Société : Les dangers de la rue pour les talibés

Au coin des feux rouges, des dizaines d’enfants tendent la main aux automobilistes pour demander l’aumône.Une situation, qui semble tellement familière, que presque plus personne ne s’en émeut, alors que les dangers de la rues sont omniprésents. Des marabouts qui exploitent des enfants, qui trouvent normal le fait de mendier, car devant participer à forger leurs vies d’hommes.

Grelottants de froid, un pot de tomate à la main, Saliou et Modou accostés au feu rouge tendent la main aux mobilistes. Ils n’ont que 10 ans et leurs vies se passent dans la rue. Venus de Matam il y’a presque deux ans, pour apprendre le coran auprès de son marabout, Saliou et Modou sont réduits à demander l’aumône dans la rue. Pour Saliou, c’est extrêmement difficile. «Tous les jours on se lève à cinq heures du matin pour venir demander l’aumône.Chaque jour, on doit verser à notre marabout, la somme de 300Fcfa». Un aveu confirmé par Modou qui estime «qu’ils ne peuvent pas rentrer sans cette somme de 300Fcfa que l’on donne à notre marabout». Les habits en haillons renseignent à bien des égards la souffrance de ces enfants talibés. Leur présence est devenue tellement familière «qu’on finit par s’y habituer» selon un automobiliste. Saliou raconte que, «quelques fois on marche de Guediawaye à Sacré-coeur car, les automobilistes refusent de nous prendre, parce que nous sommes sales et nous sommes des voleurs».Ces enfants qui doivent pourtant être à l’école, vaquent quotidiennement dans les rues. Leur insouciance est telle, qu’ils sont souvent exposés aux dangers de la rue. Mis à part les dangers à la circulation, ces talibés rencontrent quelques fois des personnes mal intentionnées. Modou explique «qu’un jour un homme d’une quarantaine d’années, a voulu nous embarquer de force dans sa voiture, et c’est lorsque nous avons criés qu’il a démarré en trombe».Très souvent soumis à la loi de la rue et aux dangers de la circulation, ces enfants sont laissès à eux-mêmes et sont exposés du matin au soir au froid sans aucune protection. Cette situation s’explique par un seul fait : apporter à leur marabout la somme de 300Fcfa, pour nourrir sa famille, tandis qu’eux, se contentent des restes. Les populations de moins en moins tolérantes, les fuient avec un mépris total. Et pourtant Saliou explique que son vœu le plus cher, est de retourner un jour dans son village. Malgré son jeune âge, Modou reste convaincu que tout ceci va participer à sa vie d’homme, et à forger sa personnalité. Le fait de mendier pour son marabout est «une chose normale» selon Saliou et Modou. Mais, qu’en est –il de leur apprentissage du Coran ? «Tous les jours de 5h à 6h 30 du matin et de 20h à 23h notre marabout nous apprends à mémoriser le livre saint. Il nous reste trois ans, pour terminer et une fois cela fait, on retournera tous les deux dans notre village». Trois années qui seront sans doute très longues pour ces enfants, qui rêvent pourtant de devenir un jour footballeurs professionnels. Un chemin plein d’embûches pour ces enfants de 10 ans.