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[ Insolite ] Sur ’’ recommandation de Saltigués ’’, baignades monstres à la plage de Rufisque

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[ Insolite ] Sur ’’ recommandation de Saltigués ’’, baignades monstres à la plage de Rufisque

Rufisque (APS) – L’image est surréaliste. Des centaines de personnes des deux sexes et de tout âge, torse nu pour les hommes qui sont en culotte et pour les femmes un pagne noué à hauteur de la poitrine ou exceptionnellement entièrement vêtues, se baignent sur le rivage de la mer de Rufisque. A la faveur du ressac des vagues à quelques mètres du quai de pêche, certains s’aspergent d’eau et se frottent vigoureusement le corps.

Lundi, c’est ce spectacle qu’offrait la plage de débarquement des pirogues à ‘’Ndeppé’’ située à quelques encablures du CDEPS de Rufisque.

Interrogés par l’APS, plusieurs baigneurs ont expliqué agir de la sorte suivant ‘’les prédications des Saltigués’’. Ces derniers, soutiennent-ils, ont recommandé à tout le monde de se baigner avec de l’eau de mer pour éviter les catastrophes, accidents et autres calamités qui se profilent à l’horizon.

’’Les Saltigués ont parlé à la radio’’, insistent certains sans pour autant donner de plus d’amples précisions sur l’origine de l’information, encore moins le nom des Saltigués voire la station ayant diffusé la recommandation.

’’Il paraît que tous les Rufisquois doivent se baigner à la mer, sinon tous ceux qui vont tomber malades dans la ville vont mourir’’, indique Ya Khady, une habitante de Dar es Salam.

En plus des Saltigués, il y a même des baigneurs qui avance le nom d’un guide religieux comme commanditaire de la grande douche publique.

Quoi qu’il en soit, la consigne est suivie à la lettre à Rufisque et Bargny, les deux villes dont les habitants seraient concernés. ’’Il ne faut pas jouer avec le feu, les Saltigués avait prédit l’année dernière la mort d’un grand homme et on a perdu Serigne Saliou Mbacké. Ils ont parlé de moments difficiles pour la presse, les faits l’ont confirmé, je ne prendrai pas le risque de faire le sourd pour cette recommandation’’, explique Mansour, rencontré au moment où il regagnait son domicile. Chaussé de plastiques, il avait le pantalon mouillé par le caleçon qui lui a servi de maillot de bain.

Pour ce jeune élève, ‘’ça ne coûte rien de prendre un petit bain, l’eau de mer est purificatrice et est chargée de bienfaits’’.

’’Les journalistes n’ont pas voulu suivre les Saltigués en donnant comme aumône des arachides et on sait la suite’’ philosophe Mansour. Pour leur part, batifolant à souhait dans l’eau, les enfants profitent de l’occasion pour s’adonner aux joies de la baignade en mer, sans braver l’interdiction de leurs parents qui pour une fois se baignent à leurs côtés.

’’Je suis venu avec mes enfants pour nous purifier, parce que nous sommes dans une ville de traditions avec comme totem le génie Mame Coumba Lamb et à l’approche de l’hivernage, ces rencontres sur la plage de Ndeppé étaient recommandées pour faire des offrandes’’, témoigne Mame Fatou Ndoye venue de Dangou.

Pour cette femme d’une cinquantaine d’années, ‘’ce n’est pas une mauvaise chose, les Saltigués n’ont fait que rappeler aux Rufisquois à l’ordre’’. En fait, elle estime que ‘’des sacrifices ont été effectués sur la plage pour demander au génie une bonne pluie, mais sans dégâts comme à l’image des inondations’’.

’’On pense que les Saltigués sont d’origine sérère où viennent seulement de la région de Fatick. La région du Cap – Vert, actuelle région de Dakar avait aussi ses Saltigués notamment à Rufisque’’, explique un vieux en caftan de blanc. Trempé de la tête aux pieds, il est assis sur la sable, les babouches à la main, attendant de se sécher sous les rayons du soleil avant de s’en retourner à la maison.

Chez filles, même si l’explication ne coule pas toujours de source, elles ‘’croient aux prédications’’ et espèrent que ce ‘’bain collectif’’ leur fera rentrer dans le ‘’cercle restreint des femmes mariées en ces temps difficiles’’.

Ceux qui sont restés à la maison ne sont pas pour autant oubliés, les bouteilles d’eau minérale de 1,5 à 10 litres sont remplies et transportés à la maison par des vagues de baigneurs dont la procession est des plus surprenantes.

’’J’apporte de l’eau à mes parents et à ma petite sœur qui ne peuvent pas venir ici, il y a trop de monde’’, explique Anna Ndiaye, tandis que son amie révèle pour sa part que ses parents sont venus se baigner tôt le matin après le ‘’kheud’’ (petit déjeuner matinal avant l’entame du jeûne).

’’C’est vrai qu’à cett heure il y a aussi du monde, surtout les grandes personnes’’, ajoute Momar, employé au quai de pêche, précisant que la plage de ‘’Bata’’ et celles de Bargny sont aussi prises d’assaut.

Pour les habitants des villages de Sangalcam, ce sont des fourgonnettes, genre L200 qui les acheminent pour ‘’le bain rituel’’, témoigne l’employé du quai de pêche.

Pourtant, aucune mesure de sécurité n’est prise pour canaliser la marée humaine. Il n’ ya pas l’ombre d’un sapeur pompier ni d’un agent de police.

Des cas de noyades d’enfants ont été évoqués mais aucune confirmation n’a été faite du côté de la Brigade des sapeurs pompiers de Rufisque, encore moins des structures sanitaires de Rufisque.

En début d’après midi, les jeunes pêcheurs de Diokoul, Tiawlène et Bargny tentaient d’organiser les baignades. Empêchant les plus petits de se mettre à l’eau, ils les aidaient à se laver à l’aide de bouteilles remplies d’eau de mer.

’’Maintenant, il y a beaucoup de rumeurs, beaucoup de croyances occultes et c’est dommage surtout en ce mois de ramadan’’, regrette pour sa part un vieux pêcheur occupé à ranger un gros filet rafistolé dans sa pirogue. E temps en temps, il jetait un regard interrogateur sur ces ‘’invités d’un genre nouveau’’ qui ont envahi ‘’sa plage’’.

Seule plage de sable fin avec celle qui se trouve derrière ‘’Bata’’ une ancienne usine de fabrication de chaussures, Ndeppé, du fait de la digue construite le long du littoral rufisquois pour protéger les quartiers riverains de l’avancée de la mer, est très fréquentée par les jeunes en période estivale.

Vrai ou faux ? Rufisque vit au rythme des baignades publiques ponctuées de bouteilles qui vont des maisons à la mer et vice versa, comme ce fut le cas il y a des mois quand un pasteur installé à Colobane distribuait de l’eau bénite censée guérir des maladies.



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