfets. Au-delà, il instruit que des commissions sont installées pour trancher les litiges portant sur l’accès à la terre et appelle à de larges concertations pour que le règlement se fasse dans la transparence.
Le ministre de l’Agriculture a également pris quelques dispositions pratiques pour répondre aux préoccupations des agriculteurs. Il s’agit notamment de la mise à disposition de 50 tonnes d’engrais aux producteurs de la région, de l’extension dans les pôles d’émergence agricole des bananeraies et des anacardiers et de la tenue d’un séminaire exclusif sur les cultures maraîchères en Casamance. Farba Senghor a également annoncé l’assistance du Brésil pour résoudre la question des mouches blanches qui attaquent les fruits.
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