Sur les 14 mille villages et hameaux du Sénégal : Plus de 75 % ne disposent d’aucune infrastructure de santé

Au Sénégal, 59,6 % des villages sont situés à plus de 5 km des services de santé. A cela s’ajoute le fait que plus de 75 % des villages ne disposent d’aucune infrastructure de santé. Ce qui constitue un frein majeur dans la prise en charge rapide et efficace de certaines pathologies comme le paludisme.

Sur les 14 000 villages et hameaux que compte le Sénégal, plus de 75 % ne disposent d’aucune infrastructure de santé. Certains de ces villages restent enclavés soit pendant toute l’année, soit durant la saison des pluies. Ce qui constitue un obstacle majeur à l’accès des populations à une prise en charge précoce et adéquate, relève le Coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme, le Dr Pape Moussa Thior qui présentait un diapo lors de la cérémonie de lancement du document d’évaluation de prise en charge des cas de paludisme à domicile (Pecadom).
Reconnaissant qu’il existe encore des populations qui parcourent plusieurs kilomètres et mettent des heures avant d’atteindre la structure sanitaire la plus proche, le ministre de la Santé estime que cela constitue un obstacle majeur à l’accès à des soins adéquats dans les 24 heures, comme le recommande l’Organisation mondiale de la santé. Toutefois, s’empresse de préciser Modou Diagne Fada, ces 75 % de villages ne représentent pas 75 % des habitants qui ne sont pas couverts par les postes de santé. Et d’ajouter : ‘Il faut dire qu’il n’y a pas, à travers le pays, une communauté rurale, un département ou une région qui ne dispose pas de poste ou de centre de santé, ou d’un hôpital de référence’.

En ce qui concerne les villages éloignés des structures de santé, le Pnlp a mis en place des stratégies comme celles de la Pecadom pour faire face à la prise en charge. L’objectif de ce projet pilote devrait permettre de développer une méthode efficiente de prise en charge à domicile des cas de paludisme qui soit acceptable par les populations et adaptée aux contraintes des services de santé.

Débuté en 2008, par une première phase couvrant vingt villages répartis dans les districts de Ranérou, de Mékhé et de Dioffior, ce projet a été mis en place pour répondre à un sacerdoce de médecin. ‘En tant que médecin, nous devons aller vers les villages éloignés ou dépourvus de structures de santé et leur offrir des solutions transitoires’, explique le coordonnateur du Pnlp. Et les résultats obtenus encouragent à élargir l’initiative à d’autres localités dès l’année 2009. En effet, depuis sa mise en œuvre, aucun cas décès lié au paludisme n’a été décelé dans les villages pilotes. Les observations directes ont montré 95,5 % de prise en charge correcte de cas de paludisme. D’ici décembre 2010, le projet entend couvrir mille villages à travers le pays.

Même si un passage à l’échelle est envisagé dans ce projet, le Pnlp ne voudrait pas entendre parler de pérennisation de la Pecadom. ‘Dans certains villages, on avait démarré la Pecadom mais, après construction des centres de santé, le projet a été éliminé. Et nous souhaiterions laisser des structures à nos enfants. C’est pourquoi j’ai dit que c’est une stratégie que nous ne voulons pas pérenniser’, explique Pape Moussa Thior.

Interpellé sur le pic du paludisme constaté dans la banlieue de Dakar et dans tout le pays, le coordonnateur du Pnlp considère que c’est tout à fait normal. ‘Les statistiques montrent qu’à partir du mois de septembre, on observe des pics de la maladie. D’ailleurs, on commence à amorcer la chute. Mais cette année, nous avons une pluviométrie exagérée. Avec les inondations dans la banlieue, les flaques d’eau occasionnent la transmission du paludisme’, note le Dr Thior.