Les dysfonctionnements notés dans la sécurité du président de
la République et d'autres hautes personnalités, qui sont souvent à
l'origine des bagarres entre membres de la garde rapprochée, n'auraient
jamais eu lieu si les règles élémentaires qui gouvernent la mission de
ces derniers étaient maîtrisées. C'est l'avis d'un ancien membre du
Gign (Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale) qui a eu à
servir dans la sécurité rapprochée du président Abdou Diouf et ensuite
de Me Wade.
Les dysfonctionnements notés dans le
travail des éléments de la garde rapprochée du président de la
République suscitent une profonde inquiétude chez un ancien membre du
Gign (Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale) qui a eu à
servir dans la sécurité rapprochée du président Abdou Diouf et de Me
Wade ensuite. Consentant à se prononcer sur la question sous le couvert
de l'anonymat – vue l'obligation de réserve de l'ancien gendarme qu'il
est -, notre interlocuteur regrette : «ce qui se passe autour du
président Wade est ahurissant. Sa propre sécurité constitue un danger
pour lui, du moment qu'elle se bagarre en son sein. Et c'est quelque
chose de récurrent».
«Toute erreur met en danger la sécurité du président»
S'il
pense qu'il y a danger, c'est parce qu'«un malintentionné peut toujours
profiter de cet instant de flottement pour opérer. Parce que ceux qui
devaient intercepter la menace sont occupés à se chamailler entre eux,
souvent pour des histoires de préséance ou des détails». Or, tel ne
doit pas être le cas, insiste-t-il, en expliquant que «dans la sécurité
d'un président, il y a un chef et aussi des chefs d'équipe. Chacun sait
quel est son rôle et où se situe sa place. Mais, si on en arrive à ce
genre d'écart, de mon point de vue, c'est parce que les chefs ne font
pas correctement leur travail». Selon lui, «du temps où la gendarmerie
et la police avaient les pleins pouvoirs dans la sécurité
présidentielle, avec des éléments issus de leurs rangs et formés à la
tâche, et non pas des calots bleus venus là par effraction, jamais ce
qui s'est passé à Matam, à Tivaouane et ailleurs ne se serait produit».
Simplement parce qu'«en ce temps, la moindre faute était punie d'une
mise aux arrêts et d'un renvoi pur et simple de la garde rapprochée».
C'est, poursuit-il, une fonction dans laquelle «on vous apprend que
n'avez pas un seul droit à l'erreur. Toute erreur met en danger la
sécurité du président. Mais cela, sans jeter l'opprobre sur les
collègues, ceux qui sont-là aujourd'hui semblent le perdre de vue.
Sinon, ils n'auraient pas ce genre de comportement qui déshonore leur
fonction et viole leur serment». La balle, selon lui est dans le camp
des «supérieurs» qui doivent «rétablir l'ordre et la discipline dans
les rangs». Parce que, indique-t-il, «autour du président, la règle
absolue, c'est la discipline et l'ordre».
Et s'il y a autant de
rigueur et de contraintes, c'est parce que, fait savoir notre
interlocuteur, «n'importe quel agent de sécurité, fut-il un gendarme ou
un policier bien formé, ne peut être un agent de la garde rapprochée de
la sécurité présidentielle».
«Un malintentionné peut toujours profiter de cet instant de flottement pour opérer»
Remontant
l'histoire, il renseigne : «Vous savez, de notre temps, pour faire
partie de la sécurité du président ou même du Premier ministre, il
fallait être le meilleur parmi les meilleurs. Donc seuls les gens ayant
la capacité d'assumer une telle mission étaient choisis, après un
concours très sélectif. Il ne suffisait pas seulement d'être un
brillant élément du Gign ou de la Bip pour accéder à ces
responsabilités. Il fallait, plus que brillant, être excellent, tant
dans la gestion humaine, la maîtrise des armes à feu, la maîtrise des
arts martiaux, que dans les connaissances des règles du protocole. Le
problème, aujourd'hui, c'est qu'on a autour du président, par exemple,
des hommes qui ne maîtrisent pas certaines de ces règles élémentaires».
D'après cet élément, «le problème avec Wade, c'est que des gens
qui ont eu une formation au rabais, qui ne maîtrisent par l'art de la
protection rapprochée d'un chef d'Etat, ont été intégrés dans le
dispositif qui est devenu presque inopérant. Parce que la sécurité
d'une haute personnalité, de la carrure d'un chef d'Etat, c'est quelque
chose qui ne s'apprend pas dans le tas. C'est du professionnalisme et
une très longue formation dans les meilleurs centres d'entraînement que
cela demande. À l'époque de Diouf, on allait souvent se recycler en
France, aux Etats-Unis et ailleurs pour être au diapason des dernières
développements sur la sécurité et on était de fait préparés pour
anticiper les nouvelles données sur la question. Le Sénégal était
réputé, même sur le plan international, pour la qualité de ses services
de protection rapprochée. D'ailleurs, cela nous avez valu d'être
cooptés, aux côtés des éléments américains du 'Secret Service', dans la
sécurité du président Clinton, lors de sa visite à Dakar».
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