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SAUCISSONNEMENT DU PAYS : Taille-t-on provinces pour un dauphin ?

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SAUCISSONNEMENT DU PAYS : Taille-t-on provinces pour un dauphin ?

Quatorze régions, 44 départements, 340 communautés rurales, 150 communes pour 196.700 Km2 de superficie. Le Sénégal est indiscutablement « déconcentré ». Est-il pour autant décentralisé ? En saucissonnant davantage le territoire national, a-t-on cherché à approfondir la réforme de 1996 ? Tente-t-on, comme le pense Moussa Tine de l’Alliance Jëf-Jël de Talla Sylla, « d’offrir espace à la distribution des rôles au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds) » ? Taille-t-on plutôt « provinces pour un dauphin » ainsi que d’aucuns l’avancent au sein de l’opposition, ou encore a-t-on fait revenir la provincialisation de Me Wade ?

Lien recommandé Quatre nouvelles régions, 14 nouveaux départements, une quarantaine de nouvelles communautés rurales, 40 nouvelles communes. Ce qui porte le nombre de régions administratives à 14, les départements à 44, les communautés rurales à plus de 340 et les communes à 150 pour 196.700 km2 de superficie. En huit ans, le pouvoir issu des urnes du 19 mars 2000 et consolidé en février 2007 a conforté la réforme de 1996 en l’approfondissant, si l’on en croit Abdoulaye Lô, technicien et expert de la décentralisation. Interrogé hier, dimanche 17 août le technicien assure que la « création des nouvelles régions procède de l’approfondissement de la réforme de 1996 portant décentralisation.

Celle-ci postulait l’accroissement des régions, partant l’augmentation des collectivités locales pour rapprocher davantage l’administration de l’administré, pour favoriser le développement local, pour asseoir et consolider la démocratie à la base ». Même si le technicien reconnaît que les mouvements d’humeur « tout à fait compréhensibles » des populations à la base réclamant plus d’autonomie de gestion ou sollicitant l’élévation de leur localité à la dignité d’une collectivité locale (département, région ou communauté rurale) n’ont pas manqué d’influer la décision de l’autorité, il avance que des études ont été à la base de l’érection de certaines zones en nouvelles entités administratives déconcentrées.

Moussa Tine de l’Alliance Jëf Jël en a une autre compréhension. Il pense plutôt « que ce nouveau découpage n’a aucun sens du point de vue technique. Il ne renvoie à rien du tout ». Argumentant, il déclare : « le souci de la réforme de 1996 était de renforcer la démocratie à la base en transférant plusieurs domaines de compétences aux collectivités locales, de susciter des zones de développement décentralisées. Ce à quoi nous assistons depuis, n’est en réalité qu’une tentative d’offrir un espace à la distribution des rôles au sein du Pds. Rien d’autre ». Pour l’ancien député de Jëf Jël, « il s’était agi dans l’esprit de 1996 de susciter des zones viables de développement et non de saucissoner le pays comme c’est le cas actuellement pour distribuer des rôles à des militants ».

Sans être aussi tranché que l’homme politique, le Pr. Ismaïla Madior Fall de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar s’interroge néanmoins sur les raisons « objectives » qui fondent la décision du découpage. Selon le constitutionnaliste de renom et non moins féru de décentralisation, « quelle est l’échelle pertinente pour la décentralisation ? La région, le département, la commune ? Nul ne sait pour l’heure. La seule étude jusqu’ici connue dans ce domaine est celle du Père Lebré qui préconisait la subdivision du Sénégal en six régions économiques. Depuis aucune étude fiable pour l’aménagement de l’espace territorial n’est connue. C’est dire donc que tout cela semble plus procéder de décisions politiques, voir politiciennes que d’une approche objective ».

Même si le Pr. de Droit Constitutionnel également, Pape Demba Sy, dans une communication faite à l’occasion des assises de la Décentralisation en novembre de l’année dernière portant « cadre institutionnel, juridique et organisationnel de la décentralisation » proposait en annexe entre autres, la création de six zones à partir de leur vocation principale de développement, il n’en demeure pas moins que depuis le Père Lebré, on recense difficilement des études portant sur la décentralisation au Sénégal. Ce qui semble conforter l’interrogation du Pr. Ismaïla Madior Fall sur la pertinence des décisions en la matière.

L’universitaire note par ailleurs une certaine relation « dialectique entre les revendications paroissiales et le découpage des collectivités locales ». Ce qui fait dire à d’autres observateurs qu’il s’est agi pour ce nouveau découpage que « d’une simple multiplication des structures électoralistes en leur offrant espace d’expression. Tout est fait comme si l’on taillait pour le dauphin provinces ».



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